Arrêté puis libéré sous caution le 11 mai 2022, le cardinal nonagénaire Joseph Zen, évêque émérite de l’enclave de Hong Kong, apparaît plus que jamais comme l’incarnation de la résistance hong-kongaise à l’emprise de plus en plus pressante de Pékin.
La mise en cause du cardinal Joseph Zen par la justice locale pour « collusion avec une puissance étrangère » suscite une vive « inquiétude » du côté du Vatican, qui a œuvré difficilement pour un rapprochement avec la République populaire de Chine ces dernières années. Le cardinal Zen est mis en cause par la justice de son pays avec quatre autres membres du comité de direction du « 612 Humanitarian Relief Fund », une association visant à l’origine à financer les manifestants pro-démocratie de Hong Kong. « Les personnes concernées sont soupçonnées de conspiration et de collusion avec des pays étrangers ou des forces étrangères dans le but de mettre en danger la sécurité nationale – un acte de nature grave », a déclaré dans un communiqué le Bureau du commissaire, soit la représentation du ministère des Affaires étrangères de Pékin à Hong Kong.
Le communiqué du Saint-Siège, publié quelques heures après l’annonce de l’arrestation du cardinal Zen, soulignait d’ailleurs que le Saint-Siège suivait « de très près » l’évolution de l’affaire, mais se gardait de tout commentaire. Du côté du diocèse de Hong Kong, dirigé depuis décembre 2020 par Mgr Stephen Chow, jésuite de 62 ans, il aura fallu plus de vingt heures pour que soit publiée une réaction officielle, preuve de la nature délicate de cette affaire. Tout en se disant « extrêmement préoccupé », le diocèse a insisté sur l’importance de gérer cet « incident » en conjuguant le « respect de la loi » et le maintien de la liberté religieuse dans la « Loi fondamentale ».