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Comment l’Église tente de raviver la flamme des vocations

Ordinations à la cathédrale Saint-Louis (Versailles).

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Anne-Sophie Retailleau - publié le 19/06/24
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En 2024, 105 nouveaux prêtres sont ordonnés. Une légère hausse en un an, mais qui demeure insuffisante. Pour susciter davantage de vocations, l’Église en France a poussé les diocèses à repenser la formation des séminaristes et l’organisation des prêtres en paroisse.

Depuis des décennies, le nombre de prêtres ordonnés diminue drastiquement en France. Si 2024 enregistre une légère hausse avec 105 nouveaux prêtres, ce chiffre est loin d’être suffisant pour inverser la tendance. Peu d'hommes se lancent aujourd’hui dans une formation pour embrasser le ministère sacerdotal. Depuis quelques années, ces chiffres inquiétants poussent l’Église en France à repenser la formation des jeunes et la pastorale pour susciter des vocations. Pour les évêques, la première difficulté est la transmission de la foi dans les familles, facteur essentiel pour la naissance de futures vocations chez les enfants. Jason Nioka, qui sera ordonné prêtre le 23 juin pour le diocèse de Meaux, confirme l’importance de la foi de ses parents dans son cheminement vers le sacerdoce. "Ma maman a été une figure très importante, elle a la foi et a toujours voulu la transmettre à ses enfants", raconte le jeune homme de 28 ans. "Nous organisons des week-ends de discernement pour les jeunes dans nos différents diocèses, et nous portons la même intention à la pastorale des jeunes et des familles", note Mgr Bertrand Lacombe, archevêque d’Auch (Gers), membre du Conseil pour les ministres ordonnés et les laïcs en mission ecclésiale et président du Conseil National du Diaconat. "Je participe donc à des pèlerinages pour les pères de famille et les mères de famille, ce qui permet de voir comment les parents réagissent à l’idée d’une vocation religieuse chez leurs enfants." 

Une formation adapatée aux besoins de chaque séminariste

Une fois le séminaire intégré, les futurs prêtres bénéficient d’une attention plus particulière de la part de leurs encadrants. Les besoins spécifiques de chacun sont mieux pris en compte dans certains diocèses, notamment depuis la formation de séminaires interdiocésains. "L’évêque [de Meaux] a le soin d’envoyer les séminaristes dans différents lieux selon leur profil", précise Jason Nioka. "Par exemple, ceux qui avaient une appétence pour les études étaient envoyés à Paris, et d’autres pour lesquels c’est un peu plus difficile, à Ars. Dès la formation, les évêques sont donc plus vigilants pour savoir quelle est la formation la plus appropriée pour déployer une vocation de pasteur, et qu’elle ne soit pas cantonnée au niveau universitaire."

Mais la figure du prêtre a aussi souffert des affaires de mœurs qui ont meurtri l’Église ces dernières années. Pour les futurs prêtres, cette crise a conduit à repenser une partie de leur formation en séminaire. "Chaque année, nous avons des sessions de formation qui nous sensibilisent sur certaines questions, notamment les questions autour du célibat consacré au cours du second cycle [de la troisième à la sixième année, ndlr]", explique Jason Nioka. "Je fais partie de cette génération de prêtres qui vont être ordonnés après le rapport de la Ciase, et nous sommes évidemment très sensibilisés à ces questions. Aborder tout cela fait maintenant partie de la formation intégrante des futurs prêtres, et ceux qui le veulent peuvent aussi être accompagnés par un psychologue." Malgré cette page difficile dans l’histoire de l’Église, la nouvelle génération de jeunes qui s’apprêtent à devenir prêtres veut témoigner haut et fort de la joie d’aimer le Christ. Les jeunes séminaristes partagent aussi plus volontiers leur quotidien sur les réseaux sociaux. "On veut être visibles aujourd’hui", ajoute Jason. "Je pense qu’aujourd’hui, nous sommes presque tous habillés en noir." 

Favoriser une vie communautaire

Les évêques entendent aussi trouver des solutions pour améliorer les conditions de vie des prêtres parfois difficiles et déroutantes pour de potentiels candidats. Et pour certains diocèses, Depuis quelques années, les diocèses entendent développer la solidarité entre les prêtres dans leur vie quotidienne. "Personnellement, j’encourage à la vie fraternelle", assure ainsi Mgr Bertrand Lecombe, qui précise néanmoins laisser la liberté de choix aux prêtres de son diocèse. La vie communautaire pour les prêtres tend à se développer aussi dans des zones plus rurales, afin d’éviter un isolement trop pesant. C’est par exemple le choix du diocèse des Vosges, pour lequel vient d’être ordonné un prêtre, Paul Petitdemange. "On a une vie d’équipe de prêtres, c’est une vie communautaire mais pas aussi intense que la vie religieuse", confiait-il à Aleteia. "Ça consiste à partager au moins un repas commun par semaine, à prendre le temps de se donner des nouvelles régulièrement, à prier ensemble, à réfléchir à des questions pastorales et théologiques pour se former ensemble."

Pour ces hommes qui font le choix radical de donner leur vie entière au Christ, une seule chose demeure la plus importante : la prière des fidèles. Depuis 15 ans, les diocèses demandent régulièrement aux paroisses de prier spécifiquement pour les vocations. Pour Jason Nioka, cette prière des fidèles est indispensable pour voir fleurir des vocations chez les jeunes. "La prière porte beaucoup de fruits. Mon évêque a beaucoup fait prier pour les vocations et les fidèles du diocèse ont su se l’approprier. Cette année, il y a trois prêtres et trois diacres ordonnés dans la cathédrale de Meaux, les prêtres aînés du diocèse disent ne pas avoir vu ça depuis plus de 50 ans !" La plupart des ordinands seront ordonnés prêtres le 23 juin, dimanche qui précède la fête de saint Pierre et saint Paul.

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