Intact. C'est ainsi que les Carmes Déchaux ont retrouvé le 28 août 2024 le corps de sainte Thérèse d'Avila, en Espagne, dans le couvent fondé par cette docteure de l'Église, à Alba de Tormès (près de Salamanque). En 1750, puis en 1914, le tombeau de la sainte avait déjà été ouvert, révélant un corps "complètement incorruptible", bien que fragmenté : comme beaucoup de grands saints, Thérèse de Jésus n'a pas échappé à la dispersion de ses reliques aux quatre coins du monde. Un pied à Rome, une main à Ronda et même un doigt dans l'église Notre-Dame de Lorette de Paris...
Le 28 août 2024, l'Ordre des Carmes déchaux a donc de nouveau ouvert le tombeau massif, situé dans l'église de l'Annonciation. Pour y parvenir, dix clés sont nécessaires, dont trois sont conservées à Rome. C'est donc en l'examinant pour la troisième fois que les Carmes ont pu constater des restes identiques à ceux 1914. Le père Marco Chiesa, postulateur général de l'Ordre des Carmes Déchaux, a indiqué au journal espagnol ABC Castilla y Leon que cette analyse – autorisée par le Vatican –, doit permettre aux chercheurs d'en savoir plus sur la vie de la sainte, notamment sur les maladies exactes dont elle a souffert à la fin de sa vie, ainsi que de trouver de meilleurs moyens de conservation du corps. Il est déjà établi que la sainte souffrait d'une épine calcanéenne, une excroissance osseuse pointue au niveau de l'os du talon particulièrement douloureuse.
Tôt le matin, les Carmélites et les Carmes ont donc déplacé avec solennité le grand reliquaire vers le lieu où le corps sera examiné, tout en chantant le Te Deum. Des médecins légistes et des scientifiques, ainsi que des orfèvres, sont déjà sur place pour travailler tant sur le corps que sur le tombeau en argent qui le conserve, cadeau du roi Fernando VI et de son épouse Bárbara de Braganza. Une étude sera menée en trois phases au cours des prochains mois, dont les résultats seront publiés, bien qu'aucune date n'ait pour le moment été confirmée.
Prudence de l'Église
L'Église catholique demeure prudente quant à la reconnaissance de l'incorruptibilité des corps des saints. Ce phénomène particulièrement impressionnant et tout aussi rare est considéré comme un signe pouvant appuyer la cause en béatification ou en canonisation de la personne concernée. Pour le moment, 102 saints incorruptibles ont été recensés. L'Église distingue, par ailleurs, selon que le corps est intègre ou incorruptible. Dans le premier cas, le corps est muni de tous ses organes mais suit une phase normale de décomposition, comme celui de Carlo Acutis. Si le corps est incorruptible, cela signifie qu'il est intact, soit peu soumis à la putréfaction.