"L’humilité est la porte d’entrée de toutes les vertus", a rappelé le pape François en mai 2024 lors d’une audience générale. "L’humilité est tout. C’est elle qui nous sauve du Malin et du danger de devenir ses complices." Prédicateur et écrivain de renom, résistant et membre de l’Académie française, le père Ambroise-Marie Carré (1908 - 2004), né un 25 juillet, y a consacré un puissant texte que l’on peut retrouver dans Croire avec vingt personnalités de l’Évangile. En décembre 1963, alors qu'il prépare la sixième série de ses conférences de carême qui auront un écho inouï, le père Carré est sollicité par Paul VI pour donner une retraite à Rome. À la clôture du concile Vatican II, il devient le premier Français à prêcher pendant une semaine devant le pape et la Curie. C'est en retrouvant les notes de cette époque que le père Carré a rédigé ce testament spirituel.
Pas toujours facile de reconnaître ses torts, d’accepter un échec ou de demander de l’aide ! Et pourtant, que ce soit dans son milieu professionnel ou dans sa vie personnelle, appréhender la réalité comme elle est, sans les illusions et les déformations de l’ego, aide à grandir, à s’épanouir et à bâtir une vie meilleure. Et ceci porte un nom : l’humilité. "L’humilité, c’est la vie vécue dans la vérité", avait l'habitude de dire sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. Contrairement à ce que beaucoup pensent, la véritable humilité ne demande pas à se rabaisser mais à s'ouvrir aux autres. Au lieu de vivre centré sur soi, on apprend à donner la première place à ce qui est au-delà de soi. Voici donc le texte du père Ambroise-Marie Carré pour toucher du doigt cet esprit d’humilité auquel chacun est appelé :
La foi qui cherche ne peut se passer d'humilité, d'audace, de confiance. Voilà ce que le Seigneur nous propose dans l'enfant (Mt 18, 1-5). Ce qui fait la valeur irremplaçable de "l'esprit d'enfance", qui n'a rien à voir avec l'infantilisme, c'est l'humilité. Ne l'oublions pas : c'est l'enfant que Jésus a donné en modèle à ses Apôtres qui étaient des hommes, qu'il avait choisis, qui avaient tout quitté pour le suivre et qui allaient devenir les colonnes de l'Église. L'humilité n'a pas toujours bonne presse car elle est mal comprise. Aujourd'hui, on dit que l'homme humble se déprécie. On nomme l'humilité "complexe d'infériorité" — ou bien l'on prétend qu'elle n'est jamais, qu'elle ne peut pas être sincère. Mais l'humilité chrétienne, plus originalement chrétienne que les autres vertus, car les philosophes de l'Antiquité l'ignoraient, joue un rôle essentiel. Elle nous situe dans la vérité de la condition humaine qui est dépendance à l'égard du Créateur et dépendance à l'égard du Rédempteur. Nous sommes constamment remis à Dieu, car la création et la rédemption continuent.