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Belles Histoires
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Les malheurs de l’impératrice Adélaïde, la sainte patronne des belles-mères

SAINTE-ADELAIDE-GODONG

Fred de Noyelle / Godong

Sainte Adélaïde.

Anne Bernet - publié le 15/12/23

Impératrice du Saint-Empire, la princesse Adélaïde passa sa vie à démêler les conflits familiaux, comme épouse, belle-mère ou régente… avec fermeté, patience et charité. L’Église fête sa mémoire le 16 décembre.

Au martyrologe, il est laconiquement indiqué : “Adélaïde, impératrice, veuve”, mentions qui pourraient laisser supposer une vie privilégiée. Pourtant, la vie de cette princesse bourguignonne devenue sainte ne fut pas un long fleuve tranquille, tant s’en faut ! Née en 931 à Orbe, aujourd’hui en Suisse, Adélaïde est fille de Rodolphe II de Bourgogne et de Berthe de Souabe. À seize ans, elle épouse, selon les vues de son père, Lothaire, fils du roi d’Italie, Hugues d’Arles. Selon quelques chroniqueurs, que l’on espère mensongers, Hugues, trouvant jolie la fiancée de son fils, abuse d’elle avant la célébration des noces, puis, le père de la mariée étant mort, ce beau-père indigne en profite pour épouser sa veuve. 

Elle réussit à s’évader

Les mœurs de l’époque sont rudes. Adélaïde et Berthe, pareillement victimes de calculs politiques, n’ont rien à dire dans l’affaire. Sur ce, Hugues décède et Lothaire monte sur le trône d’Italie. Pas longtemps. Un rival, Bérenger d’Ivrée, lui arrache le pouvoir, puis le fait emprisonner avec sa femme et la fille qui vient de leur naître. Cette usurpation mécontente l’empereur de Constantinople qui cherche à reprendre pied en Italie et menace d’intervenir. Bérenger coupe court à la menace en assassinant Lothaire puis exige qu’Adélaïde l’épouse.

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Vitrail de la chapelle royale de Dreux mettant en scène la charité de sainte Adélaïde.

Les historiens sont partagés sur les sentiments de celle-ci envers son défunt époux. Les cinq années de leur union ont-elles été un long cauchemar ou, au contraire, modèle des épouses chrétiennes, la jeune reine a-t-elle fini par aimer tendrement son mari ? L’on ne le sait mais le fait est que la veuve, révélant un caractère déterminé, refuse cette proposition douteuse, bien que ce refus lui vaille une incarcération plus rigoureuse. Peu après, en juillet 951, elle réussit à s’évader et trouve refuge à Pavie. Certaine que Bérenger va la poursuivre, elle parvient à appeler à son secours le roi Otton de Germanie, plus proche que l’empereur et qui va, en effet, se précipiter à son  secours. 

“La main de Dieu me frappe”

Tout se paye… À la fin de l’année, Adélaïde, qui a besoin d’un protecteur et, finalement, n’était pas inconsolable, épouse Otton avec la bénédiction du pape Agapit. Quatre enfants, un fils et trois filles, dont deux prendront le voile, naîtront de ce remariage. Très vite, Adélaïde prend l’ascendant sur son mari. Généreuse et modèle de pardon des offenses, elle l’amène à restituer à Bérenger, qui l’a tant maltraitée, les domaines qu’il a perdus, puis l’incliner à défendre les intérêts de la papauté, appui que Jean XII récompense en donnant au couple la couronne impériale en 972. Juste à temps car Otton Ier meurt l’année suivante, laissant Adélaïde tutrice et régente du jeune Otton II pour lequel elle négocie la plus prestigieuse des alliances en obtenant la main d’une princesse porphyrogénète, Théophanô de Byzance, fille de l’empereur.

Hélas, ce triomphe diplomatique va transformer sa vie pour le pire. Grisé par cette glorieuse union, Otton, garçon difficile, inconstant et débauché, las des reproches de sa dévote mère, décide de se débarrasser de son encombrante tutelle, tâche en laquelle Théophanô, qui déteste sa belle-mère, le seconde avec tant de zèle qu’Adélaïde, à bout d’humiliations, quitte la cour et se réfugie à Vaud pour s’adonner à la prière et aux œuvres de charité. À ceux qui la plaignent, elle dit, résignée et lucide : “La main de Dieu me frappe pour me guérir de mes faiblesses, surtout des séductions du monde et de mon amour propre”, avouant payer ses combinaisons politiques et son goût des succès mondains.

Adelaïde ne cède pas

Son départ irrite le peuple, attaché à l’impératrice, qui réclame son retour de façon assez menaçante pour que le couple impérial se résolve à la rappeler. Un temps, parce qu’Adélaïde, fidèle à elle-même, s’ingénie à trouver un terrain d’entente, la réconciliation fonctionne. Jusqu’à la mort du jeune empereur, à Rome en 983, à 29 ans… Prouvant à qui va sa confiance, Otton II a eu la sagesse de laisser la tutelle de son fils et héritier, le petit Otton III, à sa grand-mère, au détriment de l’orgueilleuse Théophanô qui ne l’entend pas de cette oreille et s’ingénie, jusqu’à la majorité du garçon, à disputer férocement le pouvoir  à son aïeule. Cette fois, Adélaïde ne cède pas et reste ferme à son poste de régente jusqu’à la majorité de son petit-fils, en 996. 

Deux ans plus tôt, la mort de Théophano a libéré le jeune homme de cette mauvaise conseillère et Adélaïde, rassurée sur l’avenir de l’Empire, renonce au pouvoir pour rentrer dans sa Bourgogne natale où elle œuvre à réconcilier ses neveux, fils de son défunt frère Conrad, prêts à s’entretuer pour le pouvoir. Retirée au couvent qu’elle a fondé à Selz, en Alsace, l’impératrice distribue sa fortune aux pauvres et à l’Église avant de s’éteindre, le 16 décembre 999 parmi ses moniales. Elle est la patronne des belles-mères, des familles nombreuses et est invoquée afin de résoudre les conflits familiaux.

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