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Enfants et écrans : la perception erronée des parents par rapport à la réalité

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Mathilde de Robien - publié le 08/02/22
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Une étude réalisée par Ipsos pour l’Union nationale des associations familiales (Unaf) et l’Observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique (Open) et publiée le 7 février révèle combien les parents sous-estiment la (sur)consommation d’écrans de leurs enfants.

YouTube, Snapchat et TikTok, le trio vainqueur des confinements ? Ce sont en tout cas les trois plateformes les plus utilisées par les internautes, petits et grands, selon une récente étude sur les pratiques numériques des familles, menée sur 2.000 parents et 600 enfants de 7 à 17 ans. Depuis l’arrivée du Covid-19, le temps passé sur les écrans, aussi bien par les enfants que par les adultes, a explosé. 44% des parents et 53% des enfants déclarent avoir augmenté leur consommation d’écrans depuis le début de la pandémie. La tendance est particulièrement marquée chez les plus de 11 ans : ils sont 63% chez les 11-14 ans, et 64% chez les 15-17 ans à déclarer passer plus de temps devant les écrans, tablette en tête.

Et les enfants y sont exposés de plus en plus jeunes. En moyenne, ils reçoivent leur premier appareil numérique à 10 ans et demi, et regardent des contenus sur Internet dès le plus jeune âge. C’est un des chiffres les plus marquants de l’étude : selon les parents, 43% des 0-2 ans utilisent Internet. Une manière de les "occuper". Thomas Rohmer, fondateur et directeur de l’Open, déplore que l’écran devienne ainsi "la baby-sitter". Toujours dans cette tranche d’âge, 26% regardent des vidéos de courte durée, 24% des séries télévisées et 22% des films. Des chiffres qui progressent avec l’âge : 57% des enfants entre 3 et 6 ans utilisent Internet. Ils sont 85% entre 7 et 10 ans.

Des chiffres impressionnants, qui dépassent largement les préconisations des médecins. Rappelons que l’OMS recommande de bannir les écrans pour les enfants de moins de 2 ans et de limiter à une heure par jour leur usage entre 2 et 5 ans. Le psychiatre Serge Tisseron a quant à lui instauré la règle des 3-6-9-12, articulée autour des quatre étapes essentielles de la vie d’un enfant : l’admission en maternelle, l’entrée au CP, la maîtrise de la lecture et de l’écriture, et le passage au collège, en insistant notamment sur le fait d’éviter les écrans avant 3 ans.

Une perception erronée des parents

Autre élément marquant de l’étude : le décalage entre la perception des parents à propos de la consommation d’écrans de leurs enfants, et la réalité déclarée par ces derniers. Ainsi, 27% des parents déclarent que leur progéniture, âgée de 7 à 10 ans, se sert d'un smartphone, alors qu'ils sont en réalité plus d'un sur deux à les utiliser, sur leur propre support ou celui d'un membre de la famille.

Même constat sur la durée d’exposition : les 7-10 ans passent quasiment trois fois plus de temps sur un smartphone (1 heure et 26 minutes par jour) que ce que s'imaginent leurs parents (37 minutes).

Quant aux contenus visionnés, les parents déclarent que 49% des enfants regardent des vidéos de courte durée quand les enfants déclarent être 66% à le faire. Un quasi rapport du simple au double est mis en évidence lorsqu’il s’agit de regarder des films (37% vs 74%), ou des séries télévisées (32% vs 59%). Enfin, 9% des 7-10 ans se rendent sur les réseaux sociaux selon les parents alors que les enfants déclarent être 28 % à le faire !

L'institut de sondage note toutefois que "cet écart de perception a tendance à diminuer le week-end et pendant les vacances, ce qui montre que lorsque les parents sont présents ou non occupés, ils parviennent plus facilement à discerner la réalité des pratiques numériques de leurs enfants".

Peu de dialogue sur les contenus visionnés

Si les parents deviennent de plus en plus outillés pour réguler les pratiques numériques de leurs enfants (logiciel de contrôle parental, limitation en terme de durée et de téléchargement d'applications), ils ne portent que peu d'attention aux contenus qu'ils regardent. "Les échanges se concentrent principalement sur les règles et les solutions techniques, plus que sur le fond et sur les contenus", avancent les auteurs de l'étude.

Une vigilance que recommandent pourtant vivement bon nombre d'experts sur le sujet. "Le numérique est tombé sur la parentalité avec une rapidité fulgurante, constate Stéphane Blocquaux, docteur en sciences de l’information et auteur de Le biberon numérique. "En quelques années seulement, la parentalité s’est faite surprendre et a un métro de retard dans la gestion des outils numériques à la maison. Parents, il y a urgence à aller à la rencontre du monde virtuel dans lequel évoluent vos enfants", exhorte-t-il, avant de plaider pour une véritable éducation au virtuel. En ce sens, Serge Tisseron engage aussi à accompagner ses enfants, en s'intéressant de près à ce qu'ils font sur Internet, à ce à quoi ils jouent. Si les parents montrent qu’ils s’y intéressent, leur avis aura d'autant plus de poids pour en limiter l’usage. Concernant les jeux vidéos, le pire, selon lui, serait de décréter que "c'est de la connerie". 

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