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Pascal Ide : “Les couples saints ? Ce sont d’abord des couples amoureux”

Père Pascal Ide

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Mathilde de Robien - publié le 22/06/21
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Dans son dernier ouvrage, le père Pascal Ide, prêtre du diocèse de Paris et membre de la Communauté de l’Emmanuel, rassemble correspondances et anecdotes tirées de la vie de couples canonisés (ou canonisables) contemporains, et en souligne remarquablement les points communs. Entretien.

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Véritable guide de sainteté pour les couples, Sacrés couples ! (Editions Emmanuel) invite les époux à découvrir et pourquoi pas, imiter, les saints couples qui ont marqué notre époque. Louis et Zélie Martin, Baudouin et Fabiola de Belgique, Félix et Élisabeth Leseur, Raoul et Madeleine Follereau, Frédéric et Amélie Ozanam, Maria et Luigi Quattrocchi, Zita et Charles de Habsbourg, Cyprien et Daphrose Rugamba, Fani et Franz Jägerstätter… Tous invitent à vivre l’amour de Dieu, l’amour des autres, l’amour dans les épreuves… et surtout, l’amour conjugal. Le père Pascal Ide aime en effet à souligner que les saints couples sont avant tout des couples amoureux, et que la plus haute sainteté est possible dans le mariage.

Aleteia : Comment l’idée de ce livre vous est-elle venue à l’esprit ?
Pascal Ide : Ce livre fait suite à une conférence, Saintes Familles, donnée en février 2020 à la paroisse Saint-François-Xavier, où je suis vicaire. Et c’est en lisant toutes ces biographies de couples canonisés ou canonisables pour préparer la conférence que des convergences m’ont sauté aux yeux. J’ai réalisé que systématiquement ces couples avaient une compassion active et généreuse envers les déshérités. Cela m’a bouleversé ! Leur amour est tellement grand qu’il ne peut pas ne pas déborder vers les autres.

Autre belle découverte : ce sont tous des couples amoureux, même après de nombreuses années de mariage. Ce fut pour moi l’une des découvertes les plus réjouissantes. En découvrant toutes ces convergences, la structure du livre est née d’elle-même. Et aujourd’hui, si nous avons de plus en plus de biographies sur ces couples, elles ne montrent pas les points communs. On pourrait prendre comme exemplaire ce qui finalement n’intéresse qu’un couple donné.

Nous avons un peu l’image du couple saint qui serait comme deux moines en robe de bure, logeant chacun à un bout de la maison ou de l'appartement, et mettant toute leur énergie à se dévouer aux bonnes œuvres !

Quels sont justement ces points communs entre ces saints couples ?
Quatre ont particulièrement retenu mon attention, et ont décidé du plan du livre : l’amour très incarné entre les époux, l’amour de Dieu, la compassion pour les plus déshérités et l’amour à travers les épreuves. Si l’amour des saints époux pour Dieu n’est pas une trouvaille, découvrir qu’ils étaient des couples qui s’aimaient et qui se le disaient est profondément touchant. Car nous avons un peu l’image du couple saint qui serait comme deux moines en robe de bure, logeant chacun à un bout de la maison ou de l'appartement, et mettant toute leur énergie à se dévouer aux bonnes œuvres ! Mais leur vie et leur abondante correspondance manifestent de manière concrète leur amour. Les lettres des époux Quattrocchi sont pleines de cet amour érotique, eros, encore enflammé de désir : « Mon bel amour, je te remercie infiniment pour le bien que tu as fait à mon âme et je voudrais que tu puisses boire toute entière cette âme par le baiser ardent que je te mets ici » (Lettre à Luigi, 5 août 1905). Sacrés couples ! permet ainsi de tordre le cou aux idées reçues : les couples saints ne sont pas désincarnés, comme des anges sur la terre, ils ne sont pas non plus parfaits ! La sainteté n’est pas la perfection. Ils cheminent de leurs imperfections, de leurs fragilités, vers un plus grand consentement à leur faiblesse devant Dieu.

Quelles sont les autres caractéristiques de ces « sacrés » couples ?
On retrouve chez eux une vraie réciprocité, un amour mutuel. Ils entretiennent un amour de don, c’est-à-dire qui va jusqu’à l’offrande de soi. Un amour qui donne la primauté à Dieu. Ce sont aussi des couples qui ont connu l’épreuve et l’ont traversée. Ce ne sont pas des couples qui ont été épargnés. Trois des couples que je cite n’ont pas eu d’enfant (Baudouin et Fabiola de Belgique, Raoul et Madeleine Follereau, Félix et Elisabeth Leseur). Ils vivent cette souffrance profondément liés au Christ et arrivent à en faire un lieu de fécondité. Les Follereau auront 15 millions d’enfants dans le monde et seront attentifs à chacun. Les épreuves ont élargi le cœur de ces époux. Et ça, c’est assez admirable.

Une des grandes forces de ces couples est enfin leur capacité à pardonner "du fond du cœur" (Mt 18, 35). L’exemple le plus frappant est sans doute celui de Cyprien et Daphrose Rugamba. Cyprien a trompé sa femme et Daphrose, sans l’humilier, lui pardonne du fond du cœur. Lui fait le geste de reconnaître ses fautes, mais il est important de noter qu’elle lui a pardonné avant même qu’il ait reconnu ses fautes. Elle n’a pas attendu. Elle n’a pas fait de son retour la condition de son pardon. C’est cela, le pardon chrétien. Pardonner "du fond du cœur", comme Dieu nous a pardonnés.

Sont-ils vraiment imitables aujourd’hui ?
J’invite à discerner le fil d’or et le fil d’argent. Le fil d’argent, c’est ce qui est propre à chaque couple – tout le monde n’est pas appelé à vivre comme Zita de Habsbourg, veuve pendant 72 ans, ceci est propre à sa sainteté à elle. Le fil d’or, c’est ce qui est commun à ces couples saints et qui doit être imitable. Cela se résume aux vertus théologales : leur foi indéfectible en Dieu, leur espérance inamissible et leur charité donnée. Benoît XVI écrit dans son encyclique Deus caritas est : « Les saints sont les vrais porteurs de lumière dans l’histoire, parce qu’ils sont des hommes et des femmes de foi, d’espérance et d’amour ». Sans oublier leur humilité, la porte d’entrée. C’est ça, qui est vraiment imitable.

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