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De Gaza à Sanaa, de Beyrouth à Damas, l’Iran tisse ses fils pour engager son bras de fer avec Israël, au détriment des pays arabes, spectateurs souvent impuissants de ce conflit. C’est par l’intermédiaire de ses "proxys" [alliés locaux, ndlr] : Hamas, Hezbollah, Houthis, que l’Iran assure sa présence et sa puissance dans une région où la paix est toujours provisoire. Le régime des mollahs s’est fixé un ennemi : Israël, qui le lui rend bien. Si, dans les années 1950-1970, le conflit tournait autour d’Israël et des pays arabes puis, dans les années 1980-2000, d’Israël et des Palestiniens, depuis les années 2000, c’est entre l’Iran et Israël que s’articulent les hostilités. Les mollahs ont besoin d’un ennemi pour justifier leur existence et leur fixation sur le programme nucléaire, Israël a aussi besoin d’un adversaire, qui permet de souder une population dont les opinions politiques et religieuses sont diverses. Face à l’adversité extérieure, la population se resserre et met de côté ses divergences.
Les chrétiens face à l’axe chiite
C’est cet axe chiite que le pape François et la diplomatie vaticane ont tenté de faire fléchir, notamment lors du voyage en Irak (2021). François avait alors rencontré à Najaf l’ayatollah Al-Sistani, le plus haut dignitaire de l’islam chiite. Une rencontre rare pour un homme qui intervient peu sur la scène publique. En dépit des divergences et des oppositions sur de nombreux points, notamment le statut des femmes, le pape avait abordé les sujets de fond, essentiels pour construire la paix dans la région, notamment le respect de la liberté religieuse et de la liberté de conscience.
Le Pape ne cesse de dénoncer ceux qui instrumentalisent la religion pour servir leur politique et pour nourrir la guerre.
François, à la suite de ses prédécesseurs, ne cesse de dénoncer ceux qui instrumentalisent la religion pour servir leur politique et pour nourrir la guerre. C’est bien là l’un des drames du Moyen-Orient où les intérêts politiques brandissent le drapeau de la foi pour diviser les populations, creuser des fossés infranchissables, justifier des conflits sans fin. Les Arabes chrétiens, depuis le début du XXe siècle, ont toujours voulu jouer un rôle primordial en faisant passer la nation avant la communauté des croyants, défendant la laïcité, qui est le respect des libertés de croyances, irriguant la région par la pensée intellectuelle et le débat d’idée, notamment en ouvrant des journaux, en créant des maisons d’édition, des stations de radio.
Israël peut-il tenir ?
Du Liban à la Syrie, de l’Irak à la Palestine, ce que les drames de la guerre et l’irruption de l’islamisme ont détruit, ce sont non seulement la paix et la cohésion, mais aussi la vie des idées et la création intellectuelle. La communauté chrétienne de Palestine, qu’elle soit de Gaza ou de Cisjordanie, est aujourd'hui réduite à la portion congrue ; au Liban et en Syrie, les migrations ont vidé les pays de cette richesse. C’est le Moyen-Orient qui s’appauvrit et la diplomatie pontificale qui perd des leviers d’influence, des réseaux d’appuis et des relais. Face à l’axe chiite, le monde chrétien est ainsi affaibli et dispose de moins de puissance pour contribuer à la paix.
De son côté, le gouvernement de Benjamin Netanyahu est engagé dans une lutte à mort contre l’Iran qui à terme menace Israël et le Moyen-Orient. La guerre coûte cher. La force de Tsahal réside dans ses réservistes, bien armés et mobilisables, mais dont la mobilisation gèle de facto l’activité économique. Israël ne pourra pas tenir indéfiniment avec une économie qui tourne au ralenti et une jeunesse engagée sur les théâtres d’opérations. Après le front de Gaza, c’est désormais un deuxième front qui est ouvert, au Liban, voire un troisième, contre l’Iran, si une riposte militaire devait avoir lieu. L’objectif d’éradiquer le Hamas et le Hezbollah est vain : les deux structures sont trop implantées dans la société pour être détruites. Elles seront au mieux réduites, avant de renaître dans le futur.
Pas de solution à moyen terme
Le gouvernement israélien espère gagner dix ans de paix, mais cette paix risque d’obérer le futur d’Israël. Les bombardements à Gaza lui ont fait perdre le crédit dont il disposait parmi les populations arabes et il est de plus en plus critiqué, y compris chez ses alliés occidentaux. Le bombardement systématique de Gaza et des structures du Hezbollah n’apporte pas de solution à moyen terme et l’on voit mal le gouvernement actuel disposer d’un plan clair pour établir la paix et assurer l’avenir de sa région et de son pays. Un an après l’attaque du 7 octobre, c’est un Moyen-Orient sans solution de paix qui se présente au monde.