Plus de 100 personnes ont été tuées dans une série d'attaques meurtrières tout au long de la Semaine sainte, dans l'État de Benue, au centre-nord du Nigeria. Le 2 avril, une première attaque a eu lieu contre une église pentecôtiste située à Akenawe Tswarev, tuant un fidèle et en blessant plusieurs autres.
Loin de se tarir, la violence armée a perduré endeuillant la région tout au long de la Semaine sainte. Des hommes armés non identifiés ont effectué plusieurs raids dans des villages agricoles, dont les habitants sont majoritairement chrétiens. Le 5 avril, au moins 50 personnes ont perdu la vie dans le village d'Umogidi. Quelques heures avant, trois personnes avaient été tuées dans ce même village, d'après les autorités locales. Le deuxième raid est intervenu alors que les funérailles de ces trois victimes avaient lieu. Le 7 avril, 43 Nigerians ont été tués et plus de 40 blessés au cours d'une attaque survenue en pleine nuit dans une ancienne école primaire de Ngban, où des agriculteurs chrétiens déplacés et leurs familles avaient trouvé refuge.
Les ravages d'une guerre de la terre
Aucune revendication n'a permis d'établir clairement le motif de ces attaques successives. Les autorités soupçonnent toutefois les berges peuls d'en être à l'origine, accusés d'avoir attaqué à plusieurs reprises les communautés agricoles ces derniers temps. Les affrontements sanglants entre les éleveurs nomades, majoritairement musulmans, et les agriculteurs sédentaires, quant à eux chrétiens, sont réguliers et ont pour enjeu principal l'appropriation des terres agricoles, sur fond de tensions religieuses. Les agriculteurs accusent notamment les éleveurs de faire paître leur bétail sur leurs terres pour en prendre le contrôle.
Dernièrement, l'État de Benue est en proie à une multiplication des raids armés de bergers peuls, suivis parfois de représailles de la part des villageois visés. Ces violences sévissent en plus de celles infligées par l'organisation islamiste Boko Haram, qui continue d'agir. "Nous pensons de plus en plus que ce sont les islamistes qui utilisent les Peuls pour déplacer la population locale", avait notamment affirmé le père Remigius Ihyula dans une interview donnée à l’Aide à l’Église en détresse après une attaque au moins de mars.
"Ces bergers peuls ont adopté la culture terroriste et mettent à sac des villages. Ils agressent les gens pour récupérer les terres, et brûlent des temples et des églises", avait également assuré à Aleteia Alexandre Fontana, de l’ONG nigériane PSJ (International organisation for peace building and social justice). Selon la Fondation pour la recherche stratégique, un groupe de réflexion sur les questions de sécurité internationale et de défense, les chrétiens "considèrent en effet que les Peuls fournissent le gros des troupes du groupe djihadiste Boko Haram", même si la plupart des milices peules demeurent autonomes.