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Un cardinal à Moscou pour obtenir le retour des enfants ukrainiens

Cardinal Zuppi.

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Jean-Baptiste Noé - publié le 17/10/24
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Envoyé spécial du Pape, le cardinal Matteo Zuppi est retourné à Moscou cette semaine pour reprendre le fil de sa mission de paix en Ukraine. Des discussions sur la libération de prisonniers ont eu lieu. Le Saint-Siège espère ainsi apporter sa contribution à la paix.

Ce n’est pas parce que les regards sont désormais tournés vers Beyrouth et le Liban que la guerre n’a pas cessé en Ukraine. Deux ans et demi plus tard, les combats sont toujours là et la paix semble lointaine. Archevêque de Bologne, président de la Conférence des évêques italiens, le cardinal Matteo Zuppi est ainsi reparti à Moscou le 14 octobre, reprenant le fil de sa mission pour la paix confiée par le Pape. En 2023, celui-ci était nommé représentant du Pape et envoyé par François pour tenter de bâtir la paix en Ukraine. Il avait rencontré les autorités des différents pays concernés, dont les États-Unis, l’Ukraine et la Russie. Sa mission avait abouti à la libération de quelques prisonniers, notamment des prêtres en juin dernier. 

Alors que les combats s’enlisent et que l’Ukraine semble sans solution, le Saint-Siège reprend ses efforts de paix en réactivant la mission du cardinal Zuppi. Le communiqué de presse est très clair quant aux buts de cette mission : le cardinal se rend à Moscou "pour rencontrer les autorités et évaluer les nouveaux efforts visant à faciliter le regroupement familial des enfants ukrainiens et l'échange de prisonniers, en vue de parvenir à la paix tant espérée".

Assurer le retour des enfants

La mission principale consiste à œuvrer pour le retour d’enfants ukrainiens actuellement présents en Russie. Leur nombre est estimé à 19.000 et le plus grand flou enveloppe leur situation. La Russie estime que ce sont des enfants russes, habitants dans les zones russophones de l’Ukraine, qui subissaient la politique d’ukrainisation de Kiev. Leur déplacement en Russie visait donc, selon Moscou, à les protéger de cette politique et à leur permettre de vivre dans leur pays et sous leur culture. Pour Kiev, c’est en revanche un rapt d’enfants ukrainiens, dont beaucoup ont été arrachés à leur famille. Volodymyr Zelensky a personnellement demandé à François d’actionner la diplomatie pontificale afin de travailler au retour de ces enfants. C’est là la mission principale du cardinal Zuppi et les raisons de son retour à Moscou. 

Quelle que soit l’issue de la guerre, les deux pays en sortiront démographiquement exsangue.

En plus de la question de la culture de ces enfants et du pays dans lequel ils doivent vivre, c’est l’enjeu de la reconstruction et du futur de la Russie et de l’Ukraine qui se pose avec eux. Quelle que soit l’issue de la guerre, les deux pays en sortiront démographiquement exsangue. L’Ukraine a perdu des milliers de jeunes hommes, qu’ils soient morts, blessés ou exilés. Le retour de ces 19.000 enfants est donc une nécessité pour assurer le renouvellement démographique du pays et limiter les conséquences du creux de population qui suivra la fin de la guerre.  

Diplomatie officielle et parallèle

La mission du cardinal Zuppi ne s’est pas faite sans turbulence tant elle donnait l’impression d’une diplomatie parallèle à celle officielle, portée notamment par le Secrétaire d’État et le responsable de la diplomatie vaticane. Ce n’est pourtant pas la première fois qu’un pape nomme un émissaire pour des missions diplomatiques. En 1991, Jean Paul II avait chargé le cardinal français Roger Etchegaray de se rendre en Irak pour rencontrer Saddam Hussein et éviter l’invasion du Koweït. Mission qui fut réitérée en 2003 lors de la seconde guerre du Golfe. En parallèle de cette mission, la diplomatie vaticane s’activait via les canaux diplomatiques habituels. 

C’est la même chose ici. La diplomatie du Saint-Siège intervient à New York et à Genève, dans les organismes de l’ONU. Elle échange avec les ambassadeurs et les ministres des Affaires étrangères, ce qui n’est pas contradictoire avec le fait de disposer d’un émissaire officiel chargé d’une mission particulière. Même si la délimitation des compétences des uns et des autres peut donner parfois lieu à des frictions. 

Bâtir la paix

Il est toutefois peu probable que tous les enfants puissent rentrer en Ukraine. Beaucoup n’ont plus de parents directs, ceux-ci étant morts à cause des combats. Les villages ont été détruits, les maisons rasées. On voit mal également les familles d’accueil et les autorités russes permettre leur retour. Mais il sera possible de trouver des accords pour quelques-uns et d’assurer des retours au compte-goutte. Au-delà de cette question, ce que veut le Saint-Siège c’est contribuer à trouver une paix stable et durable. La mission du cardinal Zuppi permet de maintenir des liens, d’assurer un dialogue, de discuter avec toutes les parties. Le Saint-Siège est l’un des rares États en Europe à pouvoir le faire. Avec, pourquoi pas, une conférence internationale organisée à Rome pour trouver une solution à ce conflit qui déchire l’Europe depuis une vingtaine d’années et qui a connu une accélération dramatique avec l’invasion de l’Ukraine. 

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