Les pierres les plus fines sont rapidement devenues dans l’histoire de l’humanité symbole de pouvoir et d’autorité du fait de leur rareté et de leur prix. Aussi n’est-il pas étonnant que parmi les plus riches présents apportés par la reine de Saba au roi David figurent, précise le récit biblique, en première place les pierres les plus précieuses de son pays :
Quelle place tiennent ces trésors terrestres sur un plan divin ? Ce qu’il y avait de plus rare et de plus riche constituait toujours un cadeau de prix au détenteur du pouvoir. Aussi le scintillement de ces gemmes uniques symbolisait-il la lumière provenant de celui-là même qui exerçait la fonction royale. Ceci explique le présent mythique de la reine de Saba. Par son abondance et rareté, il souligne l’importance qu’elle accordait au roi David qui à son pouvoir terrestre superposait une autre dimension, celle-ci toute spirituelle. Cette dimension se retrouve, bien sûr, également dans l’or, qui par son éclat à nul autre pareil, sa rareté et son caractère inaltérable se place avant ou vient sertir les pierres précieuses. Ainsi, parmi les présents apportés par les rois mages à Jésus nouveau-né dans la crèche figure en première place l’or, symbole de lumière et de royauté nous précisent les Évangiles :
La Bible abonde de références aux pierres précieuses afin de souligner l’incomparable lumière divine. Parmi ces dernières, le saphir semble, de par sa couleur, s’imposer comme la pierre précieuse du firmament.
Le saphir, pierre très dure, se caractérise en effet par sa couleur et sa transparence bleutée. C’est ainsi la pierre du firmament et des trônes dont la pureté demeure extraordinaire, ce que confirme également le prophète Ezéchiel lorsqu’il perçoit la gloire du Seigneur :
Ce thème de la cité céleste où trône le Seigneur dans une lumière minérale se retrouve également chez le prophète Isaïe qui promet au peuple exilé une Jérusalem nouvelle reposant sur les pierres les plus précieuses, allégorie de la foi au Dieu d’Israël :
Cette vision des biens les plus précieux issus des profondeurs de la terre servant la représentation de la gloire rayonnante de Dieu dans le ciel trouve enfin sa consécration symbolique la plus puissante dans l’Apocalypse de saint Jean. L’apôtre y décrit avec poésie la Jérusalem céleste, lumière céleste resplendissante telle une pierre très précieuse :
Saphir, jaspe, calcédoine, émeraude, sardoine, cornaline, chrysolithe… et autres pierres précieuses qui ornent les douze portes de la Jérusalem céleste soulignent l’extraordinaire rayonnement de la lumière divine.
Lumière divine, le scintillement des pierres les plus précieuses doit également rayonner sur le représentant du Seigneur lors des liturgies. Aussi Aaron, le grand prêtre, se devait-il de porter un pectoral, grande plaque portée sur la poitrine ornée de pierres précieuses, dont les soins apportés à sa fabrication par les plus grands artisans témoignent de son importance :
Ici, sardoine, topaze, émeraude, saphir, jaspe, agate, améthyste et autres pierres précieuses représentent les douze tribus d’Israël, des joyaux chargés de faire resplendir la gloire de Dieu. Nous retrouvons aujourd’hui toute cette puissante valeur symbolique des pierres précieuses par leur présence sur certains objets liturgiques, et plus modestement leurs incomparables couleurs dans les diverses parures liturgiques.