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Depuis 2013, les choix du pape François en matière de cardinaux ont souvent créé la surprise. Déjouant les pronostics, il a délaissé les grands sièges qui recevaient par le passé la barrette rouge, et a nommé des prélats parfois du bout du monde – comme aux Îles Tonga –, ou venant de pays avec seulement une poignée de catholiques - comme en Mongolie. Cette dernière décennie, le Pape a aussi braqué le projecteur sur des pays qui n’avaient jamais eu de cardinal de leur histoire (Panama, Cap-Vert, Birmanie, Bangladesh, Rwanda, Suède, Laos…).
Ce consistoire ne fait pas exception. Ainsi, le chef de l’Église catholique a choisi deux Français, mais aucun des deux n’est sur un siège considéré traditionnellement comme "cardinalice" (Paris, Lyon…). Christophe Pierre est nonce apostolique aux États-Unis et François-Xavier Bustillo est évêque d’Ajaccio, en Corse, c’est-à-dire hors même du territoire de l’Hexagone.
Des cardinaux des périphéries
Les choix de l’Argentin sont souvent compris à travers le prisme des périphéries : quitter les lieux de force pour rejoindre les lieux plus éloignés, les personnes oubliées. Pour le pape François, souligne le futur cardinal Christophe Pierre, qui ne cache pas sa "fascination" pour lui, "on voit mieux le monde à partir des périphéries que du centre".
Le choix de Mgr Stephen Ameyu Martin Mulla, l’archevêque de Djouba (Soudan du Sud), correspond pleinement à ces nominations ‘périphériques’ chères au successeur de Pierre. Mgr Ameyu est le premier cardinal du plus jeune pays du monde – devenu indépendant en 2011. Sur cette terre qui est encore aujourd’hui en proie aux divisions et aux conflits, le futur cardinal Stephen s’est engagé incessamment pour la paix et la réconciliation. "Au niveau du Collège cardinalice, explique encore le futur cardinal Christophe Pierre, ce que le Pape attend de nous aussi, c’est qu’on ait tous une certaine vision du monde, de la société, de façon à pouvoir ne pas nous enfermer sur quelque chose de restreint, de petit."
Des proches de François
Le pape François n’hésite pas à appeler au cardinalat de simples prêtres, ou des religieux, comme c’est le cas dans les nouvelles nominations avec le prêtre religieux espagnol Ángel Fernández Artime, 10e successeur de Don Bosco comme recteur majeur des salésiens. Le Pape l’a connu en 2009, quand le salésien a été nommé supérieur de la province du Sud de l’Argentine, basée à Buenos Aires, où le cardinal Jorge Mario Bergoglio était alors archevêque.
Il n’est pas le seul des nouvelles recrues à être un proche de François. L’Argentin Mgr Víctor Manuel Fernández, dont la nomination en juillet dernier comme préfet du dicastère pour la Doctrine de la foi a fait couler beaucoup d’encre, est considéré comme son conseiller et l’une des plumes de son pontificat.
Des profils variés et stratégiques
Faut-il considérer pour autant que le pape François se cantonnerait à nommer des profils bergogliens, comme encore le futur cardinal malaisien Sebastien Francis, archevêque de Penang ? Les noms des deux nonces – Mgr Christophe Pierre et le Suisse Emil Paul Tscherrig –, à la longue carrière diplomatique, donneraient tort à cette assertion, même si les deux sont reconnus pour leurs qualités pastorales.
Pour ce consistoire, le Pape a fait aussi des choix stratégiques, comme celui du charismatique patriarche latin de Jérusalem, Pierbattista Pizzaballa, ou de Mgr Stephen Chow, évêque de Hong Kong, qui peut être un trait d’union entre Rome et Pékin dans la très délicate diplomatie bilatérale. Et il créera cardinaux trois membres de la Curie romaine : l’Américain Mgr Robert Francis Prevost, préfet du dicastère pour les Évêques, l’Italien Mgr Claudio Gugerotti, préfet du dicastère pour les Églises orientales, ainsi que Mgr Víctor Manuel Fernández.
Dans une vision plus globale, le consistoire de samedi renforcera légèrement la place de l’Europe (qui représentera 38% du Collège cardinalice), avec 8 cardinaux européens électeurs dans la liste, soit près de la moitié. François a ainsi choisi deux Français, deux Espagnols, un Portugais, un Suisse, un Polonais et un Italien. La proportion de cardinaux asiatiques reste sensiblement la même, se maintenant à 16,1%. Avec les consistoires convoqués depuis 2013, l’Asie a connu une forte progression puisqu’elle ne représentait que 7,9% du collège qui avait élu François. Le continent africain a connu lui aussi une forte augmentation du nombre de ses cardinaux de moins de 80 ans, passant de 11 en 2013 à 19 avec ce dernier consistoire.
Par toutes ces nominations et les décisions de son pontificat, le pape François "a une vision qui déroute", reconnaît le futur cardinal Christophe Pierre. Mais une vision "extrêmement riche, extrêmement cohérente, si on la comprend bien", assure-t-il.