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Martyr de la foi, Vladimir Ghika est devenu catholique à Paris

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Morgane Afif - publié le 06/05/23 - mis à jour le 07/08/23
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À l'occasion du 10e anniversaire de sa béatification, ce 31 août, découvrez la vie de ce saint méconnu.

Constantinople, 25 décembre 1873. Dans le froid de l’hiver, la princesse Alexandrine Moret de Blaramberg, épouse de Jean Ghika, diplomate descendant d’une illustre lignée de princes régnants de Moldavie, met au monde un fils. De ses parents, le jeune Vladimir tient une inclination précoce pour la religion, alors qu’il grandit dans l’Église orthodoxe de son baptême. La présence de Dieu ne le quitte plus, depuis son enfance en Roumanie, puis à Toulouse, où il grandit dans une famille aimante et unie, jusqu’à la mort de son cher père. 

Après son baccalauréat, il rejoint Paris, avec son frère Démètre, où ils étudient ensemble sur les bancs de ce qui est devenu depuis Sciences Po Paris. Sa santé fragile le contraint à rentrer en Roumanie quelque temps. Il étudie le droit, avant de rejoindre Rome, où il obtient un doctorat en théologie. "J'irai là où l'amour de Dieu me conduira, écrit-il ; et j'essaierai de faire en sorte qu'Il soit le premier, le plus fort, le mieux servi en moi." C’est au cœur de la ville éternelle, dans l’église Sainte-Sabine, qu’il rejoint finalement l’Église catholique le 13 avril 1902 en professant une foi qui ne renie pas celle de son baptême :

"Je ne suis pas ce qu’on appelle un converti. Catholique de cœur, j’ai dû attendre que la possibilité me soit donnée d’entrer officiellement par la grande porte, c’est tout."

Fils de l’Église orthodoxe devenu prêtre catholique 

Ce n’est que vingt ans plus tard que Vladimir Ghika embrasse la vocation sacerdotale lorsqu’il est ordonné prêtre pour le diocèse de Paris, le 7 octobre 1923, dans la chapelle des lazaristes, rue de Sèvres, au pied des reliques de saint Vincent-de-Paul dont il admire le témoignage. La même année, il rend régulièrement visite aux époux Maritain qui regroupent dans leur maison de Meudon un véritable cénacle d’intellectuels catholiques : Paul Claudel, Francis Jammes, Louis Massignon et François Mauriac deviennent ses amis.

Affecté à l’église diocésaine des étrangers, actuelle Saint-Ignace, il rejoint les bidonvilles de Villejuif, où s’entassent dans des taudis travailleurs pauvres, vagabonds, chiffonniers et mendiants. Suivant l’exemple de Charles de Foucauld, Vladimir Ghika peut enfin accomplir sa vocation de missionnaire auprès des plus pauvres. Lorsque sa santé ne lui permet plus de poursuivre cet apostolat harassant, il reprend les routes pour sillonner le monde et témoigner auprès des plus grands comme auprès des laissés-pour-compte. Portant sur lui une relique de la Passion, son intercession pour les malades obtient, de son vivant, de nombreux miracles de guérison. 

Martyr de la foi : une vie donnée

Lorsque la guerre éclate, Vladimir rejoint finalement son frère cadet, devenu diplomate comme leur père, en Roumanie. A Bucarest, il confesse, rend visite aux lépreux, prêche, accompagne les égarés et convertit les cœurs sans relâche. Lorsque les communistes parviennent en 1945 à infiltrer les services secrets roumains, dont une partie est affectée au culte, le père Vladimir Ghika devient une cible à abattre. Alors qu’il peut fuir son pays pour trouver refuge avec son frère à Genève, il n’hésite pas et reste auprès du troupeau qui lui a été confié. L’étau se resserre alors autour du culte chrétien et les dénonciations se multiplient, autant que les procès pour espionnage. 

Lorsque la menace devient réelle, Vladimir se confesse, avant d’être arrêté quelques heures plus tard pour subir un simulacre de procès au terme duquel il est condamné à "trois ans de prison à régime sévère pour complicité de crime et haute trahison". Déporté, il est torturé, battu, privé de sommeil et de nourriture, mais ne livre aucune information qui eût pu compromettre ses amis.

Dans l’enfer du camp, il prêche, confesse, célèbre la messe clandestinement, et raconte aux détenus ses nombreux voyages pour leur faire oublier la misère de cette existence. En 1954, il finit par succomber à la suite des mauvais traitements qui lui ont été infligés, ne cessant d’implorer le pardon pour ses bourreaux. "On souffre à la proportion de son amour, explique-t-il. La puissance de souffrir est en nous la même que la puissance d’aimer." Déclaré bienheureux et martyr de la foi le 31 août 2013, il est désormais fêté le 16 mai. Il nous a laissé ce conseil évangélique édifiant de justice et de charité : "Qui se dépouille pour autrui se revêt du Christ." 

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