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JO de Paris 2024 : le bateau oublié de la cérémonie d’ouverture

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Le bateau des athlètes français lors de la cérémonie d'ouverture des JO de Paris 2024, 26 juillet 2024.

Jean-Étienne Rime - publié le 29/07/24
Faisons un rêve, suggère notre chroniqueur Jean-Étienne Rime : et si la cérémonie d’ouverture des JO de Paris 2024 avait oublié un bateau ?

Beaucoup a été dit à l’issue de la cérémonie inaugurale des Jeux olympiques de Paris. Commentaires élogieux sur le sport et c’est bien ainsi — soyons fiers d’accueillir le monde ; réflexions indignées aussi sur certains tableaux — quelle tristesse en effet de rappeler les horreurs de la Révolution aux populations de notre planète et en particulier aux pays qui subissent une guerre civile, quelle honte de blasphémer et en plus de façon si vulgaire. N’ajoutons rien aux commentaires, racontons seulement une histoire dont personne n’a parlé : le dernier bateau effectuant ce parcours devenu mythique en cette nuit de juillet.

Des profondeurs de la nuit

L’histoire est vraie, une embarcation est partie de Bercy dans les profondeurs de la nuit, sans musique ni lampions, dans un silence parfait. C’était une nef du Moyen-Âge ou un vapeur du XIXe, on ne saura pas. Sont d’abord montés à bord les botanistes du jardin des plantes Magniol, Olivier de Serres, les savants et médecins Ambroise Paré, Jussieu et Pasteur puis les musiciens arrivés de l’opéra : Lulli, Rameau, Chausson, Berlioz, Debussy et Ravel accompagnés de maîtres de danse.

Arrivés au pont de la Tournelle, sainte Geneviève et l’enfant Paris plongèrent dans la Seine du haut du piédestal — olympisme oblige — pour rejoindre le bateau d’où elle appela les femmes de France, Marie Curie, George Sand, la comtesse de Ségur et Madame de Sévigné, Madame Vigée-Lebrun, Coco Chanel, Sarah Bernhardt et Jeanne d’Arc bien sûr qui réveilla son cheval place des Pyramides et rejoignit au galop les bords du fleuve. Louis XIV, pris dans l’élan, motiva lui aussi son cheval du Louvre pour sauter dans le cortège fluvial. Quai de Conti, les académiciens et écrivains, dramaturges embarquèrent, Molière, La Fontaine, Racine, La Bruyère emperruqués, Voltaire, Chateaubriand, Balzac, Dumas, Stendhal puis Bernanos, Péguy et Apollinaire en uniforme bleu horizon, Claudel, d’Ormesson en grande tenue verte : toutes ces grandes plumes qui ont laissé les pages immortelles de la littérature éternelle.

Au tour du Louvre et de la Sorbonne

Ce fut au tour du Louvre de remplir l’embarcation des peintres et sculpteurs, Puget et Girardon, Poussin et Claude Lorrain, Watteau, Fragonard, Géricault, et Cézanne, Matisse venus eux de la gare d’Orsay. De la Sorbonne et du quartier latin vinrent Thomas d’Aquin, Pascal, Montaigne, Richelieu et Huysmans. Cette incroyable foule de passagers des siècles accosta au Trocadéro dont le nom évoque l’exploit du corps expéditionnaire français pour rétablir le roi Ferdinand VII d’Espagne. De l’École militaire, les grands capitaines des batailles pour la France se joignirent au cortège. L’on vit du Guesclin et Bayard, d’Artagnan, Turenne, Murat, Lyautey, Joffre traversant la Seine rejoints par Foch qui n’avait pas beaucoup de chemin à faire.

Que de personnalités, d’énergie et de persévérance, que de talents qui illustrèrent la France.

Que de personnalités, d’énergie et de persévérance, que de talents qui illustrèrent la France, impossible de citer l'aréopage des hommes et femmes qui ont forgé notre culture. Ces grands noms de tous les temps envahirent les tribunes laissées vides par les officiels et les athlètes ; ils se mirent à remémorer leurs exploits d’hier et à évoquer les grandes causes de demain, les combats de la liberté à mener pour les siècles à venir. Ils ont donné leur force, leur intelligence, leur cœur pour la France, ils ont consacré leur âme à notre pays pour lui donner des racines et des espérances, autant de modèles et de responsabilités pour les enfants des générations futures.

Au petit matin

Alors que les premières lueurs commençaient à percer à travers le treillage de la tour Eiffel, un souffle léger les dispersa et un grand silence recouvrit le stade du Trocadéro. Au petit matin, les équipes de nettoyage prirent possession de l’espace. Un Nigérien fraîchement naturalisé français trouva un livre. Sur la couverture, il lit Anthologie de la poésie française de Georges Pompidou. Il s’assit et commença à feuilleter : "Ah, quelle est belle, très belle, la France !"

Un peu ringard d’évoquer cette vieille France ? Et pourtant, les films actuels plongent leur inspiration dans notre histoire, les hôpitaux portent des noms de célébrités, comme les écoles ou les avenues, la musique reprend sans parfois le dire les mélodies d’antan… éternelle histoire. Nos racines chrétiennes n’ont jamais été aussi visibles que dans ce Paris olympique : Notre-Dame bien-sûr, l’Ile Saint-Louis et la Sainte-Chapelle, les églises et les saints et religieux qui nomment gares et métro : Abbesses, Cardinal-Lemoine, Germain, Michel, Lazare, Denis entre autres et le Sacré-Cœur qui veille sur Paris et la France. La culture demeure, le sport brille de tous ses feux. Qu’il nous enchante le temps d’un été.

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