Dans le grand trouble que traverse l’Église, le plus difficile pour nous, les fidèles, est de nous laisser aimer comme nous sommes : nous laisser aimer comme nous sommes afin d’aimer notre Église comme elle est. La tentation est grande de comparer Benoît XVI et François pour se livrer à un lamento fort peu évangélique. On avait déjà vécu ce symptôme quand Benoît XVI avait succédé à Jean Paul II, et en réalité aussi à chaque succession d’un souverain pontife.
Tous nos papes sont des martyrs
Les chrétiens sont des hommes : ils ont une sainte horreur du changement. La mort d’un certain pape est toujours le deuil d’une certaine génération, un coup de vieux pour la communauté qui l’a connu. Aucune génération n’aime passer le relais. Il s’est sûrement trouvé de bons chrétiens navrés d’observer que Lin n’avait pas le charisme de Pierre, ou que Clet n’avait pas la sagesse de Lin, ou que Clément n’avait pas la force de Clet. La prière eucharistique règle la question en les citant ensemble : Lin, Clet, Clément. Ils sont nos papes et nos saints martyrs.
Depuis vingt siècles, chaque vicaire du Christ a obéi, mystérieusement parfois, mystérieusement souvent, à la volonté de Dieu de répondre aux besoins du monde.
En cette période où les règlements de compte font les succès de librairie, il nous faut songer que l’amour de Dieu est un compte qui ne se solde jamais. Tous nos papes sont des martyrs. Ni Benoît ni François n’y font exception : si nous en doutons, lisons ce qu’en disent les journaux et imaginons ce qu’ils endurent. Chaque pape est le cadeau dont une génération a besoin.
Les besoins du monde
Depuis vingt siècles, chaque vicaire du Christ a obéi, mystérieusement parfois, mystérieusement souvent, à la volonté de Dieu de répondre aux besoins du monde. Plutôt que de nous complaire dans le "c’était mieux avant" ou dans le "ce serait mieux autrement", acceptons d’aimer notre époque comme notre Seigneur l’aime. Il n’a pas institué notre Église pour invectiver contre les pécheurs, ni pour permettre aux baptisés de se défouler contre la curie, mais pour pardonner les péchés.