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Éducation à la sexualité : doit-on s’inquiéter ?

SEX-EDUCATION

Sergey Hramov I Shutterstock

Mathilde de Robien - publié le 14/12/23

Le Conseil supérieur des programmes, chargé d’élaborer le contenu des séances d’éducation affective et sexuelle à l’école, est prié de s’appuyer sur les recommandations de l’OMS. Mais certains professionnels de la psychologie de l’enfance alertent sur l’approche de l’OMS, selon laquelle l’enfant aurait une sexualité dès la naissance. Pour Ariane Bilheran, l’enfant n’a pas encore de sexualité, et l’y exposer trop tôt peut engendrer de graves traumatismes psychiques.

Depuis 2001, la France a acté la tenue de trois séances d’éducation à la vie sexuelle et affective entre le CP et la terminale. Mais un audit de l’inspection générale de l’éducation, remis au gouvernement en 2021, a montré que moins de 20% des élèves bénéficiaient de ces trois séances au cours de leur scolarité. Pour y remédier, le précédent ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye, a saisi le Conseil supérieur des programmes le 23 juin dernier, le chargeant d’élaborer le contenu de ces séances. Le Conseil devait initialement rendre ses conclusions en novembre mais rien ne filtre pour le moment. Est-ce par crainte de provoquer une levée de boucliers à l’instar des manifestations qui ont éclaté en septembre en Belgique contre le décret EVRAS, ou bien parce que le nouveau ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal a d’autres priorités pour l’avenir de l’école ? Dans tous les cas, le gouvernement temporise, au grand dam des associations militantes qui ont publié début novembre un livre blanc pour “rendre effective” l’éducation à la sexualité.

Pourquoi les futurs programmes d’éducation à la sexualité peuvent-ils légitimement inquiéter ? Parce que le Conseil supérieur des programmes est prié de fonder ses propositions sur les recommandations des institutions nationales et internationales telles que l’OMS. Or les préconisations de l’instance internationale sont loin de faire l’unanimité. Ariane Bilheran, philosophe, psychologue clinicienne et docteur en psychopathologie, alerte depuis plusieurs années sur l’approche adoptée par l’OMS dans ce domaine. Selon elle, “les Standards pour l’éducation sexuelle en Europe de l’OMS posent un sérieux problème de contre-vérités scientifiques et de contenu”. Entretien.

Aleteia : Que préconisent les textes de l’OMS en matière d’éducation affective et sexuelle des enfants ?
Ariane Bilheran : L’OMS a établi un document intitulé Standards pour l’éducation sexuelle en Europe, qui part du postulat que l’enfant naîtrait avec une sexualité. En voici quelques extraits : “En explorant leurs sentiments et désirs sexuels, et en posant des questions, les enfants en apprennent plus sur la sexualité.” À la page 24, on parle “d’activité sexuelle” chez l’enfant. Il est précisé : “Le développement sexuel commence à la naissance.” Dans cette “matrice”, il s’agit que l’enfant, dès “0 an”, apprenne des “compétences” en matière de sexualité et développe des “attitudes”. Ainsi, le document préconise d’informer l’enfant entre 0 et 4 ans sur “le plaisir et la satisfaction liés au toucher de son propre corps, la masturbation enfantine précoce”, “la découverte de son propre corps et de ses parties génitales”.

Pourquoi n’est-ce pas souhaitable voire dangereux d’affirmer que l’enfant naît avec une sexualité ?
Nous, professionnels et experts de la psychologie de l’enfance, de la pédopsychiatrie, affirmons qu’il s’agit là de contre-vérités scientifiques. L’enfant n’a pas encore de sexualité, et venir l’exposer à la sexualité est susceptible d’engendrer des traumatismes psychiques graves. Ces textes, en affirmant cette contre-vérité scientifique d’après laquelle l’enfant aurait une sexualité dès la naissance, exposent considérablement les enfants et sont susceptibles d’entraver leur bien-être psychologique, somatique, biologique et émotionnel. 

La présentation de contenus sexualisés inadéquats car trop précoces et idéologiquement orientés est dangereuse parce que cela traumatise de nombreux enfants.

La présentation de contenus sexualisés inadéquats car trop précoces et idéologiquement orientés, faite en groupe, sans respect de la vie intime, par des intervenants à qui on ne demande pas le casier judiciaire, et qui n’exercent pas de responsabilités professionnelles en matière de psychisme de l’enfant, est dangereuse parce que dans les faits, cela traumatise de nombreux enfants. Des collectifs de parents alertent sur le terrain, dont Parents en colère. Cette contre-vérité scientifique est aussi dangereuse car elle oriente les enfants vers des traitements hormonaux et des mutilations génitales irréversibles, qui les condamneront définitivement à ne jamais atteindre le “plaisir” sexuel que revendique l’OMS et les empêcheront de se reproduire lorsqu’ils seront adultes.

L’OMS est composée de médecins, de chercheurs, de scientifiques… Sur quoi s’est-elle appuyée pour élaborer ces “standards” européens ?
Nous avons affaire selon moi à une infiltration idéologique qui provient des “recherches” du sexologue Alfred Kinsey (1894-1956). La professeur américaine Judith Reisman soutient que cet homme, très controversé, organisait des viols sur des mineurs. Parmi les références des “standards” de l’OMS, l’une renvoie à la “Déclaration des droits sexuels” de l’IPPF, la fédération internationale des planning familiaux. L’IPPF ne reconnaît pas d’âge minimum pour fixer un consentement en matière de sexualité. Or, la “Déclaration des droits sexuels” cite Siecus, une organisation de “pédagogie sexuelle” acquise aux théories d’Alfred Kinsey lequel préconisait de sexualiser les enfants le plus rapidement et encourage. Siecus encourage d’enseigner l’idéologie de Kinsey comme “éducation sexuelle dans nos écoles”.

Les guides EVRAS pour la Belgique et EDSENS pour la France se fondent tant dans leur contenu que leur référence sur ces “Standards pour l’éducation sexuelle en Europe”.

Un rapport de l’American Legislative Exchange Council en avril 2004 illustra clairement la connexion entre Kinsey, Siecus et l’IPPF et dénonça les “études” de Kinsey comme étant des “sciences de pacotilles”. Le Time Magazine, en 1980, a conclu que le Siecus faisait partie d’un “lobby universitaire pro-inceste… menant une campagne pour ébranler le tabou de l’inceste”. En résumé, l’éducation sexuelle d’EVRAS et d’EDSENS s’appuie sur l’OMS, laquelle s’appuie sur l’IPPF, laquelle s’appuie sur Siecus. Les guides EVRAS pour la Belgique et EDSENS pour la France se fondent tant dans leur contenu que leur référence sur ces Standards pour l’éducation sexuelle en Europe.

“L’éducation à la sexualité” est une obligation légale mentionnée dans le code de l’éducation. Qu’en pensez-vous ? Est-ce à l’école d’assurer une “éducation à la sexualité” ? Si non, à qui revient la responsabilité de l’inculquer ?
“L’éducation à la sexualité” est une obligation légale par la loi en France, mais cette loi est contraire au bloc conventionnel du Droit, aux normes juridiques supérieures. Et force est de constater qu’elle viole tout le corpus juridique en matière de protection des mineurs et notamment la Convention Internationale des droits de l’enfant qui affirme le droit et le devoir primordiaux des parents dans l’éducation des enfants. Je renvoie sur ce point au livre Protéger les mineurs de l’idéologie totalitaire. “Éducation sexuelle” et changement de mœurs, de Maître Virginie de Araújo-Recchia, qui fait le point sur les lois en vigueur en matière de protection des enfants, et leur violation par cette idéologie de l’OMS qui s’immisce dans les États. Au niveau du Droit, la sexualité a glissé du registre de la vie privée à la santé, et est maintenant en train de devenir une matière comme les mathématiques ou le français, dont l’enseignement serait obligatoire. Il s’agit là d’une fraude juridique.

Pratique

L’imposture des droits sexuels, Ariane Bilheran, Bookelis, 2022.

Tags:
ÉcoleÉducationEnfantsSexualité
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