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Au Venezuela, l’Église dans l’attente et la réserve

NICOLAS-MADURO-VENEZUELA

Manifestation contre Nicolas Maduro, 4 août 2024.

Agnès Pinard Legry - publié le 05/08/24
Alors que le résultat de l’élection présidentielle au Venezuela du 28 juillet continue d’être contesté – Nicolas Maduro et l’opposition affirment avoir gagné – l’Église est dans l'attente et la réserve. À l’issue de l’Angélus ce dimanche, le pape François a lancé "un appel sincère à toutes les parties à chercher la vérité et à éviter tout type de violence".

Plus d’une semaine après l’élection présidentielle du 28 juillet, le Venezuela, pays aux immenses réserves pétrolières plongé dans une crise économique, s’enfonce dans une nouvelle crise politique. Sans surprise, Nicolas Maduro, héritier du leader socialiste Hugo Chavez et depuis 2013 à la tête du pays, a été réélu par l'autorité électorale pour un troisième mandat jusqu'en 2031. Elle l'a déclaré vainqueur avec 52% des voix face à Edmundo Gonzalez Urrutia (43%), sans pour autant donner les résultats détaillés. Mais, selon le décompte de l'opposition, Edmundo Gonzalez Urrutia a recueilli 67% des voix.

Au moins 11 civils et un militaire ont été tués, et plus de 1.200 personnes arrêtées lors des manifestations spontanées qui ont éclaté dans le pays dans les deux jours qui ont suivi le scrutin. Le chef d’État chaviste a aussi averti qu'il ne baisserait pas la garde: "Les patrouilles militaires et policières sont maintenues dans tout le Venezuela pour protéger le peuple", a-t-il annoncé. Une situation qui ne laisse pas indifférent François. Le premier pape latino-américain de l’histoire s’est dit "préoccupé par le Venezuela, qui connaît une situation critique". Il a lancé après l’Angélus ce dimanche 4 août "un appel sincère à toutes les parties pour qu’elles recherchent la vérité, qu’elles fassent preuve de retenue, qu’elles évitent toute forme de violence, qu’elles règlent les différends par le dialogue, qu’elles aient à cœur le véritable bien du peuple et non les intérêts partisans". 

Crise diplomatique

Depuis une semaine, la crise vénézuélienne a rebattu les cartes de la géopolitique en Amérique latine. La contestation des résultats officiels de l’élection présidentielle par le Chili a conduit à une crise diplomatique entre les gouvernements de Caracas et de Santiago du Chili, tous deux pourtant de gauche. Le Pérou a par ailleurs rompu ses relations avec le Venezuela, qui reste soutenu directement par le Nicaragua, et plus prudemment par le Mexique, le Brésil et la Colombie, dont les dirigeants ont appelé à un recomptage des voix. "Confions ce pays à l’intercession de Notre-Dame de Coromoto, tant aimée et vénérée par les Vénézuéliens, et à la prière du bienheureux José Gregorio Hernandez, dont la figure nous unit tous", a déclaré le pape François, évoquant la figure très populaire de ce médecin décédé en 1919, et dont la béatification avait été célébrée en 2021.

Sur place, l’Église est dans l’attente et la réserve. Évêque de Carúpano, Mgr Jaime José Villarroel, a confié à l’édition espagnole d’Aleteia ce qui se passait sur place. "Des milliers de personnes sont sorties pour exprimer leur mécontentement et le régime a commencé sa politique de répression", a-t-il confirmé. "Le gouvernement de Nicolas Maduro a envoyé les forces armées, la police et des collectifs groupes pour réprimer et tirer sur les gens. Au cours des deux premiers jours de manifestations, on parle déjà de plus de 14 personnes assassinées. Mais les gens sont toujours dans la rue, indignés."

Si Nicolas Maduro gagne, nous l’accepterons. Mais s’il perd, il devra remettre le pouvoir au nouveau du Venezuela.

Et l’évêque de reprendre : "Ce désir du peuple vénézuélien est très clair : un nouveau gouvernement qui nous amène à nous réunir et qui aide à semer l'espoir dans la reconstruction de la famille, de l'économie et des institutions détériorées. La Conférence épiscopale s'est associée à cette volonté en demandant également à l’autorité électorale de procéder à ce recomptage des voix, pour le bien de notre pays." Interrogé sur la position de l’Église au Venezuela, il confirme : "Si Nicolas Maduro gagne, nous l’accepterons. Mais s’il perd, il devra remettre le pouvoir au nouveau président du Venezuela. Si cette situation perdure, l’exode des Vénézuéliens vers l’étranger sera inéluctable et touchera surtout les pays voisins."

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