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Fêter saint François d'Assise, le 4 octobre, est le moment propice pour rendre grâce pour la beauté de la Création. Mais pour les propriétaires de compagnons à quatre pattes, c'est aussi l'occasion de faire bénir son animal de compagnie. Ces dernières années, la proposition des bénédictions d'animaux a progressé dans les paroisses, en particulier en Île-de-France : en 2024, sept paroisses parisiennes proposent de bénir les animaux de compagnie. Ces bénédictions ont lieu aux alentours du 4 octobre, fête de saint François d'Assise, souvent le dimanche qui précède ou qui suit la date. Chiens, chats, lapins, cochons d'Inde ou poissons rouges... Certains parvis d'églises pourraient bien avoir des airs d'arche de Noé, comme à la paroisse Notre-Dame-des-Buttes-Chaumont (XIXe) à Paris, qui organise une bénédiction le 6 octobre, après la messe dominicale. Le père Jean-Luc Leverrier, curé de la paroisse, a mis en place il y a cinq ans la journée de la Création, au cours de laquelle il bénit les animaux et leurs propriétaires sur le parvis de l'église. "Chaque année, c’est bourré de retardataires", assure-t-il dans un rire. "On bénit une dizaine d’animaux et, évidemment, certains arrivent en retard donc on refait une deuxième voire une troisième série de bénédictions." Sont présents bien sûr des paroissiens, mais aussi des personnes du quartier qui ne sont pas habituées à fréquenter les bancs des églises. "C’est une opportunité, un moment où l’Église connaît le monde et parle son langage", explique le prêtre. "C’est franc, on aime les gens de sorte qu’ils découvrent un jour que c’est Jésus qui les aime."
"Cela permet de rencontrer des personnes, souvent âgées et seules", explique le père Hervé Guillez, vicaire à Notre-Dame de la Trinité, dans le IXe arrondissement. "Rien de ce qui est humain n’échappe au regard de Dieu, surtout quand il y a quelque chose de beau dans les réalités humaines. On voit de vraies attentes. C’est vraiment l’idée que les liens humains, qui certes ont leurs limites, puissent être saisis par le Christ dans la bénédiction de Dieu". Depuis l'an dernier, cette paroisse organise une bénédiction d'animaux de compagnie dans la chapelle Sainte-Rita, en face du Moulin Rouge. Rien à voir cependant avec l'église (non-catholique) Sainte-Rita dans le 15e arrondissement, désormais fermée, où des célébrations fantaisistes avec des animaux étaient organisées. En dix ans de ‘pratique’, le père Hervé a constaté que les bénédictions d'animaux pouvaient porter du fruit dans le cœur de leurs propriétaires. "Un jeune homme est venu me voir avec tous ses copains pour que je bénisse son chat", raconte-t-il. "Ce jeune homme a demandé la confirmation par la suite." Contrairement à la paroisse Notre-Dame des Buttes-Chaumont, la bénédiction a lieu à l'intérieur de la chapelle Sainte-Rita. "Il n'y a jamais eu de problème entre les animaux, ils sont paisibles pendant la célébration", assure-t-il encore.
Au cas par cas
Il peut néanmoins s'avérer difficile de bien faire entendre le message de l'Église sur le rapport homme-animal. "Il y a un déséquilibre très prégnant dans l’affection des gens pour leurs animaux à Paris", soulève le père Leverrier. "Une bénédiction signifie "dire du bien". Pendant la bénédiction, je lis un passage de la Genèse, en rappelant que l'animal est au service de l’homme. Ce que l’on veut c’est que par les animaux, les maîtres se rapprochent du Créateur. Si des animaux peuvent aider des gens à ne pas se perdre dans leur solitude, alors on les bénit. On le dit simplement, avec le sourire." Dans la chapelle Sainte-Rita, la première bénédiction d'animaux de compagnie réalisée en 2023 a pu entraîner quelques frictions et malentendus. "Quelques jours ou semaines après, je suis arrivée à la chapelle et je suis tombée sur des personnes qui étaient dans l'église avec leurs animaux en liberté", pointe Brigitte, bénévole à la paroisse de la Trinité. "Je ne suis pas du tout contre les bénédictions d'animaux, mais il faut que les propriétaires respectent tout le monde." Le diocèse de Paris n'a pas donné d'instructions spécifiques sur les bénédictions d'animaux et il revient donc à aux paroisses de s'organiser. Le père Leverrier a opté pour une solution qui permet de limiter les potentielles divisions. "Je suis content d’avoir trouvé une formule où la question de la présence des animaux dans l'église ne se pose pas. Ce n’est pas quelque chose de solennel que j’impose à tous les paroissiens qui sortent de la messe. Et puis on ne fait pas un concours de beauté de yorkshires."
Trouver le juste équilibre pour accueillir les personnes sans encourager une forme d'idolâtrie peut s'avérer difficile. Mais les bénédictions d'animaux et le discours de l'Église sur la Création, porté par l'encyclique Laudato si' du pape François, restent de précieux outils pour annoncer l'Évangile. "Ça serait difficile de faire marche arrière, les gens sont demandeurs", reconnaît le père Jean-Luc Leverrier. "Cela procède davantage de l'image de mon église dans le quartier, mais les gens ne deviennent pas pratiquants parce que je bénis leur chien." "C’est un pas vers Dieu", assure quant à lui le père Hervé Guillez. "Sans doute, ce n'est pas le pas final ou le plus accompli, mais il permet de prendre les gens là où ils en sont."