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Chartres, mille ans d’Histoire pour une cathédrale

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Morgane Afif - publié le 29/08/24
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Le 8 septembre marquera l’ouverture d’une année de festivités dédiées au millénaire de la crypte de la cathédrale de Chartres : l’occasion de se replonger dans ces mille ans d’Histoire qui ont fait la gloire de l’autre Notre-Dame.

Ses deux flèches s’élèvent à l'horizon, par-delà les champs de blé qui s'étendent à perte de vue sur la Beauce. Notre-Dame de Chartres se dresse, comme un phare surplombant la campagne pour attirer à elle les pèlerins harassés. Voilà déjà mille ans que son histoire s’écrit dans le cœur des hommes et de la terre, depuis la renaissance en l’an 1024 de sa première crypte ravagée par les flammes. L’histoire, elle, débute en 876 lorsque le roi de France Charles le Chauve offre à la ville le voile de la Vierge, hérité de son grand-père l’empereur Charlemagne qui l’avait lui-même reçu d’Irène de Byzance, impératrice du Saint-Empire romain d’Orient à Constantinople. Lorsque le 7 septembre 1020, un incendie dévore la cathédrale primitive, l’évêque Fulbert, à l’ambition sans borne, fait édifier sur les ruines de l’ancien édifice une nouvelle cathédrale, plus vaste et prestigieuse dont il ne reste aujourd’hui que la crypte principale. C’est son millénaire que le diocèse célèbre en liesse cette année.

Une course vers le Ciel

L’Histoire tumultueuse de Notre-Dame de Chartres est le fruit de longs siècles de tourments lorsque les incendies qui dévorent la ville ou la cathédrale se succèdent et voient s'enchaîner démolition et reconstruction : 1134 puis 1194. Le XIe siècle sonne l’avènement d’une ère nouvelle. En France et en Europe, les cathédrales s’élèvent encore plus haut dans une course vers le ciel : les cathédrales de Noyon, Poitiers, Canterbury ou Avila sortent de terre pour élever la prière des hommes vers leur divin Créateur tandis que de nouveaux projets voient le jour à Chartres, Bourges et Rouen. L’art et l’architecture s’essayent et expérimentent sans que rien ne vienne entraver cet élan vers l’au-delà. En 1180, Notre-Dame de Chartres voit ses hauteurs romanes se percer de vitraux : la lumière triomphe et fait, depuis, la gloire de la cathédrale. Les verrières, elles, s’étendent sur plus de 2.500 m2 pour en faire l’ensemble le plus vaste légué par le Moyen Âge, tous réalisés entre 1180 et 1225, à l'exception de quelques réalisations plus tardives.

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L’an 1200 voit se dessiner dans sa nef son célèbre labyrinthe - ils ne sont plus que trois à nous être parvenus aujourd’hui en France - qui manifeste aux yeux des pèlerins cette route longue et fastidieuse qui mène au Ciel. En 1221, le gothique voit renaître une nouvelle cathédrale en dessinant sa façade actuelle après l’avoir parée des vitraux qui ont fait son prestige. Les siècles suivants voient l’édifice s’agrandir sans qu’on ne lui refuse aucun faste : qui pourrait dire “non” à Notre-Dame ? Sa superbe étonne et subjugue : le XVIe siècle voit s’édifier la chapelle Saint-Piat, puis la chapelle Vendôme au siècle suivant, dans le bas-côté sud. 

Le XVIe siècle, lui, voit s’ériger le clocher nord, haut de 112 mètres, au style flamboyant par Jehan de Beauce qui veut souligner par son architecture délicate la dentelle de pierre qui en orne le sommet. La cathédrale n’en finit pas de se transformer au fil des années, témoin des styles et des usages, comme au XVIIIe qui marque la démolition de son jubé. En 1836, alors que l’Etat en est devenu le propriétaire depuis le Concordat de 1801, un nouvel incendie engloutit sa charpente de fer et de fonte. Celle-ci est remplacée par une charpente en fer couverte de cuivre à qui la corrosion donne rapidement cette couleur vert-de-gris reconnaissable entre toutes. 

Notre-Dame sous terre

Une épopée française

L’histoire de la cathédrale est entrée dans la grande. Chartres, très tôt, devient le témoin des grands événements qui ont fait la France. Henri IV, tout juste converti au catholicisme, y est sacré Roi de France, en 1594, alors que Reims est aux mains de la Ligue catholique en pleine guerre de religions et que Paris s'oppose au sacre d’un souverain huguenot. Au XVIe siècle, les rois de France viennent s’y recueillir : François Ier, Henri II et Henri III viennent prier sous sa voûte d’arêtes qui culmine à 37 mètres. En 1793, victime des tourments de la Révolution, elle est pillée et désaffectée, devant, à l’occasion, un “temple de la Raison”. Sa précieuse relique mariale, elle, est déchirée. 

J’ose le prédire, Chartres redeviendra plus que jamais le centre de la dévotion à Marie en Occident, et on y affluera comme autrefois de tous les points du monde.

En 1854, Mgr Pie, cardinal, s’exclame prophétiquement : “J’ose le prédire, Chartres redeviendra plus que jamais le centre de la dévotion à Marie en Occident, et on y affluera comme autrefois de tous les points du monde”. Huysmans lui consacre un roman, La cathédrale, en 1898 et en 1912, Péguy s’élance de Paris à Chartres sur la route des deux Notre-Dame, imité dès 1935 par les premiers étudiants. Neuf ans plus tard, alors que le pays célèbre la Libération, De Gaulle vient se recueillir dans sa crypte. Tous n’ont été que des passants, circulant sous les vieilles pierres de Notre-Dame. Leur écho résonne encore dans la prière de ceux qui s’y arrêtent, curieux de passage ou pèlerins d’espérance pour rappeler qu’elle est là, celle qui veille depuis bien plus de mille ans sur ses enfants. 

Pour aller plus loin :

La cathédrale (1898), J.-K. Huysmans, coll. “Folio”, Gallimard, Paris, 2017
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