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4 octobre - Saint François d’Assise. Le père Benoist de Sinety qui accompagne le pèlerinage, comme Bernadette Melois à travers sa conférence sur la liturgie des Heures, appellent à l’émerveillement. C’est le grand héritage de saint François. Non pas comme un ravi de la crèche que certains seraient tentés de railler pour sa naïveté systématique, mais un émerveillement profond. Une capacité d’arrêt devant la vie pour la voir dans toute sa splendeur. Ne rien considérer comme acquis, ou usé, ou indigne de gratitude. C’était le don de saint François.
Par bonheur, ce don se cultive, se pratique, comme la marche à pied ou la politesse. Il suffit de laisser le regard entrer dans chaque chose ou chaque être et non de le survoler, voire de l’ignorer. Cela ne demande que quelques secondes mais change tout. C’est un regard sur un conjoint qui voit non les manies mais la force d’un chemin de vie ensemble. C’est descendre vers le visage d’un enfant pour le regarder au fond du cœur avant de lui demander de se laver les mains au sortir de l’école. Ce sont quelques poignées de secondes qui, accumulées, nous donnent accès sans bruit à la splendide profondeur de cette vie.
Alors je regarde Malte avec des yeux qui espèrent voir vraiment. Nous l’explorons en bateau à nouveau ce matin, non en pleine mer mais dans ses criques et les anses de ses ports. Leur taille est restée celle des temps de la flibuste. Soudain je réalise le nombre de clochers qui se détachent sur le ciel bleu. On dit qu’à Malte on pourrait assister à une messe chaque jour de l’année dans une église différente. Je songe à la ferveur de ceux qui ont tant édifié.
La co-cathédrale saint Jean, un choc
Et à la co-cathédrale saint Jean c’est le choc. Cela fait longtemps que je n’ai pas eu le souffle coupé comme cela. C’est un déluge d’or, de boiseries sculptées qui couvrent les murs et encadrent les immenses voûtes peintes par Mattia Preti tandis que le sol est fait de 420 tombes de chevaliers de Malte en marqueterie de marbre aux couleurs éclatantes.
L’air est saturé de magnificence. Les statues aux fronts hauts des grands maîtres regardent, du haut de leur mausolée, l’histoire de leur Ordre. On fait le tour des chapelles de chaque pays quand soudain, tout au fond de l’une des absidioles, un trou d’ombre. Immense. Qui happe.
Méditer la décollation de saint Jean Baptiste
Pierre-Marie Varennes va donner une lecture méditative de "La décollation de saint Jean Baptiste" la plus grande œuvre du Caravage et joyau de Malte. Le peintre arrive sur l’île le 14 juillet 1607. Il fuit Rome et la sentence qui le condamne à mort - par décollation- pour le meurtre qu’il a commis. Le grand maître Alof de Wignacourt accueille l’homme de génie qu’il fera chevalier au bout d’un an, mais celui-ci ne vient pas sans l’homme de colère. "Michelangelo est d’une humeur toujours égale. Et elle est mauvaise."
Son ténébrisme n’est pas tant une technique picturale qu’un point de vue sur la vie, où la lumière de la grâce perce l’ombre abondante des turpitudes humaines. Il cherche le Christ parmi les pauvres et les prostituées. Toute son œuvre, et cette toile exceptionnelle de 5 mètres par 3 en particulier, sont une vivante expression du prologue de l’évangile de Jean "La lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas arrêtés". "Deux grands tiers d’ombre, pour un petit tiers de lumière", une Salomé fille de rue, un geôlier au traits même d’Alof de Wignacourt, une corde qui sort du cadre pour monter vers le ciel, Caravage peint sa propre catéchèse.
Mais à peine le dernier coup de brosse donné, il sera arrêté, pour un nouvel éclat de colère noire dans une rixe. Déclaré dans cette même chapelle Membrum putridum et fetidum, chassé de L’ordre il sera emprisonné dans la prison qui sert de décor à son tableau. Il aura eu le temps, dans la flaque de sang sous la tête d’un Jean Baptiste au visage christique, de tracer de son doigt - ce sera la seule toile qu’il signa jamais- "Michelangelo". Peintre, assassin, mauvais et bon larron qui ne cessa de chercher le visage de Dieu.
En partenariat avec VisitMalta