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Mgr Calvet : “En Nouvelle-Calédonie, la vie chrétienne est plus difficile mais elle continue”

Monseigneur Michel-Marie Calvet, archevêque de Nouméa.

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Clémence Nava - publié le 13/09/24
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Alors qu’une église calédonienne, la sixième depuis juillet, a une nouvelle fois été la cible d’actes de destruction lundi 9 septembre, Mgr Michel-Marie Calvet, archevêque de Nouméa, réfléchit aux motivations et à l’importance à donner à ces atteintes répétées.

Aleteia  : Que disent ces actes de destruction principalement dirigés contre des édifices catholiques ?
Mgr Michel-Marie Calvet : Je ne peux qu’avancer des interprétations. Un certain nombre de choses circulent abondamment sur les réseaux sociaux, notamment des accusations liées à la colonisation de 1853. Ceux qui les propagent ignorent l’histoire de la Nouvelle-Calédonie. En réalité, et les historiens le savent, les protestants comme les catholiques sont arrivés dans cette région du Pacifique avant la prise de possession française. Ce que l’on peut affirmer c’est qu’il y a une volonté de nuire manifeste et organisée car on constate de multiples départs de feu dans les églises visées. J’observe un climat de haine généralisée en parcourant Nouméa et lorsque je vois tout ce qui a été incendié. Ces destructions n’ont pas vraiment de limites et ciblent tout ce qui peut représenter une société organisée. 

Quelles réactions vous parviennent de la part des paroissiens qui ont vu leur église détériorée ?
La vie chrétienne continue. J’ai délégué dernièrement un prêtre dans la paroisse de Balade, en Province Nord (NDLR : l’autel de l’église Saint-Denis de Balade, dans la commune de Pouébo a été entièrement brûlé le 9 septembre dernier) pour y célébrer une confirmation. Cela s’est très bien passé. Par ailleurs, un certain nombre de fidèles s’emploient à assurer eux-mêmes la sécurité de leurs églises en organisant des rondes ou en s’installant dans les locaux paroissiaux. C’est admirable. Chaque petite localité a son église et la plupart d’entre elles, avant ces atteintes, n’avaient même pas de serrure parce qu’il s’agissait de lieux respectés par tout le monde. 

Comment les catholiques de métropole ont-ils témoigné de leur solidarité face à ces destructions ?
Dès le début des violences en Nouvelle-Calédonie en mai dernier, la Conférence des évêques de France a manifesté son intérêt et je continue à la tenir informée. Nous sommes loin de la métropole ! Beaucoup de métropolitains étaient occupés par les Jeux Olympiques et les grandes vacances. Ici, nous sommes déjà en milieu d’année scolaire, le rythme n’est pas le même, mais en aucun cas nous n’avons à déplorer un manque d’attention de la part de l’Église métropolitaine ni de Rome. 

Comment les édifices religieux endommagés vont-ils être reconstruits ?
Nous ne pouvons pas pour le moment établir un total d’évaluation des dégâts et cela diffère selon les lieux. L’église de Saint-Louis au Mont Dore, par exemple, (NDLR : église historique, vieille de 156 ans, incendiée le 17 juillet 2024) a été complètement détruite, jusqu’au sol. Dans d’autres lieux, les pompiers, les paroissiens ou les services de sécurité, ont pu arriver à temps pour contenir les départs de feu et sauver tout ou partie du bâtiment. Quoi qu'il en soit, l’évaluation dépassera largement les moyens de réparation imaginables. Il faudra repartir du début. 

Où en sont les poursuites judiciaires engagées contre les auteurs de ces actes ?
Partout où il y a eu des atteintes et une volonté de nuire exprimée contre une église, des plaintes ont été déposées. D’autant plus que certains lieux de culte visés sont classés. Le travail d’enquête est considérable et suit son cours. D’après la communication du palais de Justice, des dizaines d’officiers de police judiciaire qualifiés supplémentaires ont été mobilisés pour suivre ces différentes enquêtes. 

Quel message adressez-vous aux fidèles de Nouvelle-Calédonie et d’ailleurs ?
Tout d’abord, que la vie des communautés religieuses est plus difficile mais qu’elle continue. Je partage également la peine de tous les fidèles calédoniens touchés. Nous ferons face ensemble comme lorsqu’il y a un cyclone, à la différence que dans le cas présent, l’épreuve résulte de la volonté humaine et dure plus longtemps. J’adresse un appel à la solidarité et surtout à éviter l’écueil de la récupération du contexte calédonien dans les débats métropolitains. Pour certains, la Nouvelle-Calédonie est un espace de projection de leurs idées qui ne correspondent parfois en rien avec la situation vécue ici. 

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