“Mon enfant est susceptible !” Comment l’aider ?

"Vive sensibilité ou hypersensibilité, on peut s’interroger sur la tendance actuelle des enfants à être… très susceptibles ! L’hypersensibilité est un virus de notre époque d’hyper-attention aux inconforts des enfants. L’enfant hypersensible est souvent envahi par les émotions. Il accorde beaucoup d’attention à ce qui se passe autour de lui, à ce qu’il ressent et à ce que les autres ressentent. C’est pour cette raison qu’il est souvent très susceptible. Néanmoins, il est tout à fait possible de travailler sur cette susceptibilité exacerbée. Comment aider un enfant hypersensible à s’ajuster au monde extérieur ?

Quand Malo se plaint que "les autres ont été méchants dans la cour", son père ou sa mère est invité à l’écouter avec attention, à rejoindre son émotion, mais il est également important de poser des questions très précises pour lui apprendre à raconter des faits de manière objective : quel enfant a été méchant ? Que faisais-tu ? Et lui ? Que lui as-tu dit ? Comment a-t-il réagi ? Poser des questions très concrètes, c’est permettre à l’enfant de regarder objectivement ce qui s’est passé et de comprendre comment fonctionnent les relations dans la cour de récréation.

Les parents de Malo peuvent également le questionner : "Qu’est-ce que ça t’a fait quand Côme a refusé de jouer au ping-pong avec toi ?" rejoignant ainsi ses émotions et ses besoins. Mais ils peuvent ensuite l’aider à se décentrer pour appréhender le point de vue de son camarade d’école : "À ton avis, pourquoi a-t-il refusé ? Qu’a-t-il pu ressentir, lui ?" Le plus souvent, on agit pour se faire du bien à soi. Si Côme refuse de jouer au ping-pong avec Malo, ce n’est pas pour être désagréable avec Malo mais parce qu’il préfère jouer aux billes. 

Toute action a des conséquences, bonnes ou mauvaises. Les parents de Malo pourraient encore questionner leur fils sur sa manière de réagir. A-t-il été fair play ? Agressif ? Si Malo a insulté Côme, il est probable que le lendemain Côme n’envisage pas de jouer avec lui. S’il se victimise, il évite d’apprendre que l’amitié exige des compromis : "De temps en temps on joue au jeu que tu choisis, de temps en temps au mien !". Les situations décrites par les enfants ne sont pas toujours l’exact reflet de la réalité et ils sont souvent bien silencieux sur leur manière de réagir. On peut aussi demander "Et si Côme était présent, raconterait-il la même version que toi ?". 

Jade est amie de longue date avec Emilie mais depuis quelque temps, Emilie préfère passer du temps avec un autre groupe de filles. Évidemment, on peut écouter la peine de Jade. On peut aussi dans un deuxième temps mettre de la perspective, éclairer autrement cet événement. Expliquer qu’à l’adolescence, on peut avoir envie de rencontrer d’autres gens et que l’amitié ne fait pas bon ménage avec l’exclusivité. Projeter l’adolescente dans le temps long : au collège, on est en pleine construction de personnalité et c’est courant de papillonner ; peut-être qu’elles se retrouveront plus tard ou peut-être pas, mais un jour, ça aura moins d’importance pour elle. Ou encore partager une expérience un peu similaire en témoignant qu’on a pu se faire d’autres amies et élargir ainsi son cercle.

Simon a besoin d’avoir l’attention et l’affection du professeur pour se sentir bien à l’école. Mais cette année, sa maîtresse repousse ses tentatives de câlins, ce qui le braque et le rend très malheureux. Ses parents ont essayé de demander à la maîtresse d’être plus affectueuse mais elle leur a répondu qu’elle n’était pas la mère de Simon mais son professeur et qu’il fallait qu’il grandisse ! Les parents de Simon peuvent reconnaître ce désir de Simon d’être apprécié, et lui dire qu’on aime tous plutôt être appréciés et reconnus, mais que dans la vie, il arrive qu’on ne le soit pas !

Ils peuvent donner des exemples : tel ami pourtant consciencieux dans son travail n’est pas très apprécié de son responsable ; tel chanteur a sorti un album qui n’a pas reçu l’accueil favorable qu’il espérait. Ils peuvent aussi chercher avec lui où son besoin d’affection pourrait être nourri : mise à part la maîtresse, qui pourrait lui donner de l’affection ? Ses parents, ses grands-parents, ses amis, ses frères et sœurs, etc. Et ainsi lui apprendre qu’un besoin peut être satisfait de multiples manières, auprès de plusieurs personnes.