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Pour le pape François, Mgr Aupetit a été victime des “rumeurs”

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I.Media - publié le 06/12/21
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"J’ai accepté la démission d’Aupetit non pas sur l’autel de la vérité, mais sur l’autel de l’hypocrisie", a déclaré le pape François dans l’avion qui le ramenait à Rome après son voyage à Chypre et en Grèce, le 6 décembre 2021.

Mgr Michel Apetit, ancien archevêque de Paris, a été victime de "rumeurs" qui ont détruit sa réputation et qui l’ont empêché de gouverner, a indiqué le pape François dans l’avion qui le ramenait à Rome après son voyage à Chypre et en Grèce, ce lundi 6 décembre. "C’est une injustice", a-t-il déploré.

Sans donner d’explication, le pape François avait accepté la démission de Mgr Michel Aupetit du poste d’archevêque de Paris, le 2 décembre dernier. Ce dernier lui avait remis sa charge après la parution le 22 novembre d’un article de l’hebdomadaire Le Point rapportant notamment que le prélat aurait entretenu une liaison avec une femme en 2012 et pointant du doigt sa gouvernance. Interrogé dans l’avion par des journalistes sur sa décision, le pape François a pris le temps d’exprimer son indignation sur la façon dont les choses se sont déroulées.

"Mgr Aupetit est pécheur. Je le suis… comme l’a été Pierre"

Le chef de l’Église catholique a commencé par dire ne pas savoir exactement ce "qu’a fait Mgr Aupetit de si grave" pour que ce dernier en vienne à lui remettre sa démission. "Si nous ne connaissons pas la cause, nous ne pouvons pas condamner. Quelle a été la cause ? Qui le sait ?", s’est-il interrogé devant les journalistes, leur demandant de faire l’enquête. Puis il a affirmé que c’était "l’opinion publique" et la "rumeur" qui avaient condamné l’archevêque de Paris.

Il est ensuite revenu sur les accusations rapportées sur Mgr Aupetit, "une faute contre le 6e commandement ("Tu ne commettras pas d'adultère", ndlr), pas de façon totale, mais des petites caresses, des massages qu’il faisait à sa secrétaire. C’est ça l’accusation. C’est un péché. Mais cela n’est pas un des péchés les plus graves, parce que les péchés de la chair ne sont pas les plus graves, a-t-il insisté.

"Mgr Aupetit est pécheur. Je le suis… comme l’a été Pierre, l’évêque sur lequel Jésus Christ a fondé l’Église", a alors souligné le 266e pape. Et de s’interroger de nouveau : "Comment la communauté de cette époque a-t-elle pu accepter un évêque pécheur ?"

J’ai accepté la démission de Mgr Aupetit, non pas sur l’autel de la vérité, mais sur l’autel de l’hypocrisie .

Car, pour le Pape, "une Église normale" doit être habituée à se sentir toujours pécheresse. "C’est une Église humble". Il a alors fustigé les situations où "nous faisons semblant de dire : “mon évêque est un saint”".

Pour clore sa réponse, le Pape a résumé sa position. "Quand la rumeur grandit, grandit… elle détruit la réputation d’une personne [qui] ne pourra plus gouverner ». Une telle situation relève pour lui d’« une injustice", "parce que sa réputation est détruite, non pas pour son péché […] mais par la rumeur". Et de conclure par cette formule lapidaire : "C’est pourquoi j’ai accepté la démission de Mgr Aupetit, non pas sur l’autel de la vérité, mais sur l’autel de l’hypocrisie".

La réponse intégrale du pape François sur la démission de Mgr Aupetit

Pape François : Sur le cas Aupetit. Je me demande : mais qu’est-ce qu’a fait Aupetit de si grave qu’il a dû donner sa démission. Qu’a-t-il fait ?
La journaliste du Monde, Cécile Chambraud : Je ne sais pas.
Pape François : Si nous ne connaissons pas la cause, nous ne pouvons pas condamner.  Quelle a été la cause ? Qui le sait ? C’est laid non ?
La journaliste du Monde, Cécile Chambraud : Il y a-t-il eu des problèmes de gouvernance ou d’autres choses ?
Pape François : Avant de répondre, je dirai : faites l’enquête. Faites l’enquête. Parce qu’il y a le danger de nous dire “il a été condamné”. Qui l’a condamné ? C’est l’opinion publique, c’est la rumeur. Mais qu’a-t-il fait ? Nous ne savons pas, quelque chose. Si vous savez pourquoi, dites-le. Sinon je ne peux pas répondre. Vous saurez pourquoi.
Parce qu’il il y a eu une faute de sa part, une faute contre le 6e commandement, pas de façon totale, mais des petites caresses, des massages qu’il faisait à sa secrétaire. C’est ça l’accusation. C’est un péché.
Mais cela n’est pas un des péchés les plus graves, parce que les péchés de la chair ne sont pas les plus graves. Les péchés les plus graves sont ceux qui ont le plus d’angélisme. La superbe, la haine… ceux-là sont les plus graves.
Aupetit est pécheur. Je le suis… comme l’a été Pierre, l’évêque sur lequel Jésus Christ a fondé l’Église. Comment la communauté de cette époque a-t-elle pu accepter un évêque pécheur ? Et celui-là avait fait des péchés sans angélisme, celui de renier le Christ.
Mais c’est une Église normale, elle était habituée à se sentir toujours pécheresse, tous. C’est une Église humble. Cela se voit que notre Église n’est pas habituée à avoir un évêque pécheur, nous faisons semblant de dire “mon évêque est un saint”. Non, ce chapeau rouge. Nous sommes tous pécheurs. 
Quand la rumeur grandit, grandit… elle détruit la réputation d’une personne, il ne pourra plus gouverner. Parce que sa réputation est détruite, non pas pour son péché – qui est péché, comme celui de Pierre, comme le mien, comme le tien, c’est un péché – mais à cause des rumeurs des personnes responsables de raconter les choses.
L’homme dont on a détruit publiquement la réputation de cette façon ne peut pas gouverner. Et cela c’est une injustice. C’est pourquoi j’ai accepté la démission d’Aupetit, non pas sur l’autel de la vérité, mais sur l’autel de l’hypocrisie.

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