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Trois remèdes d’un Père du Désert pour rester doux dans l’adversité

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Sophie Baron - publié le 28/10/24
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Que nous disent les Pères du Désert pour guider notre vie spirituelle, dans les circonstances très concrètes de notre vie ? La douceur est l’une des plus hautes vertus qui mènent au ciel, mais il est aussi facile de la perdre, dans l’adversité. Saint Jean Climaque donne trois conseils pour demeurer dans l’intelligence de la douceur en toute circonstance.

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Saint Jean Climaque, moine oriental du VIIe siècle, devait son nom d’"homme de l’échelle" (xlimax en grec) à cause de son œuvre principale : l’Echelle Sainte, un traité spirituel où l'itinéraire des moines est présenté comme une montée vers Dieu à travers les degrés d’une échelle. Pour lui, la douceur est le 24e degré de l’échelle vers le ciel. Or celle-ci en comporte 30, ce qui veut dire que la douceur compte parmi les plus hautes vertus, précédant immédiatement l’humilité et tout près de la charité, qui constitue, comme on peut s’y attendre, le 30e degré. 

La douceur est un roc

Jean s’arrête sur le rapport entre la douceur et l’humilité qui se succèdent selon un ordre que le Seigneur lui-même semble indiquer : "Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur" (Mt 11,29). Ainsi, la douceur précède de peu l’humilité, comme l’aurore qui annonce le jour et accoutume le regard à la lumière. Il vaut mieux s’armer de douceur quand on va rencontrer le prochain, si on ne veut pas que le premier mouvement soit un mouvement de défense.

Aux yeux de Jean, la douceur n’est pas de la mollesse, ni même de la souplesse. Il va jusqu’à la comparer à un roc contre lequel viennent se briser les vagues, à cause de la constance dont elle est porteuse et qui va résister à l’agitation qui règne autour de nous. Elle ne se laisse pas émouvoir par la colère et la violence, tout glisse sur elle sans l’entraîner à réagir méchamment et à menacer. L’homme vraiment doux continue à prier au milieu de l’orage. Elle entretient aussi commerce avec d’autres vertus. "La douceur est le soutien de la patience, la porte ou plutôt la mère de la charité, le fondement de la discrétion." Elle est donc une disposition d’esprit simple et droite qui nous évite de voir dans l’autre un rival ou un ennemi, elle nous empêche aussi de vouloir briller à ses dépens, elle instaure des relations de respect mutuel. Et encore, "elle procure le pardon des péchés, elle donne la confiance dans la prière, elle est la demeure de l’Esprit saint". Qui dit mieux ?

Savoir se mettre à l’écart

Pourtant Jean Climaque sait qu’il est facile de perdre cette douceur, quand on est dans la compagnie d’êtres méchants. Il a cette remarque terrible, mais malheureusement vraie : "Il est aussi facile aux âmes droites de déchoir de la grâce qu’il est difficile aux méchants de se corriger." Mais il indique heureusement quelques remèdes, dont ces trois conseils : "L’exil véritable, l’obéissance et la garde des lèvres ont souvent une grande efficacité et ont merveilleusement guéri les incurables." L’exil volontaire, c’est de savoir se soustraire à une conversation dangereuse, ou à une relation malsaine. 

L’âme des doux est remplie de science, mais l’esprit coléreux habite parmi les ténèbres de l’ignorance.

Dans certains cas, il vaut mieux se mettre à l’écart, quand on n’est pas sûr de garder la paix. Par ailleurs l’obéissance, en réprimant le besoin de se justifier ou de défendre coûte que coûte son point de vue, laisse le terrain libre et évite d’avoir à riposter. Bien sûr, on dira que Jean parle là à des moines formés à l’obéissance dès leur plus jeune âge. Mais la vertu d’obéissance n’est pas réservée à des religieux, la simple déférence qu’on doit à autrui, surtout quand il est plus âgé ou chargé d’une plus haute responsabilité, nous commande souvent de nous taire ou au moins de tamiser notre réaction. Jean finit par la "garde des lèvres" qui est bien à sa place ici : toute parole doit être pesée, ne fût-ce qu’une fraction de seconde, pour qu’elle ne livre pas à l’état brut notre première réaction, d’une façon souvent irréparable.

Un bon ménage avec l’intelligence

Pour finir, une surprise : "L’âme des doux est remplie de science, mais l’esprit coléreux habite parmi les ténèbres de l’ignorance." Pourquoi ? L’intelligence fait bon ménage avec la douceur, parce que celle-ci ne se paye pas de mots, elle est un rapport tout simple avec le réel, tandis que l’esprit emporté s’abandonne à ses préjugés qui l’égarent.

Le portrait de l’homme doux qui se dégage de ces réflexions n’est pas celui d’un faible ou d’un hésitant, on voit apparaître au contraire un homme plein de simplicité et de bon sens, ouvert, bienveillant, mais sans naïveté, sachant résister à l’entraînement de la force pour faire régner la paix.

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