"Le roi est mort, vive la reine !" À 27 ans, Nga Wai est devenue la nouvelle souveraine des Maoris de Nouvelle-Zélande, le 5 septembre 2024. La jeune femme succède à son père, le roi Tuheitia Potatau Te Wherowhero VII, décédé le 30 août dernier des suites d’une opération cardiaque à l’âge de 69 ans. Couronnée en présence de près de 10.000 personnes réunies au Turangawaewae Marae, la résidence royale située sur l’île du Nord de la Nouvelle-Zélande, l’héritière du trône maori est donc la plus jeune reine du monde. Et la singularité de sa destinée ne s’arrête pas là.
Un baptême symbolique
Nga Wai a reçu le baptême catholique à l’initiative de sa grand-mère, Te Arikinui Dame Te Atairangikaahu, disparue en 2006 après avoir régné pendant quatre décennies. Baptisée par Mgr Max Takuira Matthew Mariu, le premier évêque catholique maori, le nom de la nouvelle reine, Ngawai Hono ki Parakino, qui signifie "Union des rivières", rappelle la symbolique de ce sacrement.
Par le baptême de sa petite-fille, la défunte reine Te Arikinui Dame Te Atairangikaahu a souhaité renforcer l’union des tribus maories de l’île du Nord et rapprocher le mouvement Kingitanga (monarchie maorie unifiée fondée en 1858) de l'Église catholique. Le christianisme, bien qu’en perte de vitesse, demeure la religion la plus répandue en Nouvelle-Zélande avec un peu plus de 47% de croyants, dont 12% de catholiques. Les Maoris, qui représentent environ un quart de la population néo-zélandaise, se sont approprié le christianisme dès les années 1830 sous l’effet de la domination britannique. 98% de ceux qui déclarent appartenir à une religion se disent chrétiens et rattachés aux Églises catholique, anglicane, presbytérienne, mormone ou méthodiste, indique le journal La Croix.
Apposition de la Bible et onction
A l’image de la croyance métissée des Maoris, le rite entourant la cérémonie de couronnement de la nouvelle souveraine a mêlé traditions ancestrales et culte chrétien. Le Tumuaki Hone Tāmihana, personne chargée de transmettre le pouvoir royal, a apposé une Bible sur la tête de la jeune reine. Il s’agit de la même Bible que celle utilisée en 1858 lors de l’intronisation de son aïeul, Potatau Ier, le premier monarque maori. L’archevêque Donald Tamihere, primat de l’Église anglicane en Nouvelle-Zélande, a quant à lui assuré le service religieux et oint la souveraine aux mains et au front.
L’avocate néo-zélandaise Annette Sykes, qui milite en faveur des droits des Maoris, a salué l’accession au trône de Nga Wai dans les colonnes de The Guardian : "Elle est inspirante, très humble, et ressemble à sa grand-mère, qui était adorée par la nation". Celle qui n’hésite pas à se vêtir "en Gucci tout en portant un moko kauae", le tatouage traditionnel du visage des Maoris de Nouvelle-Zélande, incarne un renouveau attendu et applaudi par le peuple autochtone. De son côté, la nouvelle reine affiche une ambition très nette pour la suite de son règne, celle de voir "toutes les terres maories restituées aux Maoris".