Le nombre d’interruptions volontaires de grossesse (IVG) pratiquées en France poursuit son inquiétante hausse en 2023. 243.623 avortements ont été pratiqués en France en 2023, soit 8.600 de plus en un an, révèle une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) publiée ce mercredi 25 septembre. Dans le détail, en 2023, le taux de recours à l’IVG atteint 16,8 IVG pour 1.000 femmes âgées de 15 à 49 ans en 2023, contre 16,4 pour 1.000 en 2021 et 15,1 pour 1.000 en 2020. Entre 2022 et 2023, les taux de recours augmentent pour toutes les classes d'âge chez les femmes majeures, avec une hausse plus marquée pour les 20-34 ans, où les IVG restent les plus fréquentes.
La méthode médicamenteuse représente 79% de l'ensemble des IVG: 48% de ces IVG ont eu lieu en établissement de santé, 46% en cabinet libéral et les 6% restants en centre de santé ou de santé sexuelle. En 2023, 41% des IVG ont été réalisées en dehors des établissements de santé. L’étude précise également que l'allongement de deux semaines (de 12 à 14) du délai légal de recours, prévu dans la loi de mars 2022 a concerné 2,5% des IVG en établissement de santé.
Une disparition progressive des garde-fous
Alors que les parlementaires français ont voté l’inscription de "la liberté" d’avorter dans la Constitution en mars 2024, cette pratique voit progressivement disparaître les garde-fous qui l’entouraient initialement. En légalisant l'avortement en 1975, la loi Veil a consacré un droit spécifique de ne pas le pratiquer, une clause de conscience spécifique qui s'applique aux soignants. Le soignant doit alors en informer immédiatement le patient et l'orienter vers une équipe compétente. Dans son plan stratégique pour 2023-2025, le Planning familial milite également pour la suppression de la "double clause de conscience" des médecins pour combattre "la stigmatisation de l’avortement". Autre garde-fou qui pourrait prochainement disparaître : le délai légal pour pratiquer une IVG. Là encore on retrouve le Planning qui plaide aussi pour l’allongement des délais d’IVG, avec, "dans un premier temps", une "harmonisation des délais européens à 24 semaines d’aménorrhée". Il s’agit du délai le plus long actuellement en vigueur dans l’Union européenne, au Royaume-Uni, en Suède et au Pays-Bas.