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Lépreux, Robert Naoussi a “débroussaillé la route du Ciel” pour les autres

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Frères Jaccard en visitation

Robert Naoussi à son arrivée à la léproserie de la Dibamba, 1969.

Marthe Taillée - publié le 10/04/22

Robert Naoussi, jeune camerounais méconnu, est mort de la lèpre à 23 ans en 1970. Il a offert ses souffrances pour que les jeunes de sa génération "connaissent Jésus et soient heureux". Aujourd’hui, sa tombe est devenue un lieu de pèlerinage, source de nombreuses conversions et guérisons. Il a également donné son nom à une école d’évangélisation créée en 2005.

1er octobre 1970, 00h15. Au cœur de la nuit tropicale, les cloches de la léproserie de la Dibamba, à l’ouest du Cameroun, sonnent à toute volée. Dehors, les malades chantent et dansent. À 23 ans, Robert Naoussi vient de rendre son âme à Dieu. “Sainte Thérèse de Lisieux est venue le chercher”, écrira par la suite le père Raymond qui l’a accompagné pendant sa maladie. Une liesse à l’image de tout ce que Robert a semé en ce lieu, où une paix inexplicable règne encore aujourd’hui. 

Robert Naoussi est né en 1947 au Cameroun dans une famille pauvre, d’un père polygame. À 7 ans, il demande le baptême au prêtre de la mission de son village. Sa ferveur étonne son entourage. C’est lui qui court sonner les cloches pour la prière. Il rêve d’entrer au séminaire mais son frère aîné s’y oppose. Envoyé au lycée loin de chez lui, il loge chez l’habitant. Le matin, quand il n’y a pas assez à manger, Robert donne souvent sa part au fils de son tuteur et part au lycée le ventre vide. 

Je vais donner ma vie pour qu’ils soient heureux. Ma maladie est mon instrument de travail pour débroussailler la route du ciel pour les autres.

La maladie se déclare vers l’âge 16-17 ans : c’est la lèpre lépromateuse, la forme la plus grave. Quelle épreuve pour Robert qui avait de si beaux projets ! Il est emmené à la léproserie de la Dibamba en mai 1969. Là, dépité, il demande à l’aumônier pourquoi il est là. “Il n’y a que Jésus qui peut te répondre”, lui dit-il. Pendant trois jours il prie, sans manger, ni boire, ni dormir. Et enfin comprend : “Je suis là pour que mes frères et sœurs connaissent Jésus !”. Ses neuf frères et sœurs se convertiront tous après son départ au Ciel. “À partir de ce moment-là, il ne s’est plus jamais plaint. Son “oui” était comme le fiat de Marie, un oui définitif, total et joyeux”, confie une religieuse qui connaît bien la Dibamba. 

Robert apprend un peu plus tard qu’il ne guérira pas. Pendant cette année de grandes souffrances, il prie pour les autres et accueille avec joie ceux qui viennent le voir. Le père Raymond lui lit la vie de sainte Thérèse de Lisieux : une “révélation” pour le jeune lépreux qui comprend qu’il peut être missionnaire avec sa souffrance. Ses copains ne connaissent pas Jésus, ils ont le cœur triste. “Je vais donner ma vie pour qu’ils soient heureux. Ma maladie est mon instrument de travail pour débroussailler la route du ciel pour les autres”, souffle le jeune homme dans la douleur. Il marque son entourage par son sourire et sa foi, vivant dans l’abandon les soins très douloureux. 

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Léproserie de la Dibamba (Cameroun).

Il s’éteint finalement le 1er octobre 1970. “Papa Louis” son infirmier jusqu’à la fin, n’a “jamais vu autant de souffrance”. “Le bon Dieu m’a donné le courage de travailler avec Robert. Il m’a dit un jour : ‘Je veux que Dieu ajoute encore de la douleur sur moi pour que la lèpre quitte ce monde’”. 

Robert a enseigné que la souffrance n’était pas due aux mauvais sorts comme on le pense parfois en Afrique. “Ici, c’est l’amour qui guérit” abonde sœur Marie-Pascale, carmélite missionnaire à la Dibamba dans un entretien de 2020. Entourés de tendresse et d’attention, les malades retrouvent une profonde confiance en Dieu. Comme Lylianne, qui depuis qu’elle prie Robert, a compris que la souffrance n’est plus un poids quand on l’accepte. Aujourd’hui, face aux difficultés, cette maman “demande au Seigneur” dans la paix “ce qu’il veut lui dire”.

Rayonnement

Le témoignage de Robert irradie dans tout diocèse de Douala et au-delà, comme en témoignent les nombreux pèlerins qui défilent chaque week-end sur sa tombe.Parmi eux, les jeunes de l’école d’évangélisation “Robert Naoussi” créée en 2005 sur l’inspiration du jeune lépreux et dont l’objectif est d’apprendre à faire de la souffrance un instrument d’évangélisation.“L’activité principale est la prière, surtout l’adoration”, explique le père Batoum, le fondateur de ce mouvement qui rassemble environ 50 jeunes et adultes. 

Le rayonnement de Robert dépasse les frontières : enseignante en théologie dans l’est de la France, Michèle Atlmeyer a été inspirée de le faire connaître à ses élèves, à qui elle a montré pendant vingt ans, la vidéo de son histoire avant les cours. “Les adolescents ne sont pas atteints de la lèpre mais connaissent d’autres lèpres, d’autres pauvretés, dont celle de ne pas connaître Dieu, d’être souvent privés du soutien de la foi”, souligne-t-elle. “Robert a débroussaillé la route de bien des ados que je lui présentais !”.

Le père Daniel Ange fit de Robert Naoussi le parrain de l’école d’évangélisation “Jeunesse Lumière”. Et dans son livre Les témoins de l’Avenir (éd. Le Sarment, Fayard 1986), Robert figure parmi les modèles de sainteté pour les jeunes. Toux ceux qui ont entendu le témoignage de Robert sont profondément bouleversés dans leur vie. Et attendent impatiemment qu’il soit présenté à la Congrégation pour la cause des saints.

Tags:
Camerounlepre
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