Depuis le 13 mai, la Nouvelle-Calédonie est en proie à une des crises les plus importantes de son histoire. La réforme électorale annoncée par Paris a entraîné des destructions et des violences, et même plusieurs morts, qui se poursuivent. Et qui touchent notamment les édifices cultuels. Depuis le 16 juillet et l’anéantissement de l’église Saint-Louis, édifice de 1868, ce sont six églises qui ont été incendiées sur le "caillou".
De plus en plus, pourtant, les lieux de culte de Nouvelle-Calédonie peuvent compter sur ce que le père Michel Toekidjo, référent pour Rivière-Salée et Tina-sur-Mer appelle des "anges gardiens". À nos confrères de La Première (chaîne publique de proximité), il explique qu’il a confié à des jeunes qui vivent à côté de l’église paroissiale la clef de l’édifice et la tâche de la surveiller nuit et jour. L’un des volontaires confie : "Je suis chrétien. Ça me ferait du mal de voir une église qui a brûlé en face de moi."
Présence dissuasive
À Nouméa, cette initiative n’est pas isolée. Un couple, Eline et Laurent, s’est par exemple donné pour mission de faire des rondes autour de leur église paroissiale de la Vallée-des-Colons. A la nuit tombée, les deux Calédoniens s’apprêtent à guetter, sans arme, pour alerter en cas de tentative d’incendie. Voir des fidèles qui assurent la sécurité des églises est “admirable” pour l’archevêque de Nouméa, Mgr Calvet, qui explique même que “la plupart d’entre elles n’avaient pas de serrure [auparavant] parce qu’il s’agissait de lieux respectés par tout le monde.”
Dans le quartier des Portes-de-fer, un autre ange gardien veille. Niuliki Palenapa a raconté que l’église de l’Espérance a échappé de peu au feu : "Si nous n’étions pas arrivés, notre église aurait sûrement été la première à brûler". Il s’est organisé avec d’autres fidèles pour protéger le lieu de culte depuis qu’il est arrivé un jour dans le sanctuaire, trouvant là des bancs en tas avec du papier journal prêt à s’enflammer.