"La consolation spirituelle est une expérience profonde de joie intérieure, qui permet de voir la présence de Dieu en toutes choses", a expliqué le pape François lors de l’audience générale du 23 novembre 2022, toujours tenue en extérieur, sur la place Saint-Pierre, malgré la fraîcheur de novembre. Devant plusieurs milliers de pèlerins, le Pape a poursuivi sa série de catéchèses sur le discernement, en mettant notamment en valeur les exemples donnés par sainte Edith Stein et sainte Thérèse de Lisieux.
Si la "désolation", au centre de l’enseignement du mercredi précédent, représente un "brouillard de l’âme", la consolation constitue "la lumière de l’âme", mais elle "peut se prêter à des équivoques", a expliqué le pape en délivrant un enseignement exigeant.
La consolation est un mouvement intime qui touche au plus profond de nous-mêmes.
"La consolation est un mouvement intime qui touche au plus profond de nous-mêmes. Elle n’est pas ostentatoire, mais douce, délicate, comme une goutte d’eau sur une éponge", a déclaré le pape en reprenant une métaphore utilisée par saint Ignace de Loyola dans les Exercices spirituels. Dans cette expérience, "la personne se sent enveloppée par la présence de Dieu, d’une manière toujours respectueuse de sa propre liberté".
En mettant en valeur cette "paix intérieure", le Pape a évoqué "l’expérience de saint Augustin lorsqu’il parle avec sa mère Monique de la beauté de la vie éternelle", ainsi que "la joie parfaite de saint François" malgré les difficultés dans la construction de son ordre mendiant, ou encore " l’influx vital" ressenti par Edith Stein après sa conversion et son baptême.
Quand sainte Thérèse de Lisieux, en visitant la basilique Sainte-Croix de Jérusalem, essaie de toucher un clou qui est une relique de la Passion du Christ, elle se demande si elle a été "trop audacieuse". Mais dans ses Manuscrits autobiographiques, elle livre un touchant témoignage de confiance en Dieu : " Le Seigneur voit le fond des cœurs, il sait que mon intention était pure […]. Je me comportais avec lui comme un enfant qui se croit tout permis et considère les trésors du Père comme les siens", écrit la jeune Normande.
À travers ce récit, "une jeune fille de 14 ans nous donne une splendide description de la consolation spirituelle", a expliqué le pape François, en rappelant que sainte Thérèse aura "la même audace" quand elle ira demander au pape Léon XIII une dérogation pour entrer au Carmel malgré son jeune âge, et qu’elle l’obtiendra.
Ne pas se laisser piéger par les « fausses consolations »
La vraie consolation "te pousse vers l’avant, vers les autres, vers la société" a expliqué le pape, en remarquant que la désolation pousse au contraire au repli sur soi. Mais le pontife a aussi mis en garde contre les "fausses consolations", qui sont "des feux de paille, sans consistance".
"Il faut faire preuve de discernement, même quand on se sent consolé, car la fausse consolation peut devenir un danger si nous la recherchons comme une fin en soi, de manière obsessionnelle, et que nous en oublions le Seigneur", a souligné François. Le pape a évoqué l’avertissement formulé par saint Bernard de Clairvaux, qui remarquait avec lucidité que, parfois, "on cherche les consolations de Dieu et on ne cherche pas le Dieu des consolations".
Le pape François a mis en garde contre une recherche intéressée de Dieu, comme cela peut être le cas quand un enfant "cherche ses parents uniquement pour obtenir des choses d’eux, mais pas pour eux-mêmes".
"Nous aussi, nous courons le risque de vivre notre relation avec Dieu de manière infantile, de le réduire à un objet pour notre propre usage et consommation, en oubliant le plus beau don qui est Lui-même", a averti le pontife de bientôt 86 ans. Il faut donc différencier les "enthousiasmes passagers" et la réelle "consolation de Dieu", a-t-il insisté.