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Mais que font ces béquilles suspendues aux murs de certaines basiliques ?

Des béquilles sont suspendues dans une chapelle latérale de la basilique Notre-Dame de Verdelais en guise d'ex voto (Gironde).

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Mathilde de Robien - publié le 20/08/21
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Une ancienne tradition consistait à offrir à la Vierge Marie ou à un saint les béquilles qui soutenaient un malade ou un infirme une fois que ce dernier avait été guéri par son intercession.

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Pour un visiteur non averti, la suspension de béquilles sur les murs d’une église a de quoi surprendre. Pourtant, cette ancienne tradition est répandue dans le monde entier. De la Pologne au Canada, en passant par la France, de nombreux sanctuaires abritent des béquilles, cannes ou attelles déposées par des malades en signe de remerciement, après avoir obtenu une grâce de guérison, physique ou morale. Ils offraient ainsi les instruments dont ils n’avaient plus l’utilité, preuve manifeste de leur guérison. Une coutume déjà pratiquée pendant l’Antiquité, vis-à-vis des divinités, et perpétuée par le christianisme, notamment envers la Vierge Marie.

Dès le Moyen Âge, le livre des miracles du sanctuaire marial de Rocamadour, rédigé en 1172, fait état de plusieurs infirmes guéris repartis sans leurs béquilles. Mais c’est au XIXe, avec le développement du culte marial, que la coutume se répand. Le sanctuaire de Lourdes possède ainsi une belle collection de vieilles béquilles. Les cartes postales de l’époque les montrent accrochées le long de la paroi de la grotte de Massabielle.

À Douvres-la-Délivrande, sanctuaire marial dans le Calvados, Jules Massé (Le Mois de Marie, 1864) observait qu’il y avait tant d’offrandes devant la statue de la Vierge qu’on ne pouvait plus y admettre "les cannes et les béquilles de tous les malades qu’elle a fait miraculeusement marcher". Le sanctuaire de Verdelais (Gironde) en a également conservé une douzaine dans une chapelle latérale de la basilique dédiée à Marie Consolatrice des affligés. À propos du sanctuaire marial Notre-Dame de Laghet, dans le diocèse de Nice, l’auteur de la Notice historique écrivait en 1869 "qu’on ne peut qu’être frappé de dévotion et d’étonnement lorsqu’on voit de tous côtés des cannes et des béquilles (…) qui attestent le souverain pouvoir de la Vierge, en rappelant les infirmités guéries".

En Pologne, au sanctuaire de Jasna Góra à Czestochowa, - celui qui abrite la Vierge de Czestochowa, l’icône de la Madone Noire, - des dizaines de béquilles et des centaines d’ex voto en forme de cœur sont suspendues dans la nef droite de la chapelle de l’image miraculeuse. Tout a commencé le 22 juin 1980, lorsqu’une femme, Kazimiera Wiącek, de Lublin, atteinte de paralysie d’un nerf du pied gauche dont l’unique solution était l’amputation du pied, se rend en pèlerinage à Jasna Góra et prie toute une matinée devant la Vierge Noire. À 13 heures, au moment de la fermeture de la basilique, rien ne s’était passé. Les larmes aux yeux, elle dit à sa sœur : "Regarde, ils ont voilé la Mère de Dieu et elle m’a laissée avec mes béquilles !". Soudain, elle ressent une montée de force, son pied contracté se rectifie. Elle pose ses béquilles contre un pilier et s’approche seule de l’autel pour déposer un collier en guise d’ex voto. Deux semaines plus tard, complètement guérie, elle revient au monastère offrir ses béquilles de bois.

Mais la Vierge Marie n’est pas la seule à être remerciée. Sainte Geneviève et sainte Anne ne sont pas en reste. En 1861, le Dictionnaire de la conversation et de la lecture signalait que les murs de la basilique Sainte-Geneviève, à Paris, étaient "couverts d’ex-voto, de cannes ou de béquilles". Dans la chapelle de Sainte-Anne-la-Palud, près de Plonévez-Porzay (Finistère), Gustave Geffroy signalait (La Bretagne, 1905) que près de "la statue en granit de sainte Anne sont des ex-voto pendant à la muraille, cannes, béquilles, chiffons…". Au Canada, le sanctuaire sainte Anne de Beaupré, dédié également à la mère de la Vierge Marie et réputé pour ses guérisons miraculeuses, conserve encore aujourd’hui des colonnes de béquilles, d’atèles et de cannes offertes par les fidèles.

Aujourd'hui, si les béquilles ne sont plus guère déposées dans les sanctuaires, ces derniers n'en demeurent pas moins les témoins de nombreux miracles. En juin dernier, le père Millet, recteur du sanctuaire de Rocamadour, témoignait auprès d'Aleteia : "Ici, on est habitué aux miracles. Tous les jours, on en constate".

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