Et la joie, la joie de croire, la joie donnée abondamment par le Christ, qu’en faisons-nous ? La joie, n’est-ce pas le premier message de tout croyant : annoncer la Bonne Nouvelle ? On oublie la joie. Assez des jérémiades, des contritions multiples d’une partie de l’Église qui a peur, qui passe son temps à s’excuser et pour tenter vainement de se faire admettre, prend l’air du temps pour essayer de séduire alors qu’elle a un autre atout, bien meilleur, plus fédérateur : la joie !
La coupe est pleine avec les leçons adressées au pape François depuis l’université de Louvain qui soulèvent les polémiques pour s’assurer une basse récupération médiatique. Parler des droits des minorités et de l’inclusion et se battre la coulpe une fois de plus n’est vraiment ni intelligent ni très audacieux, même s’il s’agit de vraies questions. Hurler avec les mouvements wokistes, prendre le vent des universités américaines et de notre Sciences Po décadent, pas très courageux, pas très réfléchi. On prend la bien-pensance du jour pour exister sans regarder à côté de soi.
Joie du partage, joie d’évangéliser, joie d’annoncer sans peur qu’ils aiment Jésus et veulent le faire aimer.
Messieurs les universitaires, ouvrez les yeux, ne vous contentez pas des cris pseudo-vertueux de vos étudiants nantis, de cette poignée d’intellos aisés qui ne connaissent rien au monde et veulent donner des leçons de morale. C’est vrai, vous avouez être catholiques mais "indépendants". Regardez combien de jeunes préfèrent louer, méditer, chanter et annoncer la Parole, se retrouver dans les aumôneries, dans les pèlerinages qui croissent en nombre chaque année : ils partagent des veillées de prière comme les jeunes des quartiers populaires avec La Cité céleste, ils participent aux rassemblements de Lourdes, de Taizé et bien sûr les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) et le Jubilé des jeunes qui se prépare. Qu’est-ce qui les caractérisent ? La joie. Joie du partage, joie d’évangéliser, joie d’annoncer sans peur qu’ils aiment Jésus et veulent le faire aimer.
La joie du peuple de Dieu
Votre prise de parole n’est pas honnête. Oui, j’utilise une expression radicale mais ce que vous avez fait est réellement malhonnête. Vous avez profité de la tribune que vous offrait une visite du Pape pour décliner des reproches usés et pour lesquels vous saviez que vous n’auriez pas de réponse. Pire, vous avez remonté vos étudiants, vous avez renié l’identité catholique de votre université, vous ne leur avez pas permis d’exprimer une joie, vous avez préféré la rancœur, la revendication d’une mini-élite intellectuelle mondiale décliniste.
Oublions cette interpellation vindicative comme l’ont fait les Belges venus en masse dans la joie à la messe pontificale. Joie des catholiques de tous bords, joie de ces paroissiens qui ont des problèmes de fin de mois mais qu’ils affrontent ensemble dans l’amitié, la solidarité et la joie de la prière ; joie des scouts et des enfants des patronages, joie de ces jeunes actifs dans tant de mouvements de solidarité, de prière, d’évangélisation et qui donnent quelques mois, quelques années même pour les autres. À des journalistes constatant la misère des cités et le déclin de l’Église, ce prêtre leur a raconté comment il a proposé aux jeunes de ces quartiers une alternative, la joie, et comment ces jeunes sont partis évangéliser dans les paroisses des campagnes et des bourgs environnants.
Dans un moment de vraie douleur
Oublions ces discours moralisateurs qui ont fait l’actualité pour regarder le message que nous adressent les parents, les frères et sœurs et le fiancé de Philippine autour de qui tant de jeunes sont venus pleurer l’indicible. Douleur immense d’une famille, douleur partagée d’un pays, et aussi espérance exprimée par l’abbé Pierre-Hervé Grosjean, appelant chacun à pleurer, prier et agir : "Nous pouvons tous trouver un pas à faire, un pas de plus… par exemple oser se lancer dans un projet qui nous attend… décider de s’engager dans tel ou tel service ou mouvement…" La joie de la Résurrection s’est exprimée dans un moment de vraie douleur. N’est-ce pas le paradoxe de la joie du chrétien ? "J'ai demandé une chose au Seigneur, la seule que je cherche : habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie, pour admirer le Seigneur dans sa beauté et m'attacher à son temple" (Ps 26-4).