Mort le 6 décembre 343 à Myre, ville anatolienne dont il est évêque depuis l’an 300, Nicolas a inspiré, sous le nom de Santa Claus ou Santa, le personnage laïcisé du Père Noël. Il a été longtemps l’un des saints les plus célèbres et populaires de la chrétienté, en raison des innombrables miracles qui lui ont été attribués de son vivant même. Mais savez-vous pourquoi il est le patron des jeunes filles à marier, des marins, et des enfants ?
Protecteur des jeunes filles
Né à Patara, sur la côte lycienne, vers 270, dans une riche famille chrétienne, Nicolas hérite, à la mort prématurée de ses parents, victimes d’une épidémie de peste, d’une fortune considérable. Élevé par son oncle maternel, un autre Nicolas, il lui succède sur le trône épiscopal de Myre peu avant que débute, en 303, la très violente, et, en Orient, interminable, persécution de Dioclétien à laquelle, bien qu’emprisonné et torturé, il survit. Désormais entouré d’une réputation méritée de confesseur de la foi, Nicolas, confronté à la grande misère de son peuple, utilise sa fortune pour le soulager.
Un jour, apprenant que son voisin, dans l’impossibilité, faute de dots, de marier convenablement ses trois filles, envisage de les "prostituer", qu’il faille prendre ce terme au pied de la lettre ou comprendre qu’il veut monnayer des mariages répugnants mais avantageux, il décide d’en sauver ces demoiselles et, afin de ménager la susceptibilité paternelle, plusieurs jours de suite, jette par sa fenêtre qui donne sur leur jardin, des bourses d’or suffisantes pour leur permettre de s’établir dignement. Ce geste délicat de charité justifie que Nicolas protège les jeunes filles, et leur pureté.
Patron des gens de mer
Myre est une cité portuaire et de nombreux équipages faisant route vers Constantinople, y font relâche. Une époque vient où la région est dévastée par la disette. Profitant que la flotte de l’annone [approvisionnement, ndlr], qui assure chaque automne le ravitaillement en blé de la capitale, victime du mauvais temps, a cherché refuge dans le port, Nicolas propose aux capitaines de leur acheter, à ses frais, assez de grain pour assurer du pain à son diocèse jusqu’aux prochaines récoltes. Les officiers refusent car ils ne peuvent rien distraire de leur cargaison. Nicolas affirme que, s’ils acceptent, à l’arrivée, leur chargement sera conforme au poids indiqué sur les documents de bord ; ils se laissent convaincre, non sans réticence, et, sur les quais du Bosphore, constatent, ahuris, que l’évêque de Myre a dit vrai : leur cargaison est intacte, comme s’ils n’en avaient pas laissé une partie en Anatolie.
Nicolas s’impose, en Méditerranée, particulièrement en Grèce, mais aussi ailleurs, comme patron des gens de mer.
Dès lors, la réputation de Nicolas se répand dans tout l’Orient, surtout parmi les équipages, de sorte que, peu après, leur navire pris dans une violente tempête; des marins en perdition invoquent son secours tel celui d’un saint défunt. Et voilà qu’à leur stupeur, ils voient apparaître sur le pont un évêque à longue barbe, sa crosse à la main, qui bénit les flots, commande aux vents au nom du Christ, et calme d’un coup les éléments en furie. L’histoire, authentique, constitue l’un des premiers cas de bilocation rapportés dans l’histoire du catholicisme. Dès lors, Nicolas s’impose, en Méditerranée, particulièrement en Grèce, mais aussi ailleurs, comme patron des gens de mer.
Patron des enfants
Quant aux petits enfants… Tout le monde se souvient de la célèbre Complainte de saint Nicolas : "Il était trois petits enfants qui s’en allaient glaner aux champs", et de la suite, horrible puisque les gamins, surpris par la nuit, demandent hospitalité à un boucher qui les assassine, les coupe en morceaux, les met "au saloir comme pourceaux" dans l’intention d’en faire du petit salé et du pâté, dessein criminel déjoué par saint Nicolas qui ressuscite les petits. L’histoire doit tout, en fait, à l’imagination du dominicain Jacques de Voragine, auteur de La Légende dorée. Cependant, il y a bien dessous un fond de vérité.
En fait, il ne s’agit pas d’enfants mais de trois jeunes officiers de l’entourage de Constantin, qui, calomniés auprès de l’empereur, sont injustement condamnés à mort par leur très emporté souverain. Étant peu avant passés par Myre, ils ont assisté à la libération, à la prière de l’évêque, de trois innocents, comme eux condamnés à tort, ce qui leur donne l’idée d’en appeler à Nicolas, à 300 kilomètres de leur prison. Nouveau miracle de bilocation, dont le prélat semble coutumier : en pleine nuit, il surgit dans la chambre de l’empereur et l’admoneste pour ses emportements et sa mauvaise justice, de sorte qu’à l’aube, Constantin libère les officiers et les envoie à Myre remercier Nicolas. De là vient son rôle de patron des enfants, plus spécialement des garçons, et sa réputation d’offrir libéralement des présents.
Pourfendeur du paganisme
Cela dit, l’évêque de Myre fut aussi un redoutable pourfendeur du paganisme, puisqu’il fit démolir dans sa ville le temple d’Artémis, ce qui lui valut, dit-on, la fureur du démon qui s’y faisait adorer et persécuta longtemps ses dévots ; il fut aussi, lors du concile de Nicée, en 325, le hardi défenseur de la divinité du Christ et osa gifler en public, ce qui lui valut de retourner en prison, l’hérétique Arius qui s’en proclamait le négateur. À l’époque, on ne plaisantait pas avec l’honneur du Sauveur !