Près de 260 mètres à parcourir. C'est ce que propose la cathédrale de Chartres aux fidèles chaque vendredi de carême et jusqu'à la Toussaint. Débarrassé des bancs qui l'encombrent ordinairement, le célèbre labyrinthe de la cathédrale est en effet accessible depuis le début du carême tous les vendredis de 10 heures à 16h45. Les fidèles sont invités à effectuer ce pèlerinage le long des 272 dalles blanches qui composent le labyrinthe afin de suivre le Christ jusqu'au centre, lieu figuré de sa Résurrection.
Un parcours symbolique
Une belle occasion pour ceux qui s'y astreignent, fidèles ou simples visiteurs, de parcourir symboliquement en quelques dizaines de minutes leur vie entière et d'en surmonter les vicissitudes par la prière. "Dans le labyrinthe de Chartres, les premiers pas nous conduisent rapidement près du centre après seulement un court détour, mais très vite, le chemin s’écarte et nous éloigne, nous restons “coincés” en périphérie, avec la frustration de voir le centre mais sans réussir à l’approcher", décrit Gilles Fresson, historien et guide de la cathédrale.
Pour une personne guidée par la foi, l’enjeu du labyrinthe est de s’ouvrir progressivement au Christ. Vu d’en haut, les quatre bras de la croix apparaissent clairement. Le centre, point fixe et immuable, est la station divine par excellence, le Paradis, la "Jérusalem céleste". En ce lieu, l’homme qui s’est rapproché de Dieu trouve la quiétude après avoir franchi les difficultés tumultueuses de l’existence. "Ce rituel est l’occasion pour les croyants d’appréhender la prière d’une façon différente, en accordant toute son importance à l’aspect corporel", reprend Gille Fresson. "C’est un très beau parcours spirituel. Beaucoup des personnes qui le suivent nous disent éprouver ensuite un sentiment de libération."
Une transposition du labyrinthe de Dédale
Dessiné au XIIIe siècle, le labyrinthe est une adaptation christianisée du labyrinthe de Dédale : le Christ (Thésée) descendu aux enfers (le labyrinthe) et, affrontant Satan (le Minotaure), triomphe de la mort. Il était, au Moyen Âge, l'objet d'une étonnante coutume : le doyen des prêtres le parcourait à l'occasion de Pâques, entouré des participants qui dansaient joyeusement autour de lui. Si la tradition s'est aujourd'hui perdue, il est toujours possible de marcher dans leurs pas et, avec eux, de suivre ce "fil d'Ariane" qu'est la foi.