Les anges occupent une place importante dans les fêtes de Noël, et leur présence nous est devenue habituelle. De la Genèse à l’Annonciation jusqu’à la Nativité, les figures ailées et amicales peuplent l’imaginaire chrétien. Ils sont également présents dans de nombreux chefs-d’œuvre de l’histoire de l’art, de Giotto à Arcabas. Mais que savons-nous réellement des anges ? Tout le monde s’accordera à dire que ce sont des créatures spirituelles qui ne sont pas sujettes à la mort. Mais encore ? Peut-on les voir ? Combien sont-ils ? Peuvent-ils agir dans notre monde matériel ? Comment peuvent-ils communiquer avec nous ? Dès que l’on tente de mieux cerner la nature angélique, celle-ci semble se retirer dans la nuée. Saint Augustin, saint Bonaventure, saint Thomas d’Aquin et bien d’autres ont chercher à éclairer ce mystère.
Géographie angélique
Dans un livre récent intitulé avec facétie Les anges savent-ils compter ? (Ars Dogmatica), le P. Jean-Robert Armogathe parcourt la réflexion chrétienne des siècles passés, et nous offre ainsi une esquisse de ce que nous pouvons connaître des anges. Nous voici introduits dans une géographie angélique dont les lois et règles diffèrent profondément de celles de notre monde matériel. Et l’étude de cet univers a d’ailleurs incidemment permis aux savants de l’époque moderne de réaliser d’importante avancées, par exemple pour mettre en évidence la réalité du vide.
L’activité principale des anges est de chanter la louange de Dieu, ce qu’ils font notamment autour de la crèche lors de la naissance de Jésus, allant jusqu’à réveiller les bergers alentours. Certains anges ont un rôle particulier. Ainsi l’ange Gabriel qui fait l’annonce à Marie de la venue du Sauveur, ou les anges effrayants de l’Apocalypse. L’archange Michel, qui combat Satan, et les anges gardiens attachés à nos pas en sont d’autres figures.
Entourés de la puissance divine
L’espace dans lequel vivent les anges n’est pas le nôtre : ils vivent dans le "ciel empyrée", ce qui veut dire littéralement "entourés de la puissance divine qui les éclaire et les illumine". C’est là aussi le lieu des âmes des bienheureux qui attendent la résurrection. Ils ne sont pas sujets à la mort comme les humains, et vivent dans une "éviternité", du latin aevum, une durée qui a un commencement mais pas de fin. Dieu, lui, est éternel, il n’a ni commencement ni fin. Les anges ont aussi un langage, par lequel ils communiquent entre eux, et peuvent même s’adresser à nous. Mais comme ils sont d’emblée dans la vérité, ils ne peuvent mentir, ni argumenter, ni discourir. Et aucun problème mathématique ne saurait non plus leur résister, ce qui fera rêver plus d’un écolier.
Si le monde des anges n’est pas le nôtre, il ne nous est pas non plus étranger, et croise nos chemins chaque jour pour nous ramener à la contemplation divine. Et si, comme le disait le poète Rilke, "Tout ange est terrible", l’ange est aussi le consolateur et le défenseur de l’âme.
Jean-Robert Armogathe, Les Anges savent-ils compter ?, Éditions Ars Dogmatica, septembre 2021, 18 euros.