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Meurtris par quatre fausses couches, ils accueillent leur « bébé miracle » après un pèlerinage à Cotignac

Jeanne et Jean Bodet - Bébé Cotignac

Jeanne et Jean Bodet

Lauriane Vofo Kana - publié le 30/07/21

Jeanne et Jean Bodet ont rencontré le 19 mars 2021 leur petite Suzanne Joséphine. Un clin d’œil au père nourricier de Jésus à qui ils s’étaient confiés neuf mois plus tôt, au sanctuaire de Cotignac, dans le Var. Avant d’accueillir leur fille, ce sont quatre enfants qu’ils n’ont pas pu serrer dans leurs bras. Un itinéraire où douleur et gratitude se mêlent.

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Par cette matinée de juillet, Suzanne Joséphine, se fait entendre. Des pleurs, certes, mais une voix que ses parents Jeanne et Jean Bodet se languissaient de pouvoir entendre. La naissance de leur fille le 19 mars 2021, jour de la saint Joseph ? « Une grâce », disent-ils en chœur, pas une coïncidence. C’est au retour d’un pèlerinage à Cotignac (Var), qu’ils apprennent que Jeanne est enceinte pour la cinquième fois.

Avec des amis qui habitent non loin d’un lieu d’apparition de saint Joseph et un parrain investi dans un sanctuaire dédié au saint, on pourrait croire que la figure discrète du charpentier leur était familière. Que nenni ! « On n’avait aucune dévotion pour saint Joseph au début de notre mariage », reconnaissent-ils. Une figure biblique connue mais pas de lien privilégié avec les amoureux.

C’est pendant leurs années de fac que le couple se forme. « On avait des amis en commun et c’est par ce biais-là qu’on s’est rencontré ». Fiancés à 23 ans, ils se marient en 2017, l’année de leurs 25 ans. « On était ouverts à la perspective d’accueillir un enfant. Il n’y avait pas d’urgence mais pas de raison d’attendre non plus. »

Un mois après leurs noces, Jeanne est enceinte. « On était à la fois surpris et très heureux. » Une pointe d’angoisse subsiste : « Jeanne venait de terminait ses études, elle n’avait pas encore de travail… » Le premier trimestre arrive, le couple fait connaître la nouvelle à ses proches. Puis un jour : « Nous avons perdu notre bébé, à la maison. J’ai fait une fausse couche tardive », raconte Jeanne. À ce moment, médecins, familles ou gynécologue : personne n’est alarmé. « C’était difficile, mais on arrivait à l’exprimer, à en parler, beaucoup. »

Le couple ne se replie pas sur lui-même malgré la peine. « On était très présent pour nos amis ! On a fait beaucoup de choses, notre maison était tout le temps ouverte… Dans la mesure où on a perdu notre enfant très tôt dans notre mariage, on n’avait pas d’inquiétude. C’était davantage une douleur. » Le duo se rend disponible l’un pour l’autre afin de faire ce deuil. Lui ancien enfant de chœur et elle ancienne scoute, ils se reposent aussi sur leurs proches pour vivre « [leur] première épreuve. »

Un chemin de croix

Sept mois après la fausse couche, Jeanne retombe enceinte. Le couple est suivi par ailleurs pour s’assurer que tout va bien. « On avait repéré pendant les examens des soucis à la thyroïde notamment. Mais rien qui empêche une grossesse. » Un mois plus tard, ils perdent à nouveau leur bébé. « C’était très dur et à mesure que le temps avançait colère, incompréhension et jalousie se mêlaient ».

Il devient alors de plus en plus difficile de se réjouir pour les autres. « Je me rappelle avoir discuté avec une de mes sœurs qui venait d’avoir un bébé. Il était né un mois avant la date à laquelle notre fils aurait dû naître », décrit Jean amer. Viennent aussi les questions qui déchirent leur cœur : « Pourquoi pas nous ? On a tout fait d’un point de vue personnel, affectif, médical. Pourtant, on n’y arrive pas. »

Jeanne et Jean accueillent de nouveau la vie mais cette grossesse aussi ne va pas jusqu’au terme. « Après chaque douleur on priait ensemble mais on n’avait pas cette intimité avec Dieu dans la prière personnelle ou commune. Si on continuait à aller à la messe, c’était de l’ordre de la tradition. »

On a eu l’impression de prendre dix ans de mariage d’un coup, parce qu’on a très vite vécu des épreuves.

À la fatigue physique s’ajoute une fatigue émotionnelle, psychologique. « J’étais à bout, dit Jeanne en se remémorant cette période. J’avais l’impression d’être un zombie. Mais je ressentais intimement que la prière des autres nous soutenait. » Chaque annonce de grossesse se transforme pourtant en coup de poignard. « On s’en voulait d’en vouloir à nos connaissances, même si on savait qu’ils n’y étaient pour rien. On a partagé le même fond de souffrance que des amis qui étaient célibataires et qui voyaient leurs proches se marier. » Le couple veut malgré tout continuer à vivre : « On s’est dit que notre fécondité ne serait pas visible à travers des enfants ou peut-être pas nos enfants naturels. Et on commençait à chercher où trouver notre bonheur et notre équilibre. »

En mai 2020, Jeanne est de nouveau enceinte. Mais ce genre de nouvelle est devenu une source d’angoisse. Nouvelle fausse couche. « Le dernier rendez-vous avec le médecin qui nous suivait a été un coup de massue. Elle m’a dit : “Écoutez on va parler de PMA et de FIV, vous irez en Espagne. Sinon, ça ne marchera pas”. C’était une très bonne technicienne mais ce n’était pas ce qu’on voulait », reconnaît Jeanne.

Un pèlerinage pour s’ouvrir à la grâce

Le couple s’entoure d’amis et l’un d’eux, qui doit se rendre à Cotignac, les invite. « Lui avait une dévotion pour saint Joseph, se rappelle Jean. Il a dit : “Ça vous fera un week-end dans le sud et vous pourrez confier votre souffrance” ». Mais plus facile à dire qu’à faire. La voiture de Jean a un problème puis Jeanne a des difficultés pour poser ses congés, comme si « les éléments se déchaînaient ». Le groupe de copains prend finalement la route. « On y allait plutôt pour Notre-Dame de Grâces et le sanctuaire de la Sainte-Baume. On voulait y faire le chemin de la consolation où on peut confier tous les bébés morts in utero. »

saint joseph de cotignac
Saint-Joseph de Cotignac.

Pendant deux jours, ils cheminent entre la Sainte-Baume, le sanctuaire Notre-Dame de Grâces et saint Joseph du Bessillon. « On peut déposer une lettre à saint Joseph, là-bas. Et puisqu’on nous avait dit qu’il fallait être très précis et très concret dans notre demande, on a demandé d’avoir un enfant en bonne santé. » Ces quelques jours de pèlerinage vont laisser une profonde empreinte sur le couple. « Pendant la marche, j’étais en pleurs. J’ai déposé tout mon fardeau », raconte Jean. C’est d’abord le cadre qui touche Jeanne : « Le lieu de pèlerinage, l’intimité avec Marie, à Notre-Dame de Grâces, avec saint Joseph au Bessillon : ça m’a bouleversée. J’avais le sentiment de remettre tout mon paquet de douleurs. »

Cheminer avec saint Joseph

C’est renouvelés qu’ils rentrent chez eux. « On s’est dit qu’on allait se remettre à confier toutes nos souffrances, nos incompréhensions. On a formé notre prière répétitive. Et tous les soirs, c’était d’abord une dizaine de chapelet, quelques intentions, puis une autre dizaine… On invoquait nos saints patrons et tous les saints qui avaient traversé notre histoire. » Ils ajoutent à ce petit rituel une prière pour demander à saint Joseph la grâce d’avoir un enfant.

Quelques semaines plus tard, le couple apprend que Jeanne est enceinte. Si elle se sent bien, une question hante leur esprit : « Combien de temps ça va durer ? » Pendant un repas familial, le frère de Jeanne prévient Jean qu’elle saigne abondamment. « Sa mère nous a conduits à l’hôpital le plus proche. Moi, je pensais que c’était une autre fausse couche », admet Jean. Mais sur place, ils apprennent que c’est dû à un décollement du placenta. La future maman doit limiter ses mouvements et proscrire tout déplacement.

La fin de l’été passe et le couple retourne en région parisienne. Ils continuent à dire la prière de saint Joseph. « On a changé la phrase “obtenez-nous la grâce de participer au don de la vie, de sorte que nous puissions voir dans l’enfant qui nous sera accordé” pour utiliser le présent de l’indicatif . » Et compte tenu de leurs antécédents, ils sont suivis pour grossesse à risque. « On était très soudés. La foi et la confiance en Dieu nous soutenaient. Jean m’apportait la communion puisque je ne pouvais plus me déplacer pour aller à l’église. De mémoire, on n’a jamais autant prié. »

On avait besoin de prier, on avait besoin de l’intercession des saints. C’était fou, on ressentait la proximité de Dieu dans ce moment.

Jeanne est hospitalisée pour risque d’accouchement prématuré à cinq mois de grossesse. Et malgré la distance, le couple demeure en union de prière. Décembre, Noël, l’année touche bientôt à sa fin. « On n’était pas maîtres à bord, on savait que cet enfant était vraiment un don de Dieu », se souviennent-ils.

Jeanne est transférée dans une autre maternité, elle perd du poids mais les jours passent et chaque mois qui se termine est une victoire. Ce qui lui permet de rentrer dans leur foyer. Le 13 mars, la date du terme, arrive et pas de signe de bébé. Le 18, l’accouchement est déclenché. Une première péridurale ne fonctionne pas, la maman est nauséeuse puis d’autres complications se profilent mais leur fille pointe le bout de son nez. « J’ai levé la tête vers l’horloge et on était le 19 mars 2021 », se remémore la jeune maman. Suzanne Joséphine vient de naître.

C’est le temps des coups de fil pour partager l’heureuse nouvelle. « C’est grâce à ma sœur et à ma mère qu’on a réalisé que c’était le 19 juin, neuf mois jour pour jour avant la naissance de Suzanne, qu’on avait déposé notre lettre à Cotignac . » Les jeunes parents rentrent à la maison pleins de gratitude. Ils se mettent en tête d’aller déposer un ex-voto dans le sanctuaire où ils avaient demandé la grâce d’accueillir un enfant. « On s’est dit qu’il fallait absolument qu’on y retourne pour rendre grâce. Pour remercier saint Joseph et pour témoigner auprès de tous les pèlerins à venir de ce miracle. »

Ils ont vu l’ouverture de l’année saint Joseph comme un énième clin d’œil du père de Jésus dont il souhaite répandre la dévotion. « On a eu la grâce de ne pas douter de saint Joseph. Mais je comprends très bien les gens qui peuvent douter. Des gens qui attendent 2, 3, 5, 10 ans voire 15. Qui attendent parfois toute une vie pour être exaucés et pas de la manière qu’ils attendaient », explique Jean. Malgré tout, « aucune prière n’est vaine, complète Jeanne. Peut-être est-ce quelqu’un d’autre dans le monde qui a reçu des grâces supplémentaires ? C’est ce que je me dis toujours. »

Si Dieu a répondu à leur prière comme ils le désiraient, ils veulent désormais lui rendre témoignage. « On a reçu un vrai cadeau et une mission : faire fructifier ce miracle. On n’en est pas propriétaire. C’est notre histoire mais c’est surtout l’histoire de Dieu, de son action dans nos vies et elle arrive à tous. Elle arrive à tous, simplement à des occasions différentes. »

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