Au Liban, les combats que se livrent le Hezbollah et l'armée israélienne plongent à nouveau la population dans l'inquiétude. Depuis les attaques du Hamas dans les kibboutz situés autour de Gaza, le 7 octobre, les affrontements entre la milice chiite et Tsahal se poursuivent à la frontière sud du pays du Cèdre, et se sont mêmes intensifiés avec l'intervention directe de brigades du Hamas. La dégradation de la situation sécuritaire a contraint de nombreux Libanais à évacuer en hâte leurs villages, rapporte à Aleteia Vincent Gelot, directeur de l’Œuvre d’Orient au Liban.
"Toute la région est l'objet de bombardements et d'échanges de tirs. Les villages chrétiens de cette zone, comme Qaouza, Aïn Ebel et Debel, sont désormais vidés de leurs habitants à 60%", déclare-t-il. Sur ces terres, seuls sont restés quelques agriculteurs, qui essaient tant bien que mal de mener à bien leurs récoltes. Environ 30.000 personnes ont été déplacées depuis le début du conflit, selon les derniers chiffres communiqués par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), majoritairement chrétiennes et chiites. Les six écoles chrétiennes ont quant à elles fermé, "laissant plusieurs milliers d'enfants sans perspective de scolarité", regrette encore Vincent Gelot. Cette nouvelle guerre qui fait planer la menace d'un embrasement généralisé du Proche-Orient ne fait qu'aggraver une situation déjà catastrophique au Liban.
Un pays déjà exsangue
Si la partie nord du pays et Beyrouth ne semblent pour le moment pas en danger immédiat, le conflit fait reculer les espoirs de voir le pays se redresser d'une crise profonde qui dure depuis 2019. Acculés par un taux de chômage exponentiel et une inflation galopante, les Libanais font face à une grande précarité. Plus de 80% d'entre eux vivent sous le seuil de pauvreté. La guerre israélo-palestinienne "se répercute directement sur la vie économique", témoigne le père Rachid Abi Khalil, prêtre de la paroisse maronite Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Beyrouth. "Les marchandises qui arrivent depuis la Méditerranée sont bloquées, le prix de l'essence et des produits alimentaires ont encore augmenté", explique-t-il. "Le Liban vit beaucoup de la diaspora, et dans un tel contexte sécuritaire de nombreux ressortissants étrangers sont rapatriés dans leurs pays occidentaux ou arabes", rappelle de son côté Vincent Gelot.
Pour aider la population dont l'avenir semble plus qu'incertain, l'Œuvre d'Orient va déclencher une aide d'urgence : nourriture, médicaments, mazout - l'État libanais ne fournit presque plus d'électricité, obligeant les Libanais à s'alimenter eux-mêmes via des générateurs -, les besoins sont immenses. Plusieurs systèmes hydrauliques endommagés par les bombardements devront aussi être restaurés. "L'urgence, c'est de renvoyer à tous ces gens qui souffrent un signal positif. Il faut leur montrer qu'on ne les oublie pas."