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Face aux événements dramatiques de la guerre entre Israël et le Hamas d'un côté, l'assassinat islamiste du professeur Dominique Bernard à Arras de l'autre, le premier réflexe des chrétiens a été de prier pour la paix. Bien vite, toutefois, la frustration a gagné certains d’entre eux. En effet, ceux-ci ont beau savoir que Dieu écoutera leurs demandes et qu'Il agira dans les cœurs de bonne volonté, la lassitude finit à la longue par les gagner. Depuis le temps qu'ils vont de veillée de prière en veillée de prière après chaque attentat sans que le cycle de violence ne tarisse, ils se demandent enfin si le moment ne serait pas venu de passer à un autre type d'action, plus directement efficace, sans abandonner la prière pour la paix.
Mais quelle action ? En fait, constatant que dans l’« archipel français » (Jérôme Fourquet), chaque communauté brandit son étendard en mettant en avant sa différence afin de conforter sa position victimaire, les chrétiens se sentent les dindons de la farce : eux seuls n'auraient pas le droit de revendiquer leur identité. Tout le monde serait éligible au statut enviable de victime sauf eux ! Eux seuls devraient « tendre l'autre joue ». Statut peu enviable !
Des chrétiens se rebiffent
Dans ces conditions, certains chrétiens se rebiffent. Ils ne tiennent pas à rester cantonnés dans leur rôle d'allumeurs de bougies et de veilleurs dans les églises. Car eux aussi ont des solutions à proposer aux défis posés à la nation. À cette fin, pourquoi ne mettraient-ils pas en avant la vérité de leur religion ? Pourquoi ne se risqueraient-ils pas à affirmer sans complexe que seul le Christ est capable de fonder une paix durable entre les hommes et que, hors de lui, les trêves seront fragiles, passagères et sans lendemain?
Ce n'est pas parce que les tueurs fanatiques djihadistes se réclament de leurs croyances religieuses (dévoyées) que la foi n'aurait aucune solution à proposer pour calmer les tensions et apporter la paix.
Certes, leurs contradicteurs ne manqueront pas de se récrier en leur demandant de laisser Dieu en dehors de ces problématiques temporelles et laisser César régler les affaires qui relèvent de César. C’est ici qu’il faut tenir ferme dans l’affirmation de la spécificité chrétienne, sans en faire une identité sur laquelle se replier frileusement. Car pour les disciples de Jésus, le piège serait plutôt de se laisser intimider par les voix qui voudraient les confiner dans les dévotions privées. Or, ce n'est pas parce que les tueurs fanatiques djihadistes se réclament de leurs croyances religieuses (dévoyées) que la foi n'aurait aucune solution à proposer pour calmer les tensions et apporter la paix. La religion n'est pas meurtrière par essence.
Seul le Christ apporte une paix durable
Surtout, la paix dépasse le cadre de la justice. Sans justice, il n'est pas de paix possible. Toutefois, la première ne sera pas capable d'assurer durablement la seconde pour la simple raison que la paix véritable sort du cœur de l'homme. Or, ce cœur est malade. L'hypothèque du péché originel pèse sur lui. « D'où viennent les guerres et les batailles parmi vous ? N'est-ce pas précisément des passions qui combattent dans vos membres ? » demande saint Jacques dans sa lettre (Jc 4,1). Seul celui qui peut guérir le cœur des hommes est en mesure d’établir la paix entre eux. La vraie racine du mal se trouve à l'intérieur de l'homme et seule la charité est capable de l’en extirper. Et cette charité, seul le Christ est en mesure de la lui donner. Voilà pourquoi, hors de lui, il est illusoire d'attendre une paix pérenne.
En temps de crise, le rôle des chrétiens ne se réduit pas à allumer des bougies ou à déposer des peluches sur les lieux des tueries. Annoncer le Christ est autrement plus important.
Cette vérité sur le Christ, les chrétiens sont dans l'obligation de l'annoncer au monde. Tant pis si on les tient, au mieux pour des illuminés, au pire pour d'odieux « récupérateurs » ou des « identitaires ». Il arrive un moment dans la vie où non seulement il ne sert à rien de cacher qui l’on est, mais de surcroît où ce serait manquer à sa vocation que de le faire. En temps de crise, le rôle des chrétiens ne se réduit pas à allumer des bougies ou à déposer des peluches sur les lieux des tueries. Annoncer le Christ est autrement plus important.
Le relativisme de notre époque sur lequel se greffe la mauvaise conscience que nos sociétés occidentales font peser sur les chrétiens, ainsi que la haine de soi véhiculée par le wokisme, rendent la tâche de cette annonce explicite du Christ très ardue. Ce n’est pas une raison pour renoncer. C'est le meilleur service que les chrétiens peuvent rendre à leurs contemporains. Face à la recrudescence du djihadisme, faire profil bas serait la pire réponse de la part des disciples du Prince de la paix (Is 9,5).