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"Ah ! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais", s’exclame le prophète Isaïe lorsqu’il implore Dieu (Is 63, 19). Ce cri de douleur et d’espérance retentit dans toute l’histoire sainte. C’est le cri de ceux qui n’ont plus de secours en ce monde, qui n’en peuvent plus. Et c’est un enfant, un enfant-Dieu, Jésus, qui, à la crèche, y répond. Le Verbe éternel a déchiré les cieux, il s’est exilé du Saint des Saints, dans le Temple céleste de la Trinité. Depuis la quiétude bienheureuse de son éternité, le Verbe de Dieu est entré dans le fracas du temps, fendant en deux le voile du sanctuaire pour descendre parmi les hommes se faire une demeure en la Vierge Marie.
La complainte de l’homme sans Dieu
Dans la nuit de l’humanité, un éclair a déchiré le ciel, et ce fut Jésus-Christ, il y a deux mille ans. Et depuis ? Rien, apparemment, ou si peu. L’obscurité a repris ses droits sur la terre. La lueur née à Bethléem semble avoir été éteinte. L’Évangile nous demande de veiller pour une deuxième venue du Christ, définitive cette fois, et dans la gloire… Mais rien ne vient ! L’Évangile semble s’être refermé pour toujours. Et c’est la littérature qui désormais devient le lieu de la complainte de l’homme sans Dieu. Un homme sans Dieu d’autant plus malheureux qu’il a eu, un jour, une rencontre avec Dieu. Un homme sans Dieu qui a la nostalgie de Dieu parce qu’un jour un enfant est venu, et que cet enfant était Jésus. Et cet enfant n’est jamais revenu. Alors l’humanité s’étonne avec le poète Rilke : "Dans la plaine était une attente / d’un hôte qui ne vint jamais…"
Dans la morne plaine de notre Waterloo intérieur, est-il vrai que l’hôte ne vient jamais ? La défaite est-elle inscrite dans les astres ? Certains se prétendent résignés. Dans La Condition humaine, le jeune anarchiste chinois Chen, imaginé par André Malraux, prétend : "Je ne cherche pas la paix, je cherche le contraire." Pourtant, son nihilisme désespéré ne trompe personne. Chen cherche non seulement la paix, mais l’auteur de la paix, le prince de la paix : Jésus-Christ. Le roman ne lui offre pas la possibilité de le rencontrer, mais c’est ce qu’il attend.
L’attente du Sauveur est partout dans la littérature
Dans Harry Potter, de J.-K. Rowling, c’est encore plus frappant. Dans les sept tomes et les milliers de pages de ce best-seller, il n’y a aucune mention explicite du christianisme, qui irrigue pourtant l’intrigue en profondeur. Aucune mention ? Si. Une seule. Dans le dernier tome, alors que le mal — incarné par Voldemort — semble avoir vaincu définitivement, que Ron Weasley s’est résigné et a abandonné ses amis, Harry et Hermione arrivent dans le village de Godric’s Hollow. Au cimetière, ils se recueillent sur la tombe des parents d’Harry où est inscrit : "Le dernier ennemi qui sera détruit, c’est la mort" (1 Co 15, 26), puis sur la tombe de la sœur de Dumbledore où est inscrit : "Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur" (Mt 6, 21). Et dans les rues du village endormi, alors qu’ils errent depuis des mois, les deux amis se rendent compte qu’il s’agit de la nuit de Noël lorsqu’ils passent devant l’église et entendent l’assemblée chanter des cantiques. Ces quelques pages livrent le secret de tout l’ensemble romanesque Harry Potter, comme l’a confessé J.-K. Rowling elle-même.
Comme le buisson ardent, Marie brûle de l’intérieur sans se consumer, dévorée par Celui qui habite en elle et qui, déjà, parle en elle.
De La Condition humaine d’André Malraux à Harry Potter de J.-K. Rowling, l’attente d’un Sauveur qui ne peut être que Jésus-Christ est partout dans la littérature. Et le plus souvent, c’est dans la nuit la plus obscure que cette attente se fait la plus pressante. Dans La Condition humaine, l’horizon reste bouché. Dans Harry Potter, ce sont les morts, et l’Église, qui veillent, de manière silencieuse et cachée. La littérature, même lorsqu’elle n’est plus chrétienne, confie à l’Église le soin de maintenir en vie l’espérance. Les mots couchés sur le papier s’en remettent au Verbe couché dans une mangeoire pour que l’aventure se poursuive.
Veiller avec Marie
Veiller sur l’enfant Jésus de la crèche, c’est la vocation de Joseph. Mais nous entrons dans le temps de l’Avent, Noël est encore loin. Alors c’est peut-être avec Marie qu’il nous faut veiller. Plus précisément, c’est avec Marie enceinte, portant l’enfant Jésus en son sein, qu’il nous faut veiller. Marie, à cet instant de son existence, nous ressemble : élevée dans la familiarité des Écritures, envahie par l’Esprit saint, elle n’a pas encore pu voir Jésus mais elle le sent déjà vivre en elle. Elle sent les petits coups qu’il donne lorsqu’il s’agite, elle devine sa croissance, toute sa vie est tournée vers celui qu’elle ne voit pas encore. Comme le buisson ardent, Marie brûle de l’intérieur sans se consumer, dévorée par Celui qui habite en elle et qui, déjà, parle en elle. Mais elle ne le voit pas. Elle l’espère et le veille dans le silence.
Pour Marie, ce n’est plus de la littérature. Les mots de l’Écriture sont entrés dans sa vie, mais ils demeurent cachés. Son espérance n’est pourtant plus sur fond d’angoisse et d’obscurité, car la vie, déjà, s’est manifestée. La vie, déjà, jaillit en elle. Elle pressent que le dernier ennemi, la mort, sera détruit par l’être merveilleux qu’elle porte en son sein. Et son trésor à elle est blotti dans ses entrailles avant d’être découvert à la face du monde. La paix envahit son cœur avant de s’étendre sur toutes les nations. Avec Marie, entrons dans ce temps de l’Avent dans l’espérance. Avec Marie, veillons sur la vie divine qui, déjà, se manifeste en nos cœurs. Car une lumière s’est levée à l’Orient, une étoile nouvelle est apparue dans le ciel. Et c’est à nous, l’Église, de porter cette lumière aux nations. Sans quoi la nuit du monde s’épaissira sans retour.