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Martin Prado, l’homme qui a convaincu le Pape de venir en Papouasie-Nouvelle-Guinée

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Père Martin Prado.

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I.Media - publié le 07/09/24
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Le pape François se rend le 8 septembre quelques heures à Vanimo, un petit port isolé de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Cette étape inattendue va lui permettre de revoir un missionnaire argentin qu’il connaît personnellement, le père Martin Prado, qui a achevé de le convaincre de se rendre dans ce pays du bout du monde. Rencontre.

Le pape François se rend ce dimanche 8 septembre pendant quelques heures à Vanimo, un petit port isolé de Papouasie-Nouvelle-Guinée qui compte un peu plus de 9.000 habitants. Cette étape inattendue va permettre au pontife de revoir un missionnaire argentin qu’il connaît personnellement, le père Martin Prado. "Regardez ce paradis", déclare ce jeune vicaire de 35 ans, membre de l’Institut du Verbe Incarné, en tournant l’appareil photo de son téléphone pour montrer l’endroit où il vit avec deux autres membres de sa congrégation, à quelques pas de la plage, lorsqu’on lui demande de raconter son quotidien. En poste depuis 2014 auprès d’une communauté de près de 41.000 catholiques éparpillés sur un immense territoire, il a accepté de raconter sa rencontre avec le pontife en 2019, à l’origine de la venue de François dans cette ‘périphérie’. Il témoigne de la joie que produit l’annonce de la visite papale et donne des détails sur le programme du Pape dans ce petit port du Pacifique. Rencontre.

Comment avez-vous rencontré le pape François à l’été 2019 ?
Père Martin Prado : Je suis allé en Italie avec un groupe de 18 paroissiens de Papouasie-Nouvelle-Guinée. C’était un voyage fou, mais c’était bien parce que nous avions confiance en Dieu et que la Providence s’est vraiment occupée de nous. Les personnes qui m’accompagnaient m’ont dit : "Père, nous avons apporté des cadeaux pour le Pape". Je leur ai dit : "C’est bien, mais comment allons-nous les lui donner ?". Un autre prêtre italien qui nous accompagnait nous a dit d’essayer d’écrire une lettre en espagnol et d’aller la remettre à la Porte Sainte-Anne [une des entrées du Vatican, ndlr]. Je l’ai fait, sans vraiment croire qu’il se passerait quelque chose. Le pape était en vacances. À ma grande surprise, le lendemain matin, nous avons reçu un message de son secrétaire disant que le pape voulait nous voir. Nous étions si heureux, nous sommes allés à sa résidence Sainte-Marthe et sommes restés avec lui pendant une vingtaine de minutes. Il était ravi de voir ces gens qui venaient de si loin. Il leur a demandé d’expliquer tous les cadeaux qu’ils avaient apportés : des vêtements traditionnels faits à partir d’arbres et une mitre faite dans le style traditionnel. Comme vous pouvez le voir, le Pape a un grand cœur pour ceux qui sont à la périphérie, ceux qui sont le plus dans le besoin.

J’ai pu constater l’amour du pape François pour ces gens venant de régions éloignées.

Depuis 2019, vous échangez donc des lettres avec le Pape ? À quelle fréquence correspondez-vous et de quoi parlez-vous ?
Oui, depuis lors, nous avons continué à communiquer par courriel. Je ne sais pas à quelle fréquence, et c’est toujours par l’intermédiaire de son secrétaire. Mais ce n’est pas à cause de moi, c’est à cause des gens d’ici. Il avait dit qu’il voulait rester en contact avec nous, savoir ce qui se passait et comment les choses se passaient en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Il nous a montré qu’il était intéressé. Après notre retour à Vanimo [en 2019], je lui ai envoyé un courriel pour le remercier de nous avoir reçus et de nous avoir aidés, car lorsque nous étions à Rome, il nous avait également apporté une aide financière. C’était la Providence, nous nous sommes accrochés uniquement à la Providence pour ce voyage. Je lui ai alors dit que nous ne voulions plus le déranger et il m’a dit de continuer cette amitié providentielle. J’ai pu constater l’amour qu’il a pour ces gens venant de régions éloignées. Je lui ai parlé de notre travail pastoral, de la situation ici. Il nous encourage toujours, nous dit de continuer et est heureux d’en entendre parler.

Pourquoi pensez-vous que le pape François a décidé de se rendre spécifiquement à Vanimo ?
Je pense qu’il a fait la connaissance de personnes originaires de Papouasie-Nouvelle-Guinée lors de notre visite, et qu’il savait que nous étions originaires de Vanimo. Alors quand il a décidé de visiter le pays, je pense qu’il s’est dit : "Pourquoi pas Vanimo ?". Et les autres diocèses se posent aussi la question : "Pourquoi Vanimo ? Il se rend dans la dernière des provinces, dans la région la plus reculée." Le seul moyen d’y accéder est la mer ou l’avion, il n’y a pas de route à cause des montagnes. L’évêque [de Vanimo, Mgr Francis Meli] a dit que c’était parce que les habitants de Vanimo étaient allés voir le pape et qu’il leur rendait la pareille. C’est vraiment grâce aux gens d’ici. L’attention qu’il porte aux périphéries n’est pas qu’une question de mots, il fait vraiment ce qu’il dit. Il est toujours en train de s’occuper discrètement des gens et de les aider. Par ailleurs, ici à Vanimo, et dans certains endroits de Papouasie-Nouvelle-Guinée, l’Évangile vient tout juste d’arriver. Là où nous allons, nous finançons les églises, nous baptisons les gens, nous leur apprenons à faire le signe de croix, à prier Dieu. Nous leur annonçons la Bonne Nouvelle, à savoir que Dieu s’est fait homme et qu’il est proche de nous.

Nous voulons consacrer le diocèse et chacun d’entre nous, nos familles, et même la province elle-même, à Jésus par Notre Mère Marie.

Comment Vanimo et la communauté catholique se sont-ils préparés à la visite du Pape ?
Nous nous préparons à ce jour du mieux que nous pouvons, mais aussi très humblement. Notre province est la dernière de toutes, les choses ne sont donc pas faciles et rapides. Nous faisons de notre mieux, mais nous ne sommes pas à Singapour ou à Jakarta. À la fin de juillet, par exemple, nous avons rencontré quelques prêtres et organisé une semaine de catéchèse et de sensibilisation tous les soirs en ville. Nous avons rassemblé tous nos paroissiens dans cet espace central où le pape viendra. Ce n’est qu’un champ avec de l’herbe. Nous avons construit une scène temporaire, nous avons joué de la musique et nous avons prêché. Nous avons parlé aux gens du pape et de l’Église, et ils se sont assis sur l’herbe et ont écouté, c’était si simple. Les gens voulaient continuer à venir, ceux qui vivaient loin ont organisé des camions pour les amener. C’est ainsi que nous nous préparons, plus spirituellement que logistiquement ou matériellement peut-être (rires), en priant et en faisant de notre mieux. Mais les gens sont heureux.

Quels sont les projets pour la rencontre du pape François avec la communauté catholique locale à Vanimo ?
Lorsque le Pape viendra, nous ferons une prière avec lui. Nous voulons consacrer le diocèse et chacun d’entre nous, nos familles, et même la province elle-même, à Jésus par Notre Mère Marie. Nous essayons de préparer cette consécration, qui sera la plus belle chose qui soit. Nous envisageons aussi qu’il remette une fleur d’or à la Vierge… nous verrons ! Nous aurons aussi des catéchistes qui feront des discours. Le travail de catéchèse est très important ici. Par exemple, dans une de nos paroisses, dans la jungle, il y a environ 11 communautés et elles sont éloignées les unes des autres. Il y a un village où je ne peux aller qu’une fois par mois pour dire la messe. Ce sont donc les catéchistes, dont certains sont des missionnaires et d’autres des habitants des villages, qui président la liturgie de la parole et préparent les gens au catéchisme. Ils sont vraiment le bras droit de notre travail missionnaire, c’est pourquoi nous voulons qu’ils aient un peu de temps avec le pape et qu’ils reçoivent une bénédiction spéciale. Après avoir participé à un événement en ville, le pape se rendra en voiture à notre mission, ici sur la côte ouest. Le trajet dure environ 40 minutes. Il y tiendra une réunion plus privée, en présence bien sûr de nos paroissiens. Je pense que des gens des villages de la jungle viendront, nous lui montrerons l’école et l’orchestre des enfants jouera. Il nous a aidés à construire l’école grâce à des dons financiers, et nous aimerions lui montrer.

Je pense qu’il y aura un renouveau et une confirmation de la foi.

Quelle est l’atmosphère qui règne en amont de la venue du pape François ?
Les gens sont très impressionnés. Je pense que nous sommes passés par différentes phases. Au début, nous n’arrivions pas à croire que le Pape allait venir ici. Ensuite, je dirais que beaucoup d’entre nous, prêtres et membres de l’Église, avons eu peur (rires). Nous nous demandions pourquoi le Pape venait si loin dans cette petite province. Mais maintenant, nous sommes tous enthousiastes et heureux et nous essayons de nous préparer du mieux que nous pouvons.

Quel impact pensez-vous que le voyage du pape François aura sur le pays et sa population catholique ?
Je pense qu’il y aura un renouveau et une confirmation de la foi. Les gens ici sont adorables et simples. Ils ne sont pas très influencés par des idéologies en particulier. Même ceux qui ne sont pas catholiques parlent de l’Église catholique comme de l’Église mère, ils l’appellent mamasios. Ils reconnaissent que les autres Églises sont venues après, qu’elles ne sont pas l’Église originelle avec laquelle Jésus a commencé. De nombreux non catholiques ici reconnaissent le pape comme le chef des chrétiens et se réjouissent de sa venue.

[EN IMAGES] : Le pape François au bout du monde !

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