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Haïti : plus d’un million de personnes déplacées par la violence des gangs

Haiti-gangs

Une explosion criminelle à Port-au-Prince, capitale d'Haïti, janvier 2024.

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Cécile Séveirac - publié le 24/01/25
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Un million de personnes ont été déplacées par la guerre des gangs à Haïti en 2024, soit trois fois plus qu'il y a un an, a alerté une agence onusienne le 14 janvier.

Un million de personnes ont été déplacées en Haïti en 2024, selon des chiffres publiés le 14 janvier par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), une agence de l'ONU. Plus de la moitié sont des enfants. Ce chiffre est trois fois plus élevé qu'il y a un an, alerte encore l'OIM : en 2023, 315.000 Haïtiens avaient été déplacés à cause de la violence qui règne dans cet État insulaire. Les gangs et réseaux criminels qui ont pris le pouvoir sur l'île sont les principaux responsables de cette explosion de déplacements.

"Haïti a besoin d'une aide humanitaire conséquente dès maintenant pour sauver et protéger des vies", a déclaré la directrice générale de l'OIM, Amy Pope. " Nous devons travailler ensemble pour nous attaquer aux causes profondes de la violence et de l'instabilité qui ont entraîné tant de morts et de dommages", a-t-elle poursuivi.

Selon l'ONU, la grande majorité des Haïtiens déplacés habitait initialement la région de Port-au-Prince, particulièrement touchée par l'insécurité mais aussi la pauvreté et le manque de services essentiels comme les soins de santé. Ainsi, pour la seule capitale, les déplacements ont augmenté de 87 % par rapport à l'année précédente. La situation atteint un niveau d'urgence critique, s'est alarmé mercredi 22 janvier Antonio Gutteres : "Le temps presse" , a déclaré le secrétaire général de l'ONU. "Les gangs pourraient ainsi s'emparer de l'ensemble de la zone métropolitaine (de Port-au-Prince), ce qui entraînerait l'effondrement complet de l'autorité de l'État", a-t-il encore averti en appelant à la mise en place imminente d'une mission de paix de l’ONU. En 2023, une Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) avait été mise en place. Menée par le Kenya, elle devait aider la police haïtienne débordée par les gangs, mais elle n'a pas suffi : 85% de Port-au-Prince sont contrôlés par les groupes armés et 5.600 personnes ont perdu la vie à cause des affrontements en 2024.

L'Église, source d'apaisement dans le chaos

Au milieu d'un pays gangrené par la brutalité, où les services publics sont paralysés et où règne la loi du talion, l'Église semble s'imposer comme l'une des seules institutions source de stabilité. Diocèses, paroisses et communautés religieuses tentent de maintenir tant bien que mal un lien d'apaisement avec une population écorchée vive. En témoigne, entre autres, la famille Kizito, cette communauté fondée par sœur Paësie qui s'occupe depuis sept ans des enfants des bidonvilles en veillant à leur éducation. "Tant qu’il y a des enfants à protéger à Haïti nous restons", avait témoigné la religieuse à Aleteia en novembre 2024.

Cet engagement n'exclut pas pour autant le danger : les groupes armés s'en prennent régulièrement aux figures de l'Église, qu'il s'agisse de prêtres ou de religieuses. En février 2023, le père Antoine avait ainsi été enlevé avant de réussir à s'évader ; un mois plus tard, c'était au tour du père Jean-Yves. En janvier 2024, six religieuses, puis six frères du Sacré-Cœur devenaient otages. Ces enlèvements à répétition témoignent "d’une absence totale de morale de la part des gangs, qui s’attaquent à toute personne susceptible de leur rapporter de l’argent", écrivait sur Aleteia Jean-Baptiste Noé, géopoliticien. "L’Église étant la seule structure politique qui demeure, si elle est attaquée, c’est le dernier pilier d’Haïti qui s’effondrera."

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