Le pays limousin est en fête : le 10 avril 2023 ont débuté les ostensions limousines, une tradition régionale séculaire qui a fait son retour cette année pour sa 73e édition. Ses origines remontent à 994, lorsque la maladie dite du "mal des ardents" ravagea la région. Cette épidémie, liée à la contamination des farines et notamment du seigle, donnait lieu à des brûlures d’estomac telles que les malades avaient la sensation d’être dévorés de l’intérieur par un feu sans fin. Les corps souffrants et mutilés ne trouvaient aucun remède à la terrible douleur qui les rongeait. Tout Limoges ne connaissait alors que cris, pleurs, et une odeur pestilentielle qui se dégageait des rues.
C'est lorsqu'ils se trouvèrent démunis que les Limougeauds décidèrent de se tourner vers Dieu pour implorer son aide. Le 12 novembre 994, les reliques de saint Martial, apôtre d’Aquitaine ayant vécu au IIIe siècle et premier évêque de Limoges, furent portées en procession solennelle et exposées. Le fléau cessa miraculeusement de se répandre. Depuis 1518, cette tradition de procession se perpétue tous les sept ans, avec les reliques de saint Martial mais aussi de saint Aurélien, saint Loup et sainte Valérie. Lorsque le coronavirus a sévi en France, Mgr Pierre-Antoine Bozo, évêque de Limoges, avait fait exception à la règle septennale et sorti de son reliquaire le fameux crâne de saint Martial, pour invoquer sa protection sur la ville.
Une dévotion populaire après un miracle
Dans la ville, la procession a débuté le 15 avril avec l'ouverture des châsses et des reliquaires, transportés dans les rues. Une grand-messe a été célébrée ensuite le 16 avril en l'église Saint-Michel-des-Lions, élevée en février au rang de basilique, en présence de Mgr Celestino Migliore, ambassadeur du Pape en France. Les rues de Limoges se parent pendant plusieurs jours de leurs plus belles couleurs, et certains habitants revêtent même le costume régional traditionnel.
Mais Limoges n'est pas la seule ville à maintenir cette tradition régionale. Au total, 21 communes faisant partie du diocèse organisent des ostensions, jusqu'au 12 novembre, date de clôture de l'événement. Dans la commune de Chaptelat par exemple, ce sont les reliques de saint Éloi qui sont honorées, et à Guéret, celles des saints Pardoux, Roch, et Valéric. Toujours très populaires, les ostensions attirent non seulement les fidèles mais aussi les curieux. Elles sont inscrites depuis 2013 au Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité.