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L’intelligence artificielle au secours des vitraux de Chartres

Cathédrale Notre-Dame de Chartres

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Morgane Afif - publié le 28/04/24
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Alors que la cathédrale de Chartres s’apprête à célébrer cette année le millénaire de sa fondation, le Centre international du vitrail (CIV) envisage de rendre accessibles ses vitraux à tous les visiteurs grâce à l’intelligence artificielle.

“Ils sont beaux ces vitraux, mais on n’y comprend rien”. Trop hauts, trop loin, trop lointains, c’est au hasard d’une visite de la cathédrale que, de ce constat adressé par une jeune adolescente à sa mère, a germé l’idée de rendre accessibles ces chefs-d'œuvre de l’art sacré. Le nom de ce projet, lui, n’est pas insignifiant : "De l’écrin à l’écran", pour porter à l’écran le trésor de l’écrin, celui de la cathédrale de Chartres. Porté par le centre international du vitrail de Chartres (CIV), l’outil, imaginé comme une application gratuite téléchargeable sur téléphone, a vocation à “mettre en valeur ses vitraux pour les expliquer au grand public, à une époque où rare sont ceux qui connaissent l’histoire que ceux-ci racontent, grâce à l'intelligence artificielle” estime Jean Touchard, chef du projet. 

Rendre lisibles des motifs inaccessibles 

Pour cela, un travail de numérisation des vitraux a déjà commencé, mené par un photographe spécialisé professionnel, pour concevoir à terme une base de données monumentale destinée au grand public, mais aussi aux professionnels et aux universitaires. “Nous sommes partis de deux constats, explique Jean Touchard. Si les visiteurs sont émerveillés par les vitraux, d'une part ils n’en comprennent pas l’iconographie et d’autre part, puisqu’ils peuvent s’élever à plus de 30 mètres du sol, leur situation dans l’édifice rend leur lisibilité excessivement difficile”.

L’idée d’une application mobile est quant à elle novatrice, souligne le chef de projet : “aujourd’hui, quand on visite la cathédrale, comme dans n’importe quelle église, on lève la tête pour regarder les vitraux, puis on la baisse pour lire des informations glanées sur internet sur l’écran de son téléphone. L’éloignement fait qu’on a ensuite du mal à se repérer pour retrouver ce qu’on était en train d’observer. L’idée, encore en phase de financement, est au contraire de se servir de l'écran comme d’une interface qui instaure un dialogue entre le vitrail et le visiteur. Celui-ci n’aura plus qu’à pointer son téléphone vers le vitrail pour que l’intelligence artificielle (IA) le déchiffre et rende immédiatement accessible l’histoire qu’il raconte, qu’il s’agisse des batailles de Charlemagne ou de la vie de la Vierge Marie”. 

Cathédrale Notre-Dame de Chartres

La technologie au service de l’iconographie

C’est précisément l’IA qui rend possible l’achèvement de cette idée, en assurant le support technique de l’algorithme. Les données, elles, seront fournies par un comité scientifique composé de chercheurs et d’universitaires. Parmi eux, Jean-Paul Deremble, spécialiste de l’iconographie médiévale ; Mathieu Lours, spécialiste des cathédrales et Mgr Bousquet, membre du Conseil pontifical de la Culture. Concrètement, l’IA permettra d’identifier la position du visiteur dans l’église, l’inclinaison et la distance du téléphone vis-à-vis du vitrail, pour savoir ce que le visiteur regarde, puis d'en identifier le motif pour en fournir l’interprétation. “C’est à partir des algorithmes de caméras embarquées de voitures et de reconnaissance faciale que l’intelligence artificielle pourra identifier toutes ces données et les interpréter, souligne le chef du projet. Quand le visiteur pointe son téléphone, la caméra, grâce à l’IA, reconnaît la scène et le texte défile”. L’usage du téléphone, lui, se justifie par les contraintes imposées par un édifice inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco qui ne permettent pas l’installation de supports pérennes dans la cathédrale. Novatrice, la technologie n’est donc qu’un moyen pour permettre à un public qui a perdu le vocabulaire et les références religieuses de comprendre et de déchiffrer l’histoire sainte que racontent ces vitraux millénaires, témoins silencieux et bigarrés de dix siècles de prière. 

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