Pour son premier voyage de l'année 2024, le pape François se rendra à Venise, où il est attendu le 28 avril. Le Pape n’avait pas fait de déplacement depuis celui en France, effectué en septembre dernier, à Marseille. Avec Venise, il inaugure une sorte de tournée dans le nord-est de l’Italie, puisqu’il doit se rendre à Vérone en mai et à Trieste en juillet.
Ce déplacement survient en outre peu de temps après l’annonce d’un grand voyage international de douze jours en Asie du Sud-Est et en Océanie prévu pour le mois de septembre. Ce dernier a relancé le débat sur la capacité du Pape à continuer à voyager, et Venise devrait apporter une première réponse à cette question. En plus de ses difficultés en termes de mobilité qui sont devenus récurrents ces dernières années, le Pape a en effet rencontré des problèmes de santé ces derniers mois, le forçant à annuler au dernier moment un déplacement aux Émirats arabes unis en décembre 2023, ou sa participation à certains événements à Rome, notamment la dernière Via Crucis. Cependant, les cardinaux Christophe Pierre et François Bustillo, de passage à Rome le week-end dernier pour la prise de possession de leur paroisse cardinalice, ont rencontré le Pape et assuré l’avoir trouvé en bonne forme.
Ce déplacement est le 37e voyage en Italie de François, qui, en tant que primat d’Italie, a visité la plupart des grandes villes de la Botte. Il s’est rendu à six reprises à Assise, ville du saint dont il a pris le nom.
Dans les pas des cinq précédents papes
Le pape François est le quatrième pape à se rendre à Venise depuis la Seconde Guerre mondiale. Paul VI avait fait le déplacement en 1972, pendant lequel il avait remis son étole papale au patriarche de l’époque, Mgr Albino Luciani – qui sera son successeur sous le nom de Jean-Paul Ier. Jean-Paul II avait visité la lagune en 1985, tout comme Benoît XVI, qui y était même resté une nuit en mai 2011. À Venise, François marchera aussi dans les pas de deux anciens patriarches : Jean-Paul Ier, qu’il a béatifié en 2022, et Jean XXIII, canonisé en même temps que Jean Paul II il y a dix ans – le 27 avril 2014. Un autre pape cher au cœur du pape argentin a dirigé le patriarcat vénitien, entre 1893 et 1903 : saint Pie X.
Une journée intense
Le pape François effectuera les 400 km qui séparent Rome de Venise en hélicoptère, pour une durée de vol estimée à une heure et demie. L’AgustaWestland blanc du pontife doit se poser sur la place centrale de la Maison de réclusion pour femmes de l’île de la Giudecca, au sud du centre historique, aux alentours de 8h30.
Le Pape sera accueilli par le commandant de la police pénitentiaire, par la responsable des prisons de Vénétie et par Mgr Francesco Moraglia, patriarche de Venise depuis 2012. Il rencontrera les prisonnières et le personnel dans la cour de la prison. Après avoir prononcé un discours, il gagnera l’église de la Madeleine, une chapelle du XVIe siècle qui se trouve à l’intérieur du centre. Là, aux alentours de 9h, il échangera avec les neufs artistes que le Saint-Siège expose dans son pavillon national à l’occasion de la Biennale de Venise, et prononcera un second discours.
Le pavillon du Saint-Siège
Le pavillon du Saint-Siège pour la Biennale organise une exposition intitulée « Avec mes yeux », dont le commissaire est le cardinal José Tolentino de Mendonça, préfet du dicastère pour la Culture et l’éducation. Ayant impliqué les prisonnières dans sa conception, ce pavillon a pour but de proposer un autre regard au visiteur, en s’éloignant d’une forme de voyeurisme trop présente dans la société contemporaine, et incitant à un regard qui, au contraire, touche la réalité.
Une des œuvres principales se trouve sur la façade de la prison : il s’agit d’une photographie monumentale de deux pieds d’une personne allongée, qui peut rappeler le célèbre ‘Christ’ d’Andrea Mantegna. Elle est signée par l’artiste italien Maurizio Cattelan, célèbre pour ses œuvres controversées, notamment La Neuvième heure, une statue de Jean Paul II écrasée par une météorite réalisée en 1999.
Une messe place Saint-Marc
Le Pape quittera ensuite l’île de la Giudecca en vedette rapide pour rejoindre ‘La Salute‘, célèbre basilique de marbre blanc construite au XVIIe siècle pour remercier la Vierge Marie d’avoir protégé Venise contre une épidémie de peste. Il y rencontrera une délégation de jeunes de la région et prononcera un troisième discours.
Puis le pape François quittera la basilique et traversera un ‘pont de barques’, comparable aux ponts votifs construits lors des grandes fêtes religieuses de la Sérénissime. Cela lui permettra, en présence du maire et du préfet de la ville et du président de la région de la Vénétie, de traverser à pied le Grand Canal afin de rejoindre la place Saint-Marc. Là, le pontife célébrera la messe dominicale en présence de la communauté catholique de la ville, et prononcera l’homélie et la prière mariale du temps de Pâques, le Regina Caeli. Il se recueillera ensuite dans la basilique Saint-Marc devant les reliques de l’Évangéliste, patron de la cité, dont la fête, le 25 avril, aura précédé seulement de quelques jours sa venue.
Seul changement au programme : le Pape repartira depuis son point d’arrivée, contrairement à ce qui avait été annoncé par le Saint-Siège au départ. Il retournera donc à la prison pour femmes de la Giudecca pour un décollage prévu à 13h, et atterrira sur l’héliport du Vatican à 14h30.