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Mgr de Kerimel : “Je vais consacrer Toulouse au Sacré-Cœur de Jésus”

Mgr Guy de Kerimel, évêque du diocèse de Toulouse.

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Cécile Séveirac - publié le 15/10/24
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La compagnie La Machine présente du 25 au 27 octobre à Toulouse un opéra urbain qui met en scène trois créatures gigantesques issues de la mythologie grecque et mésopotamienne. Ce spectacle, prévu dans les rues de la ville, inquiète particulièrement Mgr Guy de Kerimel pour ses références sataniques et ésotériques. En réponse, l’évêque a fait le choix de consacrer sa ville et son diocèse au Sacré-cœur de Jésus, "victoire ultime du Christ sur la mort, sur les ténèbres". Entretien.

C’est un spectacle qui n’a pas fini de faire couler de l’encre. Et qui suscite, du côté de l’Église catholique, de vives inquiétudes. Du 25 au 27 octobre 2024, la ville de Toulouse accueille un “opéra urbain” présenté par la compagnie “La Machine” et mettant en scène trois créatures gigantesques qui déambuleront dans les rues : le Minotaure, l’Araignée et Lilith, démon mi scorpion mi femme. Outre leur allure des plus inquiétantes, l’affiche du spectacle dévoilée il y a plusieurs mois n’a pas manqué elle aussi de faire réagir : églises incendiées, squelettes ambulants, démons et autres créatures fort peu recommandables… Regrettant la mise en avant de symboles à la fois sataniques et ésotériques, l’évêque du diocèse de Toulouse, Mgr Guy de Kerimel a proposé de consacrer la ville rose au Sacré Cœur de Jésus à l’occasion du 350eme anniversaire des apparitions du Christ à sainte Marguerite Marie, le 16 octobre 2024, lors d’une messe. "Je voulais proposer quelque chose qui permette de regarder l’avenir avec confiance, mais par une réponse spirituelle", explique l’évêque à Aleteia, pour qui seul le cœur de Jésus est la réponse "au mal et à la mort". Entretien. 

Aleteia : Comment avez-vous réagi face au contenu du spectacle proposé par la Compagnie de la machine ?
Mgr Guy de Kerimel :
J’ai appris la tenue de ce spectacle à la fin du mois de juin. J’ai vu l’affiche, que j’ai tout de suite trouvée très ténébreuse, et c’est un des prêtres de mon diocèse qui a remarqué les églises en train de brûler. Je n’ai pas vu l’artiste à l’origine de cette production, mais j’ai tenu à m’entretenir avec le maire de Toulouse pour lui dire mon étonnement. Je n’ai pas vraiment eu de réponse, si ce n’est que l’artiste a assuré que le spectacle “se terminait bien”. De mon côté, ce choix de spectacle me semble tout à fait hasardeux, a fortiori dans un contexte de morcellement de la société française qui se cherche beaucoup, et dans un contexte international plus qu’incertain. Nous avons besoin d’une culture qui redonne un peu d’espérance. Aujourd’hui, la société française ne perçoit plus l’avenir, ou alors le perçoit difficilement. Il y a beaucoup de signes de désespérance, s’ouvrir à la lumière est nécessaire, pour ne pas dire vital. Personne n’a envie de croiser le minotaure le soir dans sa rue, ni même une araignée géante… Tout cela n’est pas très réjouissant. Il y a des gens qui se complaisent à regarder des films d’horreur, mais notons qu’il faut payer pour y accéder. Là, nous n’avons plus qu’à nous terrer chez nous si nous n’avons pas envie d’assister à tout cela, et ce pendant trois jours. Par les dimensions des structures, particulièrement imposantes, il est difficile d’échapper à ce triste spectacle. 

La consécration n’est pas un acte magique.

J’ai moi-même regardé des vidéos des éditions précédentes : les gens ont le regard étrangement fasciné, des sourires crispés… On sent une sorte de malaise. Que dire aussi lorsque l’on sait que des enfants peuvent voir ça ? Je voulais donc proposer quelque chose qui permette de regarder l’avenir avec confiance, mais par une réponse spirituelle, car je ne crois pas les pétitions ou les attaques personnelles très efficaces. C’est ainsi que j’ai eu l’idée de profiter du jubilé du 350e anniversaire des apparitions du Christ à sœur Marguerite Marie à Paray Le Monial. J’ai souhaité ainsi consacrer la ville et le diocèse au Sacré Cœur de Jésus

Pourquoi avoir spécifiquement choisi cette consécration au cœur de Jésus ? Quel est le sens de cette démarche et en quoi protège-t-elle comme vous l’écrivez des “menaces ténébreuses et de la désespérance” ?
Avant toute chose, il convient de rappeler que la consécration n’est pas un acte magique. Le monde ne sera transformé que si les gens se laissent toucher. Jésus nous a laissé son cœur transpercé comme ultime parole après sa mort sur la Croix. Son côté a été transpercé par un soldat, et il en est sorti du sang et de l’eau, symboles des sacrements de l’Église. Puis, lorsque Jésus s’est manifesté à saint Thomas l’incrédule, il a demandé à son apôtre de mettre sa main dans son côté pour lui prouver qu’il était Vivant. Le cœur de Jésus, c’est la victoire ultime du Christ sur la mort, sur les ténèbres. C’est la victoire de l’amour. Il n’existe pas d'autre victoire sur le mal et la mort que l’amour, la miséricorde. Je crois que de ce cœur vient une sérénité profonde, et nous avons besoin de sérénité, pas d’une porte des ténèbres ! Beaucoup ont fait le parallèle avec la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques. À titre personnel, concernant cette dernière, je n’y ai pas vu une parodie de la Sainte Cène, mais il n’en demeure pas moins que l’ensemble du spectacle m’a laissé très mal à l’aise. Je trouve entre les deux un point commun : il y a un message qui tend à pousser à l’assouvissement des passions, en faisant appel à la mythologie grecque ou mésopotamienne. On évacue toute référence chrétienne et on leur préfère des références païennes qui valorisent des passions humaines qui tuent, consomment et détruisent si on les laisse aller. 

Votre décision de consacrer le diocèse et la ville de Toulouse au Sacré Coeur a-t-elle été comprise et bien accueillie ?
J’ai reçu, parmi les fidèles, beaucoup de signes d’encouragement et de remerciements. Certains sont sûrement indifférents et ne comprennent pas vraiment le sens de cette bataille, mais dans l’ensemble, cette initiative est plutôt bien accueillie. Bien-sûr, en dehors de la sphère catholique, mon désaccord avec l’affiche et le spectacle interrogent. Je n’ai jamais été autant poursuivi par les médias que ces jours-ci ! Et puis il y a toujours ceux qui voudraient partir en guerre, mais je ne pense pas que cela soit la solution, ni ce qui est attendu de nous. Comment Jésus a-t-il vaincu ? Nous sommes disciples du Christ, et en tant que tels, nous devons réagir non pas selon l’esprit du monde mais selon celui du Christ. On ne peut pas triompher en criant plus fort que les autres. Ce n’est pas, il me semble, ce que nous demande le Christ. 

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