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Qui nous fera miséricorde ?

KOBIETA W KOŚCIELE
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Benoist de Sinety - publié le 23/04/22
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Le premier dimanche après Pâques, l’Église célèbre la fête de la Miséricorde. Curé de la paroisse Saint-Eubert de Lille, le père Benoist de Sinety explique pourquoi la Pâque de Jésus nous renvoie à ce qui est la seule mission de l’Église et de tout baptisé : accueillir pour soi la Miséricorde afin d’en devenir le propagateur.

Il est là, mourant, seul. Pauvre parmi les pauvres, le voici qui s’apprête à gémir son dernier souffle seul, une fois encore, une fois de trop. Personne à ses côtés : qui est-il pour qu’un regard se penche ? Il n’a ni famille, ni ami, en tout cas aucun de recensé. Mais une main se pose sur la sienne, une bouche murmure à son oreille ces mots tant espérés et jusque-là jamais parvenus : "Aujourd’hui même, tu seras avec Jésus Christ en son Paradis." Paroles du crucifié qui ressuscitent dans tous les temps et sous tous les cieux. 

Un autre, qui vécut plus de dix ans à la rue et qui considère désormais l’église paroissiale près de laquelle il dort comme "sa maison", et ceux qui s’y rassemblent avec lui comme "sa famille". Le voici, transfiguré, à la fin de la messe des Rameaux, fendant la foule qui repart, chacun chez soi, tirant pas la manche un homme plus âgé et très ému. Il me dit : "Je vous présente mon père". Cela faisait des lustres qu’ils ne s’étaient plus vu, plus parlé, à quelques rues l’un de l’autre, la détresse les avait éloignés. Et puis le fils a puisé la force de revenir vers celui qui le guettait du plus profond de son cœur. Les voici, ressuscités l’un et l’autre par la puissance d’amour qui les guide, qui nous meut.

S’ouvrir à la puissance de l’Amour

En lisant les commentaires qui nous blessent et nous étrillent depuis trop longtemps via nos écrans d’ordinateurs ou de téléphones, en ne parvenant pas à échapper au mal qui nous pénètre ainsi tant nous nous y habituons, comment ne pas chercher un chemin qui puisse nous libérer de la colère, du ressentiment, voire de la haine qui si facilement éteint le témoignage de nos communautés et de nos vies de baptisés ? On donnait à écouter autrefois aux néophytes baptisés dans la nuit de Pâques, l’intégralité de l’évangile de Marc le dimanche qui termine l’octave pascal. Ils y entendaient, proclamé, le Christ qui surgit dans l’Histoire des hommes comme celui, le seul, capable de guérir, redresser, consoler, pardonner, relever, aimer en vérité. Ils contemplaient ainsi ce Messie né d’Israël pour le salut de tous. Ils étaient mis en présence de celui qu’ils avaient choisi comme Maître et Seigneur et découvraient ainsi combien la vie en plénitude consiste à s’ouvrir tout entier à la puissance infinie de l’Amour. Humblement, dans le silence de son cœur...

La seule mission

La Pâque de Jésus nous renvoie chaque année à ce qui est la seule mission de l’Église et de tout baptisé, accueillir pour soi la Miséricorde afin d’en devenir le propagateur. Tout le reste n’est que poussière. Parce que la miséricorde est la seule capable de mettre nos cœurs en paix et de donner à nos bouches de prononcer des paroles de vérité. La Miséricorde est la seule condition de la justice. Le reste n’est que chimère.

Dans la confusion des luttes politiques où bien et mal sont si confusément mêlés qu’ils enivrent nos esprits du mauvais vin des passions inassouvies, dans les peurs d’un monde qui se refuse mortel et se perd dans les fantasmes d’une éternité factice, si nous ne sommes pas capables de revenir à l’essentiel, nous ne servons à rien ni à personne. Et que devient le mourant sans le secours d’une promesse de vie ? Que devient l’homme abandonné s’il ne découvre qu’il y a toujours un père pour l’aimer et l’accueillir ? Que deviendrons-nous si se taisent ceux qui savent la bonne nouvelle qui leur a été confiée ? "Miséricorde !" que ces quatre syllabes deviennent le seul appel derrière lequel nous nous rangions, pour la gloire de Dieu et le salut du monde !

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