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L’évangéliste Luc, cet inconnu auquel nous devons tant

saint luc vierge marie

"Saint Luc peignant la Vierge" Peinture de Luca Giordano (Fa Pesto) (1632-1705) 17eme siecle Brest, musee des Beaux Arts.

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Anne Bernet - publié le 17/10/24
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Sans lui, que saurions-nous de l’Annonciation, de la Visitation, et même de Noël. Pas grand chose. Sans lui, nous ne chanterions ni le Magnificat ni le Benedictus, pas plus que nous ne réciterions l’Ave Maria. Pourtant on sait très peu de choses sur l’évangéliste Luc, que l’Église fête le 18 octobre. Baptisé à Antioche, il a accompagné Paul en Méditerranée et aurait rencontré la Vierge Marie. Il nous a laissé les Actes de Apôtres et un évangile d’une étonnante précision.

Saint Luc est l’archétype de l’inconnu célèbre. Non seulement nous savons peu de lui mais, alors que ce peu paraissait solidement fondé, il s’est trouvé ces dernières décennies de savants historiens et exégètes pour s’ingénier à déconstruire ces informations, sans toujours, dans leur zèle, se rendre compte qu’ils contredisaient les Écritures elles-mêmes et jusqu’au témoignage de saint Paul. Sans doute vaut-il mieux alors s’en tenir à ce que l’Antiquité chrétienne nous a transmis pour reconstituer dans ses grandes lignes sa biographie.

Luc, Loukas en grec, est né sans doute dans les années 20 de notre ère, vraisemblablement à Antioche de Syrie, troisième ville de l‘empire après Rome et Alexandrie, d’une famille païenne et non pas juive, ce qui constitue une première singularité pour le futur évangéliste. De milieu aisé, il suit de solides études classiques comme l’atteste la qualité de sa langue élégante, puis se rend à Tarse réputée pour son école de médecine se préparer à exercer cette profession. De sa formation médicale, il garde une rigueur scientifique et une attention à certains détails, notamment en ce qui concerne les maladies et infirmités que Jésus guérit lors de ses miracles.

Des qualités de journaliste

Est-ce à Tarse qu’il a, étudiant, rencontré Paul pour la première fois ? Ce qui est sûr, c’est qu’il le retrouve à la fin des années 40, peu après avoir reçu le baptême à Antioche et s’attache à lui, d’abord comme praticien puisque l’apôtre des Gentils l’appelle « mon bien-aimé médecin », puis comme ami et compagnon  car il le suit lors de ses pérégrinations en Asie Mineure et en Europe en 49-50. C’est au cours de ce voyage que Luc, désireux de garder des traces des événements dont il est témoin, commence à prendre des notes, n’hésitant pas à signaler qu’il se trouve là lors de tel ou tel fait, notes qui donneront naissance aux Actes des Apôtres, où il révèle ses qualités de journaliste ou d’historien, selon les goûts. Preuve de la confiance que Paul lui porte, après la fondation de l’Église de Philippes, il lui en confie la charge. Autre originalité de ce parcours, Luc n’est pas prêtre, et ne le sera jamais, assumant un célibat de laïc consacré. 

Quand il repasse par Philippes, en 57, Paul décide cependant de l’emmener de nouveau avec lui ; ils ne se quitteront plus jusqu’au martyre de Paul, en 68 à Rome ; Luc a pu partager tout ou partie de la détention de son ami. Ce serait à cette époque qu’il aurait trouvé loisir de mettre au propre les notes prises lors de leurs voyages et d’en tirer la version définitive des Actes, puis, sur sa lancée, entamer la rédaction du troisième évangile, composé peu de temps après celui de Marc, rédacteur des souvenirs de Pierre. À l’évidence, il ne vise pas le même public que ses prédécesseurs, Matthieu qui s ‘adresse aux Juifs convertis, et Marc aux païens convertis hellénophones peu cultivés et lettrés.

L’évangéliste de la Miséricorde divine

L’on dit que Luc est l’évangéliste de la Miséricorde divine, celui qui peint le Christ sous un jour de tendresse et de pitié, fil rouge de son récit ; c’est lui qui rapporte les paraboles du figuier stérile épargné, de l’enfant prodigue et du bon Samaritain, révèle la conversion in extremis du bon Larron. Cependant, par delà ses authentiques qualités littéraires et la finesse scientifique des observations de Luc, ce qui rend unique et irremplaçable son évangile, où le moindre second rôle prend vie et personnalité sous son regard bienveillant, ce sont ces passages que l’on ne trouve que chez lui, dont on devine qu’il est allé en chercher le récit à la source, interviewant leurs protagonistes et d’abord la Sainte Vierge. L’on a dit aussi, à raison, que l’évangile de Luc est celui de Marie. 

Sa rencontre avec la Vierge Marie

La Tradition pense que le médecin, jeune baptisé encore bouleversé par sa conversion, est allée la voir, à Jérusalem ou Éphèse, chez Jean qui l’avait accueillie. Que les deux évangélistes se sont connus, la similitude des termes employés dans le récit de la Transfiguration, que Jean n’écrira qu’à la fin de sa vie, le prouvent. Quant aux conversations avec la Mère de Jésus, elles ont donné les évangiles de l’Enfance. Sans lui, que saurions-nous de l’Annonciation, la Visitation, Noël ? Nous ne chanterions ni le Magnificat ni le Nunc dimittis ni le Benedictus, pas plus que nous ne réciterions l’Ave Maria ou ne méditerions les Mystères joyeux du Rosaire…

Admettons que nous aurions beaucoup perdu sans lui ! Et, même s’il est de bon ton de sourire quand on lui attribue l’icône de Marie, Salus populi romani et quelques autres images de la Vierge hautement vénérées, qu’il aurait peintes en faisant poser son modèle immaculé, imaginons toutes les œuvres produites par l’Art sacré qui n’auraient jamais existées s’il n’en avait fourni le sujet. Cela ne suffirait-il pas à lui valoir, quand même il n’aurait jamais touché un pinceau, d’être le patron, non seulement des médecins, mais des peintres, graveurs, dessinateurs ? Comment est-il parvenu à quitter Rome après le supplice de Paul et gagner la Grèce ? Nous ne le savons pas mais, dès le IIe siècle, l’on a affirmé qu’il a terminé sa longue vie en Béotie, en Grèce, où il est mort "rempli du Saint Esprit" à 84 ans.

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