Deux kilomètres de long, 199 mètres de dénivelé et une pente en moyenne à 10,5%, avec des passages à 18%. Les chiffres pour décrire la rampe qui attend les cyclistes lors de la seconde étape du Tour de France entre Cesenatico et Bologne, sont particulièrement effrayants pour les connaisseurs.
Mais ce qui distingue cette montée est le cadre unique qu'elle va offrir aux spectateurs : bordée tout du long par un escalier protégé par des arcades rouges, typiques de la cité, elle rejoint un imposant sanctuaire qui semble veiller sur la ville aux trois noms, la Docte, la Grasse et la Rouge.
Cette série d’arcades compte parmi les plus longues du monde - 2,3 km. Financées par les grandes familles de Bologne, elles permettent de rejoindre le sanctuaire en partant depuis la Porte Saragozza, entrée au sud-est des murailles médiévales de la ville, sans risquer d'être atteint par la pluie.
Une météo capricieuse à l’origine du sanctuaire
L'origine de l'importance du sanctuaire est d'ailleurs liée à la météo capricieuse qui frappe souvent la capitale émilienne blottie sur les contreforts des Apennins. Au XVe siècle, les Bolognais ont porté en procession dans la ville l'icône de la Vierge qu'abrite le sanctuaire pour remédier à des inondations – avec succès.
Cette icône byzantine représentant la Vierge à l'Enfant aurait été peinte, selon la légende, par l'évangéliste Luc. On dit qu'elle a été apportée à Bologne par un ermite grec qui l'avait trouvée dans la basilique Sainte-Sophie à Constantinople. Elle repose aujourd'hui dans une magnifique église ronde en brique rouge du XVIIIe siècle.
Une ascension classée au patrimoine mondial de l’Unesco
Pour aller la contempler, les Bolognais doivent donc emprunter la 'Scalina', difficile ascension classée au Patrimoine mondial de l'Unesco et bordée, dit-on, de 666 arcades. Ce nombre évoque bien entendu le diable, que le pieux pèlerin se doit d'affronter dans son ascension pour obtenir l'indulgence promise à celui qui vient porter ses prières à la Madone locale.
Gageons que dans le combat plus temporel qui testera toutes leurs limites physiques et mentales, nos cyclistes donnent à voir, ce dimanche, quelque chose de la singulière lutte spirituelle du croyant. Saint Dominique, dont la tombe se trouve à Bologne, n'était-il pas qualifié par Dante d'"athlète de Dieu" dans la Divine Comédie ?