J-21 : Les pauvres au cœur de la réouverture de Notre-Dame

Le "sacrement de la charité". Tel est l’autre nom de l’eucharistie, comme le rappelle le pape Benoît XVI dans une encyclique éponyme, la célébration de la messe rime avec le souci des autres. Ce sacrement, "source et fondement de la vie chrétienne", dit le concile, n’a-t-il pas été institué le soir où le Christ a lavé les pieds de ses disciples en leur rappelant le commandement de l’amour (cf Jn 13) ? Pour l’Église, donc, souci de Dieu – le culte – va toujours de paire avec le souci des autres, à commencer par les plus pauvres et les plus petits. 

"Peut-on rebâtir Notre-Dame sans penser aux pauvres ?", se demandait le père Benoist de Sinety, chroniqueur pour Aleteia, au lendemain du drame de 2019, affirmant même : "Je crois que la générosité déployée pour la reconstruction de la cathédrale est une épreuve supérieure à son incendie." À l’époque vicaire général du diocèse de Paris en charge de la solidarité, il expliquait qu’à "l’ère des cathédrales, une œuvre hospitalière dite ‘hôtel-Dieu’ était toujours construite à côté". Avant de prévenir : "Il faut faire la même chose aujourd’hui. Nous ne pouvons pas reconstruire un édifice à la gloire de Dieu en ignorant la misère des pauvres."

Mgr Ulrich, archevêque de Paris, n’a pas dit autre chose lors de la conférence de presse présentant les cérémonies de la réouverture de Notre-Dame, les 7 et 8 décembre prochains. Il a ainsi évoqué sa "joie, car nous allons retrouver le point focal de notre vie diocésaine, la maison commune où tous et chacun, et d’abord les plus petits et les plus pauvres, ont leur place" Une phrase en résonance avec l’action de grâce du Christ dans l’Évangile : "Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de les avoir révélées aux tout petits." (Lc 10,21).

Les "touts petits" du Nouveau Testament rappellent les "anawim" de l’Ancien, les "courbés" au sens propre. Ceux qui n’ont d’autre richesse que le Créateur, à qui l’Évangile est destinée en premier et auxquels Jésus destine une des huit béatitudes : "Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux." (Mt 5, 3) La Vierge Marie elle-même chante la louange du Seigneur dans son Magnificat en disant "Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides." (Lc 1, 52-53)

Dès juin 2019, lors de la première messe célébrée dans Notre-Dame après l’incendie, les plus démunis avaient été conviés à travers l’association Aux Captifs, la libération. La même organisation caritative a été sollicitée pour la réouverture, avec l’Ordre des Malte et le Secours catholique. Ces associations viendront à la messe de consécration de l’autel le 8 décembre avec des représentants, aidants et aidés. Le Secours catholique a confirmé que 12 personnes de l'association seraient présentes au buffet solidaire. Après l’eucharistie, dans une continuité très significative, le diocèse a prévu un "buffet fraternel" pour les "plus démunis" selon les mots de Mgr Ribadeau-Dumas, recteur-archiprêtre de la cathédrale. Il y aura ensuite, dans l’octave de la réouverture, une messe spécifique pour les "associations caritatives et ceux qu’elles accompagnent" le jeudi 12 décembre à 10h30, présidée elle aussi par l’archevêque.