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Cyprien Viet, envoyé spécial à Lisbonne. Une foule de jeunes venus rechercher la miséricorde de Dieu quitte à attendre longtemps sous un soleil de plomb, des prêtres bouleversés qui ressortent spontanément leur étole en dehors du périmètre et du temps initialement prévus pour apporter la consolation du Seigneur à des jeunes en larmes, à l’ombre des arbres : le "Parc du Pardon" montre bien qu’il se passe quelque chose dans ces JMJ, auprès d’une jeunesse qui a soif de Dieu.
Silvia, jeune étudiante de 19 ans venue du Texas, rêvait de venir aux JMJ après les frustrations de la pandémie. Elle n’a pas trouvé de groupe avec lequel s’inscrire au départ de sa ville, mais elle s’est mise au service des autres jeunes en tant que volontaire, utilisant sa connaissance de l’espagnol et du portugais. Cette jeune catholique américaine est impressionnée de voir autant de pèlerins faire la queue pour se confesser. "Je vois énormément de jeunes venus de pays de tradition protestante comme les États-Unis ou l’Écosse, où les catholiques sont minoritaires, qui font la queue sous le soleil pour venir parler à un prêtre. C’est vraiment très touchant, cela montre que l’amour de Dieu est réel !", s’enthousiasme-t-elle.
"J’ai besoin d’un cœur à cœur avec Jésus, de lui parler de quelque chose qui me tracasse, pour retirer un poids de mes épaules", témoigne Anaelle, venue de l'île Maurice. Ruben, jeune portugais qui a vécu durant huit ans en France, reconnaît ne pas s'être confessé depuis longtemps et avoir délaissé cette pratique. "Mais pourquoi pas refaire l’expérience!", se dit-il en observant les autres jeunes, sans avoir encore franchi le pas.
Pour sa part, Gaspard, jeune Belge venu de Namur, est allé recevoir le sacrement de réconciliation mais il avoue avoir beaucoup hésité. "Je ne m’étais pas confessé depuis plusieurs années, et cette démarche m’a demandé un effort, je ne le cache pas. Mais je suis content de l’avoir fait, c’est très apaisant, cela permet de vivre un nouveau départ. Etonnamment, je me sens apaisé!", se réjouit-il.
La joie rayonnante d’un prêtre venu d’Algérie
Durant cette semaine des JMJ, entre 10.000 et 15.000 jeunes se sont confessés chaque jour depuis mardi dans l’un des 150 confessionnaux aménagés dans cet espace. Des prêtres parlant au total 50 langues différentes se sont mis à disposition des jeunes. Les prêtres volontaires pour ce service forment eux-mêmes une autre queue, avant d'être répartis en fonction des besoins linguistiques.
Parmi eux, le père Vincent Kiererezi, père blanc de nationalité ougandaise, et jeune vicaire général du diocèse de Laghouat, dans le Sahara algérien. Venu à Lisbonne avec une délégation d’une vingtaine de jeunes d’Algérie - parmi lesquels cinq citoyens algériens -, le religieux jubile de pouvoir se mettre au service de jeunes du monde entier, francophones, anglophones, arabophones…
"J’ai assuré des confessions hier et j’ai décidé de revenir aujourd’hui, car j’ai été très touché de voir la joie qui découle de la bonté de Dieu quand on offre le sacrement réconciliation. Les jeunes reçoivent l’amour et la miséricorde de Dieu, et ils sont appelés à partager ensuite cette miséricorde de Dieu à tous les autres", s’émerveille le jeune prêtre, qui fêtera l’an prochain ses 10 ans de sacerdoce. "Je vis mes premières JMJ, et cette expérience de la confession a été merveilleuse", témoigne le religieux, plus habitué aux étendues désertiques du Sahara qu’aux foules compactes et bruyantes des JMJ.
Une fois, une jeune musulmane est même venue me demander une confession, avant son mariage.
Ce missionnaire immergé dans la relation avec les musulmans du sud de l’Algérie voit aussi dans l’expression de la miséricorde de Dieu un moyen de toucher les croyants de l’islam. "J’en rencontre tous les jours, dans ma vie quotidienne, qui veulent me rencontrer, pour parler de Dieu. Une fois, une jeune musulmane est même venue me demander une confession, avant son mariage. Je ne pouvais pas lui donner la confession en tant que telle, mais sa demande montre que les gens ont besoin de sentir l’amour de Dieu. Je le vois quotidiennement", assure-t-il.
"Des musulmans se confient à nous, prêtres, car ils trouvent que nous avons une oreille attentive. C’est important, pour nous, chrétiens, de donner ce témoignage de l’amour de Dieu", explique le Père blanc, témoignant du rayonnement inattendu du sacrement de confession, de la foule joyeuse des JMJ jusqu’aux terres les plus lointaines et les plus désertiques du monde, dans lesquelles des religieux catholiques, sans faire de bruit, offrent au peuple qui les entoure des oasis de respiration spirituelle.