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Le crop top est-il bien catholique ?

CROP TOP CLOTHES GIRL
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Jeanne Larghero - publié le 20/05/22
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Il n’y a pas que le burkini dans la vie. Que pensez-vous du crop top ? Pour la philosophe Jeanne Larghero, ce « haut court » de la mode féminine est assurément catholique, mais il pourrait bien avoir un gros défaut…

Indéniablement, assurément, incontestablement, le crop top est très catholique. Il y avait même urgence à le proclamer, car les beaux jours arrivent, voilà que la moitié féminine de l’humanité est gagnée par le feu au ventre, le coup de chaud dans le dos : les températures montent et avec elles l’ourlet du tee-shirt. Les ventres à l’air qui se sont pris des vents coulis tout l’hiver tiennent leur revanche, enfin le soleil est à eux !

Et pourquoi, pourquoi donc le crop top est-il tout ce qu’il y a de plus catholique ? Parce que le Cantique des cantiques, parce que la Résurrection de la chair, parce qu’Adam émerveillé devant la nudité d’Ève, parce que les noces de Cana, parce que Jésus — Dieu fait homme, parce « mon cœur exulte, mon âme​​ est en fête, ma chair elle-même repose en confiance ». Dit autrement : notre corps est dès maintenant et pour toujours notre compagnon d’éternité, il se relèvera de la mort, il est dans l’acte amoureux le reflet de la gloire de Dieu, si on en croit la Genèse… Tout cela se fête ! Ainsi la pudibonderie est toujours suspecte : elle nous fait croire que le corps est honteux, elle accuse le corps là où elle ferait mieux de purifier son regard. La police du vêtement, très peu pour nous.

La théologie du corps affirme haut et fort que le corps ne fait qu’un avec toute notre personne, qu’à ce titre il n’est pas méprisable, au point que c’est avec nos yeux de chair qu’un jour nous verrons Dieu.

Reconnaissons alors l’originalité absolue des disciples du Christ : ils se sont démarqués des mythologies grecques selon lesquelles le désir, l’attrait des corps est une punition des dieux. Zeus dans son courroux sépare les premiers humains dotés de formes sphériques, en deux parties distinctes qui ne cesseront par après de se désirer, de se chercher, jusqu’à en dépérir. Les chrétiens se sont aussi démarqués de la sagesse grecque dérivée du platonisme pour qui le corps, ce traître, est un tombeau pour l’âme​.​ Dans ces philosophies, l'âme est la noble et pure partie de l'être humain, sans cesse soumise aux sombres désirs du corps qui l'entraîne malgré elle aux pires turpitudes, et la détournent de son bien. Mais non ! La théologie du corps affirme haut et fort que le corps ne fait qu’un avec toute notre personne, qu’à ce titre il n’est pas méprisable, au point que c’est avec nos yeux de chair qu’un jour nous verrons Dieu.

Et la charité ?

En revanche, si nous revenons à l’affaire du crop top, reconnaissons que la charité n’est pas sauve. Pensez aux pauvres professeurs de lycée, contraints d’absorber en l’espace d’une journée le spectacle de centaines de nombrils déferlant dans les couloirs, les escaliers, les selfs, et les classes. Les fins, les larges, les rentrés, les sortis, les lisses, les ridés, les pâlichons, les colorés, les ombilics défilent en toute décontraction. Évidemment vous comprendrez que certains éducateurs finissent par en frôler​ l’indigestion. Ils s'inquiètent : l’année est loin d'être finie, les températures vont encore grimper, quelqu’un aura-t-il pitié de nous ? Sans compter la frustration rentrée : pourquoi tous ces jeunes habillés comme s’ils étaient à la plage ? Prennent-ils mes cours pour une annexe du club Mickey ? Est-ce pour mieux me mettre le nez sur ma tragique situation : ici le seul qui aurait l’esprit au travail, c’est moi, pauvre professeur vêtu du col à la ceinture comme la majorité des adultes sur leur lieu de travail ? Le pire du pire est atteint quand les propriétaires des nombrils en question militent pour le droit d’exposer leur nombril à tout va : le prendraient-elles pour le centre du monde ?

La démonstration est donc faite, le crop top est bien catholique, certes. Mais s’il n’est plus trop charitable… est-il encore très catholique ?

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